Vue d'ensemble du ciel d'été
Petit panorama des constellations dominant les douces soirées d’été.
Les soirées d’été, comme chacun sait, sont propices à la détente, à la douceur de vivre … De belles soirées qui se remplissent langoureusement d’étoiles sont une invitation à découvrir un ciel mal connu qui se montre chaque soir ! Paradoxalement, c’est au cours de cette période de l’année, quand les nuits sont les plus courtes, que s’aventurent le plus grand nombre de curieux disposés à rencontrer le « peuple du ciel » ! Observer le ciel à l’œil nu est un premier contact avec l’univers, une première vision d’un espace démesuré !
Pour commencer, il est bon de rappeler qu’il faut, le plus possible, s’éloigner de toute source lumineuse, les éviter soigneusement pour ne pas être gêner au cours de l’observation. Veillez à choisir un espace dont l’horizon soit dégagé. Il est préférable de garder avec soi une lampe de poche et de ne l’utiliser quand cas de nécessité. N’oubliez pas que vos pupilles ont besoin de plusieurs minutes pour s’adapter aux ténèbres ! Par ailleurs, vous remarquerez que l’obscurité, tant redoutée, n’est jamais totale.
Les nuits sans Lune et, bien sûr, sans nuages sont magnifiques. Le regard peut alors se concentrer sur les innombrables étoiles qui tapissent le ciel … !
Et que voit-on alors par une belle soirée d’été ?
Le crépuscule
Quand le Soleil s’est couché, amusez-vous à guetter le premier astre qui brille. Couramment nommée l’« étoile du berger », la planète Vénus (notre jumelle en taille située entre le Soleil et nous) est la toute première à se montrer cette année au-dessus de l’horizon ouest. Impossible de la manquer dans les lueurs flamboyantes du crépuscule. Puisqu’elle est en orbite autour du Soleil, Vénus bouge régulièrement. Elle habite tantôt le ciel du soir, tantôt celui du matin (étoile du soir, étoile du matin, etc.). En ce moment, elle part très vite rejoindre le Soleil qui lui continue de descendre les marches vers les ténèbres … La nuit s’avance à grands pas. Chaque minute, une étoile semble surgir de l’espace, apparaître du néant. Bientôt, elles éclabousseront le ciel par dizaines, semées par le temps qui passe. Le « profane » commence alors à s’égarer dans les méandres de la nuit douce.
Revenons un instant au crépuscule. Deux autres planètes accompagnent la déesse de la Beauté … Visible un peu plus haut dans le ciel, à l’est (à sa gauche) de Vénus, un point doré qui ne scintille pas désigne Saturne, la deuxième plus grosse planète du système solaire.
La planète rouge est également là, plus discrète. Mars perd de son éclat au fur et à mesure que la Terre s’en éloigne.
Les étoiles les plus brillantes sont les premières à se montrer et l’une des toutes premières, « tremblote » à la cime du ciel (début de nuit), un astre rougeoyant qui se nomme Arcturus (alpha bootis). Son nom signifie le « gardien des ours« . Cette géante rouge est à environ 37 années-lumière de nous. Elle domine la constellation du Bouvier (Bootes). « Bouvier, gardien des bœufs », « Arktos ouros, gardien des ours », tout cela a un lien direct avec la Grande Ourse (voir les récits plus bas) que l’on peut reconnaître à sa droite, en direction du nord-est.
Arcturus, visible en bas de la constellation du Bouvier (cliquez pour agrandir)
En tournant la tête vers l’est, déjà haute dans le firmament, on voit Véga (alpha lyrae) briller comme un diamant ! C’est une des étoiles les plus lumineuses du ciel d’été avec Deneb (alpha cygni) et Altaïr (alpha aquilae). Toutes trois s’invitent vite dans un ciel encore peu occupé. En les reliant, on forme l’astérisme du « Triangle de l’été » ou les « trois belles de l’été ».
La Voie Lactée
A présent, il est autour de 22h45 (début et mi-juillet) ou 21h45 (début, mi-août). Au nord-ouest, les dernières braises du Soleil couchant sont devenues pâles. Le jour s’éteint en silence, la nuit commence. Si votre site d’observation est bien choisi et en l’absence de la Lune, la nuit noire se livre à vous …
La Voie Lactée photographiée par S. Brunier
Présente et saisissante, la lueur de la Voie Lactée traverse le ciel de part en part. C’est un fleuve d’une lumière cendrée qui semble naître près de l’horizon nord et se déverser au sud. Il est jalonné de cailloux scintillants, jetés là, il y a bien longtemps … Quelques traces sombres engloutissent par endroit le flot d’étoiles … Mais quelle est donc cette arche voluptueuse devenue, dans la lumière, la chaleur et la fureur de nos villes, complétement invisible ?
Des latinistes, des historiens, des conteurs diront que c’est le lait de la déesse Héra, qui s’est étalé dans le ciel après que Héraclés, encore un nourrisson, l’ait tété goulument en cachette pour acquérir l’immortalité … Un vœu de son père Zeus qui a demandé à Hermès de l’aider. Ainsi l’enfant fut-il conduit auprès de la grande déesse pendant son sommeil … Vous n’avez pas fini d’entendre parler du maître de l’Olympe, de ses liens avec les constellations et les femmes qui sont nombreux … ! Son imagination et ses motivations sont sans limites !
La Voie Lactée doit son nom a son aspect de lait. A l’instar du mot galaxie qui veut dire la même chose en grec. La Voie Lactée que l’on contemple la nuit n’est autre que notre galaxie … Vue de l’extérieur, une galaxie ressemble, en général, à un disque avec des renflements au centre. La lumière qui s’en dégage est celle de plusieurs centaines de milliards d’étoiles regroupées. C’est une formidable communauté d’étoiles tenues ensemble par la force de gravité. L’ensemble est également composé de gaz et de poussières, plus ou moins visibles, de nombreuses régions où se forment des dizaines d’étoiles. De la matière noire, encore mal connues, est soupçonnée aussi d’abonder. Les astronomes évaluent la population globales à plus de 100 milliards de masses solaires. Environ 10 % des étoiles ressembleraient au Soleil !
Le fleuve d’étoiles d’apparence si pâles que l’on voit la nuit est une partie de cette vaste communauté, c’est l’intérieur du disque ou, pour utiliser une autre image, l’intérieur d’un « gâteau ». Dans une direction, vers le centre, c’est dense. Dans l’autre, les étoiles sont moins nombreuses. Le reste du ciel, certes moins peuplé, représentent le dessus et le dessous du « gâteau », à la verticale du disque galactique …
Parcourir la Voie Lactée avec une paire de jumelle est un vrai plaisir, des milliers de petites formations stellaires sont à découvrir !
Notre grande et belle Voie Lactée semble relier, à travers la voûte céleste, l’horizon nord au sud, en passant par le zénith. Elle est nettement plus étroite sur sa partie nord. Peu à peu, elle s’élargie, s’évase puis se répand sur l’horizon sud dans la constellation du Sagittaire (sagittarius). Dans cette direction, on peut admirer un véritable estuaire, taché par endroit de veines sombres. C’est toujours un spectacle merveilleux. Dans cette direction (Sagittaire), il y a le centre galactique, la plus forte concentration d’étoiles. Quelque part, derrière cette débauche de matière et d’étoiles, travaille un monstre fabuleux imppossible à voir directement : un trou noir supermassif. Dans l’invisible, il engloutit les étoiles par dizaines ! Les astronomes lui prêtent une masse équivalent à 4 millions de fois celle du Soleil ! Tout cela, loin de nous et de nos yeux étourdis par tant d’étoiles regroupées.
La constellation du Sagittaire et le centre de notre galaxie
Le centre de la galaxie est une toile de fond, un arrière-plan. Au devant de la scène, on retrouve une poignée d’étoiles plus proches de nous. Elles représentent la constellation du Sagittaire. Au milieu de l’été, elle se hisse au-dessus du sud dès la tombée de la nuit, après avoir déloger la constellation du Scorpion (scorpio), sous la menace d’une flèche … !
La constellation du Sagittaire représentée par l'astronome persan Al Sufi
Ce dernier est une grande et belle constellation, dominée par la l’étoile rouge-orange Antarès (alpha scorpio), une supergéante rouge atteignant 700 fois la taille de notre étoile. Antarès signifie la « rivale d’Arès », rivale de Mars car son éclat rouge rappelle la planète du dieu de la guerre. Aux latitudes moyennes (plus ou moins 45°), comme la France, il est souvent difficile de considérer la constellation toute entière. Le Scorpion ne monte pas très haut au-dessus de l’horizon, ne laissant voir qu’une partie des étoiles qui le compose. Il se lève au sud-est puis disparaît vite au sud-ouest. Le Soleil figure devant ces étoiles au mois de novembre et décembre, peu de temps avant le solstice d’hiver. Une période où le Soleil est bas sur l’horizon.
La constellation du Scorpion, la Voie Lactée et Rho Ophiuchi
Les principales constellations
Les constellations du Cygne et de la Lyre, traversées par la Voie Lactée
Au cours de l’été, tout autour du sommet du ciel, on peut voir trois étoiles très brillantes déjà évoquées ci-dessus : Véga, Deneb et Altaïr. La première appartient à la constellation de la Lyre (Lyrae), elle se situe à 25 années-lumière de nous. Une légende raconte que l’instrument de musique a été créée à partir d’une carapace de tortue par le dieu Hermès. En l’observant attentivement, on peut remarquer que la constellation imite parfaitement un parallélogramme auquel s’ajoute la lumineuse Véga (alpha lyrae).
Deneb (alpha cygni) est visible au sud-est de Véga. « Al Deneb al jaja« , la « queue de la poule » est une étoile marquant la queue du Cygne. Elle est distante de 3 000 années-lumière et brille autant que sa voisine, précédemment évoquée. C’est une géante bleue, une étoile très chaude et très brillante.
Dans la mythologie grecque, le Cygne est une des multiples « métamorphoses » du dieu Zeus. Le poète Ovide raconte avec talent, la rencontre provoquée par le dieu puissant avec la belle Leda, épouse du roi Tyndare. La transformation en bel oiseau blanc majestueux est une nouvelle ruse de sa part pour approcher la délicieuse reine qu’il convoitait ! De leur union, naîtront quatre enfants (Léda accouche de deux œufs) : Castor et Clytemnestre, Hélène et Pollux ! Les deux garçons Castor et Pollux se retrouveront plus tard pour former la célèbre constellation des Gémeaux. De la fin juin à la fin juillet, le Soleil brille devant et il est donc impossible de les voir.
L’étoile Altaïr (alpha aquila) n’est pas loin de là. Son signifie « la tête ». Elle domine la constellation de l’Aigle (Aquila). Dans la mythologie grecque, il est dit que l’oiseau dévorait chaque jour le foi de Prométhée, personnage célèbre pour avoir dérober le feu aux dieux de l’olympe … Une petite flèche, dessinant un trait léger dans le ciel, effleure une de ses ailes. C’est Héraclès/Hercule qui l’a décochée pour secourir son ami. Cette partie de la scène nocturne réunie plusieurs personnages de la même histoire. A l’instar de la Grande Ourse et le Petit Ours, de Cassiopée, Céphée et Andromède vers le nord et le nord-est.
La Grande Ourse (à droite) et le Bouvier et la brillante Arcturus (à gauche)
En se tournant vers cette direction, on rencontre des constellations visibles toute l’année, on les dit circumpolaires (point de vue terrestre à une latitude nord supérieure à 40°).
Commençons avec celle qui est sans doute la plus célèbre de toutes : la Grande Ourse (Ursa Major). Dans cette région du ciel, ce sont surtout sept étoiles qui retiennent l’attention de l’observateur. En Mesopotamie, elles représentaient un grand chariot tiré par trois bœufs. Les Romains voyaient sept bœufs (septem triones) et les Grecs, une hélice helikon. Par la suite, d’autres étoiles ce sont ajoutées formant ainsi la Grande Ourse. En extrême-orient, les chinois représentent un rat avec trois étoiles ajoutées aux sept premières. Les japonais imaginent une louche géante. De nos jours, on connait aussi ces sept étoiles principales sous les traits d’une grande casserole, un astérisme devenu familier ! Celle qui s’appelle la Petite Ourse (Ursa Minor) est visible à quelques degrés de là. Composée également de sept étoiles dont l’immobile étoile polaire, elle est connue sous les noms de « petite casserole » ou « petit chariot ». Dans la mythologie grecque, il s’agit d’Arcas, naît de l’union de la nymphe Callisto (alias la Grande Ourse) avec le dieu Zeus. Le jeune garçon, n’a jamais su que sa mère avait été transformée en ourse par les soins d’Héra (ou Artemis, selon les versions). Par jalousie, bien sûr. Aussi, jeune chasseur qu’il était devenu, s’apprêtait-il à tirer une flèche sur l’animal quand le maître de l’Olympe est intervenu pour l’empêcher de commettre l’irréparable ! Arcas est devenu à son tour un ours et fut disposé dans le ciel avec sa mère. Héra, acceptant mal cet honneur, a choisie de les priver de repos à jamais en les condamnant à tourner en rond, au-dessus de la terre …
La constellation de Cassiopée représentée par Hevelius
En dirigeant votre regard vers le nord-est, vous pourrez voir cinq étoiles dessinant un grand W. C’est la constellation de Cassiopée (Cassiopeia), célèbre reine de l’Ethiopie dans l’antiquité ! Plus discret dans le vaste ciel, son mari, Céphée (Cepheus) se tient près d’elle. La légende raconte que la reine passait son temps à s’admirer, se targuant d’être la plus belle de toutes les femmes du royaume au point d’irriter les Nereides. Celles-ci s’en allèrent demander au dieu Poseidon, la destruction de l’Ethiopie par le monstrueux Crachen ! Afin d’enrayer la catastrophe, les deux époux se résignèrent à livrer en sacrifice, leur fille Andromède, comme le prescrivait l’oracle qu’ils ont consulté. Heureusement, tandis que le monstre marin s’approchait du rivage où la princesse avait été attachée, le jeune Persée vint à son secours. Après les avoir débarrasser du monstre, il l’épousa. On les retrouve tous réunis dans cette partie du ciel, à l’orée de la Voie Lactée.
A l’approche de l’automne, la constellation d’Andromède (Andromeda) s’élève de plus en plus haut au-dessus de l’horizon, laissant voir la tache oblongue et délicate de la galaxie d’Andromède, une voisine située à plus de 2,4 millions d’années-lumière !
Toutes les photographies du ciel proviennent du site internet Allthesky.
Crédit photos : Allthesky.
Galerie des constellations
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