Pour la première fois, des chercheurs ont mesuré le taux d’excitation sexuelle en employant des caméras infrarouges. Les données recueillies ont renversé l’idée reçue selon laquelle la femme parvient plus lentement que l’homme à l’ excitation sexuelle.
Petit rappel de physique : la thermographie utilise des caméras capables de détecter, en fonction de leur température, la radiation émise par les objets. Très utilisées pour repérer des objets chauds dans le noir, l’imagerie thermique est surtout connue pour son usage dans les lunettes de vision de nuit propres aux opérations militaires. Vous vous rappelez sans doute avoir vu dans plusieurs films ou documentaires ces images infrarouges très colorées. Et bien sachez qu’elles peuvent avoir d’autres applications plus obscures… et de jeter la lumière sur nos sentiments les plus intimes dont le désir sexuel.
Quand les chercheurs voient rouge !
Mais comment mesurer l’excitation ? Longtemps, les chercheurs ont utilisé des instruments nécessitant le toucher et la manipulation des organes génitaux… Mais ces nouvelles recherches utilisent des caméras thermographiques braquées sur l’entrejambe des sujets, alors que ces derniers visionnent certaines images. Ce montage comporte des scènes pornographiques, des séquences de films d’horreur, les meilleurs sketches de Mister Bean ainsi que des récits de voyage au Canada. Au cours de l’expérience, les sujets ont visionné séparément des films contenant des scènes de sexualité explicite distinctes, selon qu’elles étaient présentées aux hommes ou aux femmes. "Comparativement à d’autres techniques utilisant des mesures plus traumatisantes ou des électrodes, cette méthode est peu invasive, et les mêmes mesures sont employées chez l’homme et la femme" précise le Pr. Binik, professeur de psychologie et fondateur et directeur du Service de thérapie sexuelle et de thérapie de couple de l’Hôpital Royal Victoria, rattaché au Centre universitaire de santé McGill
Pas de vainqueur dans la course à l’excitation !
A l’aide d’un ordinateur situé dans une autre pièce, le chercheur a surveillé la réponse physiologique de ces curieux cinéphiles, en mesurant les changements de température corporelle, jusqu’à un centième de degré près. Trente secondes après le début du visionnage des images, les hommes et les femmes ont montré des premiers signes d’excitation. Le seuil optimal d’excitation a été atteint en 664,6 secondes (environ dix minutes) chez l’homme, et en 743 secondes chez la femme – une différence négligeable sur le plan statistique. "En comparant l’excitation sexuelle chez l’homme et la femme, nous constatons qu’il n’y a aucune différence entre le temps nécessaire aux jeunes hommes et femmes en santé pour atteindre le seuil optimal d’excitation" a indiqué le Pr. Binik.
Cette recherche devrait ainsi mettre un terme à l’idée selon laquelle les femmes atteindraient leur pic d’excitation bien après les hommes. En matière d’excitation, la parité est donc de rigueur. Par ailleurs, selon Tuuli Kukkonen, co-auteur de l’étude, "cette méthode nous aidera à diagnostiquer et à traiter la dysfonction sexuelle chez la femme, notamment le trouble de l’excitation sexuelle, lequel demeure mal compris".