Le Quotidien ne devrait pas paraître ce mercredi 14 juillet. Le jeudi 15 non plus. Pour cause de jour férié. Les négociations avec la direction sont au point mort, et on ne négocie pas un 14 juillet... Pour rappel, les journalistes (mais aussi les services de la pub, et les administratifs) réclament une revalorisation salariale, partant du constat que le groupe Quotidien -qui comprend de nombreuses sociétés oeuvrant dans les domaines les plus divers- fait de très gros bénéfices, alors qu'on leur renvoie à la figure la baisse des ventes et la crise de la presse écrite pour refuser toute augmentation de salaire, toute prime, enfin, tout ce qui à un rapport, même lointain, avec de l'argent.
Petite précision à l'intention des lecteurs mal informés : journaliste, c'est un boulot mal payé. Même si le Quotidien paie correctement ses salariés par rapport à la presse départementale française, et par rapport, ici, au Journal de l'île de la Réunion. Mais le Jir n'est pas un exemple dans la profession. Journaliste, c'est un boulot qui n'a pas d'horaires, des permanences de nuit (notamment pour les photographes et les faits-diversiers), des week-end d'astreinte. Bon, ce n'est pas le bagne non plus. Mais disons que la reconnaissance de son travail a un sens dans ce genre de travail pas très bien payé. Or, depuis quelques années, la reconnaissance du travail des journalistes n'existe plus au Quotidien. Un banquier qui ne connaît rien à la presse a été embauché comme directeur. La direction à le nez plongé dans les comptes, la pub, le marketing... Ce qui explique sans doute l'explosion d'une colère qui couvait depuis pas mal de temps. Et cette grève, suivie par la quasi totalité de la rédaction, une première depuis 1982.
Face aux demandes de revalorisations salariales, Thierry Benbassat dit simplement non. Et le fondateur et patron du Quotidien, Maximin Chane-Ki-Chune, que Le Monde avait surnommé il y une vingtaine d'années "le citizen Kane réunionnais" (et Tillier "Chien qui fume". Mais Tillier, qui n'a jamais rien créé de sa vie, sinon de l'insulte, fumait trop de moquette, et buvait trop de mauvais whisky), en pleine grève, est parti en vacances. Lâchant un "M.Benbassat a tout pouvoirs pour négocier" entre deux couloirs aux responsables syndicaux. Ce n'est même pas du mépris. Juste une façon de vivre. Et de laisser mourir.
François GILLET