En réaction à l'article du 5 juillet 2010 dans Le Nouvelliste, "L'investissement direct étranger: la seule planche de salut pour Haïti", ce commentaire prend le contre-pied pour montrer que c'est une thèse erronée, et aussi illusoire d'imaginer qu'un investisseur étranger viendra risquer son capital dans une économie qui ne lui offre aucune garantie de maximiser ses profits. Tout investisseur local ou étranger assume un risque en contre partie d'un gain supérieur.
Il est fort douteux que le pays, qui avant le 12 janvier 2010 n'attirait pas l'investissement étranger, puisse soudainement devenir une source de gain sous les décombres. S'agit-il de l'investissement dans les infrastructures d'utilité publique qui sont les champs d'actions du gouvernement, ou dans l'immobilier, l'agriculture vivrière, le tourisme, le secteur d'assemblage où le secteur privé évolue, il y a lieu de s'en douter davantage.
L'investisseur local ou international accepterait d'investir dans la première catégorie dans des cas de monopole qui exclue la concurrence. La deuxième catégorie, malgré sa nature lucrative n'est pas économiquement viable pour prendre le risque d'y investir. En effet, le secteur immobilier n'est pas organisé ou n'existe pratiquement pas pour constituer un marché attrayant, l'agriculture vivrière subit la déficience physique du pays et les caprices de la nature, le tourisme de plage étant saisonnier est volatile, et le secteur d'assemblage n'est qu'une échappatoire financière pour les firmes étrangères.
Outre ces handicaps, les conditions favorables à l'investissement direct étranger font grandement défaut. Les problèmes d'insécurité relative aux biens et personnes, et l'obstacle constitutionnel sur le droit de propriété ne sont jamais résolus. L'exiguïté du marché local associée à un pouvoir d'achat virtuellement nul inhiberait la forte consommation recherchée par un investisseur étranger qui accepterait de produire directement pour le marché local. Cette faible capacité de consommation serait une constante dans l'équation de risque pour l'investissement direct étranger.
Si les démarches pour attirer l'investissement direct étranger repose sur le secteur d'assemblage dans le textile pour profiter de la loi HOPE, l'argumentaire fait encore fausse route. Le secteur d'assemblage symbolise la délocalisation d'un maillon d'une chaîne industrielle pour réduire ses coûts de production, la rendre efficiente et compétitive vis-à-vis de ses paires sur le marché international. La sous-traitance s'avère une excellente stratégie soustrayant les coûts excessifs du travail, d'acquisition, d'installation, et d'entretien du cahier de charge des firmes d'une telle industrie. Comment persuader un investisseur étranger de faire autrement ?
Renforcer le raisonnement par la faiblesse des capitaux Ayitiens non seulement déresponsabilise les responsables dans la fonction de jongler avec les instruments fiscaux et monétaires pour manipuler l'économie dans son ensemble, mais aussi nie le fait que les entrepreneurs Ayitiens en ont pour investir à l'extérieur dans une économie déjà riche et stable. Il convient plutôt de reconnaître que les capitaux existent et si identifiés porteraient les responsables à formuler une politique capable de garder ces capitaux sur le marché financier local aux fins d'investir dans des structures industrielles produisant des biens répondant aux besoins de la population. Telle est concrètement 'la seule source de salut' de l'économie Ayitienne pour créer les multiples emplois désirés et le pouvoir d'achat en conséquence. Après une telle réussite, la probabilité de trouver des investissements directs étrangers serait plus grande.