Brosella 2010, day two (jazz), Parc de Verdure, Bruxelles, le 11 juillet 2010

Publié le 11 juillet 2010 par Concerts-Review

Finale de la Coupe du Monde, Tour de France dans les Alpes, Fête de la Communauté flamande...niks daarvan, wij gaan naar  Brosella.
Peu de traces laissées par l'orage de la veille, des organisateurs souriants et confiants, on attend du monde, le programme est canon!
Pour débuter, encore un special project à l'occasion du 100è anniversaire de la naissance de Django Reinhardt:
Djangrosella!!!
Un concert en deux parties: 1) De Cauter Family & guests.

Koen( guitare, sax soprano, chant), ça fait 100 ans qu'il joue du Django.
Avec Waso Quartet, il a sillonné toutes les scènes d'Europe, il a eu le temps de fabriquer quelques gosses, et que font ces drôles? De la musique pardi et, de temps en temps, Dajo( contrebasse) Waso (guitare) et Myrddin (clarinette) accompagnent papa, comme aujourd'hui. Au piano, une copine des kets: Vigdis.
'Indifférence' une valse manouche pour s'imprégner du monde du citoyen de Liberchies.
L'allegretto de la 7è symphonie, d'un certain Ludwig von, en B mol ...Oups, il a forcé sur le pinard, le Koen! Ludique et archi-connu!
Wannes Van de Velde nous a quittés il y a 2 ans: 'Voor de deur van de taverne' , chant populaire anversois.
Le guest: Stochelo Rosenberg, le crack du Rosenberg trio.
'Dinette' du gadjo swing pur jus. 'Clair de Lune' pour un pierrot rêveur.
'Swing 39' de Stéphane Grappelli et un 'China Boy' vivace, dernière bouchée de ce hors-d'oeuvre raffiné.
2)  Paris Swing Orchestra
Ce big band gratiné va faire swinguer l'amphithéâtre en interprétant quelques standards inspirés: 'Shorty George' et 'Blue and Sentimental' au répertoire de Count Basie. Trompette ou sax en vedette.
Gershwin, 'Liza' (all the clouds roll away), un favori de Benny Goodman.
Stochelo en piste pour le classique 'Nuages' , Reinhardt bis: 'Djangology' !
C'est la fête à Django: 'Tears' les larmes coulent lentement, et 'Minor Blues' .
Et un bis nerveux 'I Got Rhythm'.
Mission accomplie!
Une pintje, Michel, me souffle JPRock?
Vamos au bar.
Le temps de saluer tous les vieux de la vieille, d'accepter ou de refuser leur pot , t'as, évidemment, raté Hijaz sur le second podium.On reste au bar, en attendant..

Avishai Cohen Quintet
La star du jazz en Israël.
Le jeune prodige de la contrebasse, après avoir joué avec Chick Corea, Herbie Hancock, Paquito d'Rivera , Roy Hargrove ou Alicia Keys, a monté son propre quintet.
Déjà une dizaine de rondelles à son actif, la dernière 'Aurora' en 2009.
Il était pas de bonne humeur, nous signale l'organisation.
Le public n'a rien remarqué , Avishai et son band ont délivré un set, en tous points, remarquable.
Pour le plaisir des yeux et des feuilles de choux, Karen Malka: vocals et shakers- le raffiné Amos Hoffman à l'oud ou à la guitare- le sobre et magistral Shai Maestro au piano et deux percussionnistes qui tuent: Itamar Doari et le tout jeune Amir Bresler( 20 ans, first gig with the band).
'Morenika' sera entamé par un solo de contrebasse, caressée à l'archet, histoire de situer le thème dans un décor sacré.

Avishaï se lance dans un chant/prière juif superbe et envoûtant. C'est bien parti pour une séquence de jazz métissé, agrémenté de chants lancinants et de prouesses techniques.
'Leolam' démarre sur un rythme de danse orientale, avant de voir le thème être brisé pour faire place à un piano classique, insidieusement, la composition prend un nouveau virage et tourne au groove noir et moite.
Superbe!
'Two Roses' un chant haleté, des rythmes tribaux, une contrebasse jouée en arpège, la mélodie se fait hypnotique et le piano Ruben Gonzales.
Audacieux et brillant!
'In One' même insolence novatrice et complexe. Un trip te menant du désert austère et aride vers de chaudes plages, où de belles créatures se déhanchent sur des rythmes chaloupés et suaves, pour revenir au profond et sacré, la voix rauque de Karen agressant tes entrailles. Le voyage prend fin par un récital de percussions détonant.
Le piano amorce un thème ludique ( ' Shir Preda'?), avant de voir le leader martyriser sa contrebasse d'un archet agressif, la guitare embraye sur un rythme funk rock, la bande entre en transe.
En un clin d'oeil, rupture totale on reprend le rythme initial, et Avishaï y va de quelques acrobaties sur son vénérable instrument tout en accompagnant Karen pour un duo vocal arabo-andalou mélodieux.
Titre final:'Alon Basela', du funk hébreu irrésistible.
Le théâtre de Verdure transformé en boîte de nuit.
Un triomphe et avec le bis, ça tourne à la démence:' Noches Noches/la Luz', une vieille chanson (un lament vibrant) que j'ai écrite pour ma mère.
On n'allait pas finir sur une note mélancolique.
Par un tour de magie, la magnifique mélopée juive se métamorphose en flamenco ardent, avant d'exploser en salsa torride: ' Valmonos Pal Monte', Eddie Palmieri.
Un feu d'artifice pétillant!

Pierre Anckaert Quintet & Odysseia Ensemble & guests
A peine 30 ans et déjà les honneurs de la Main Stage à Brosella, Pierre Anckaert brûle les étapes.
First Prize lors du prisé Jazz Hoeilaart Contest ( 2007) , deux albums et des concerts aux quatre coins du vieux continent (en trio, Chamber Ensemble (à 4 ) ou accompagné, comme ce soir, par un orchestre de chambre)
Le pianiste est aussi à l'aise dans l'univers classique que dans le jazz contemporain, tendance latin jazz.
Il n'est pas le seul compositeur sur scène ce soir: Hendrik Vanattenhoven (contrebasse) et Stefan Bracaval ( flûte ou flûte basse) sont également auteurs de quelques titres proposés.
A la batterie: Mimi Verderame, à la guitare: Guy Nikkels, auxquels on ajoute 8 cordes de l'Odysseia Ensemble.
' For the record' écrit par Hendrik: du jazz d'inspiration sud- américaine, ensoleillé et séduisant.
Flûte à l'avant-plan et cordes ajoutant une note d' impressionnisme classique à la sonate.
' Romeo & July' de larges mouvements, soit somptueux et lyriques, soit légers, sur rythmique cubaine.
Un premier invité: Michael Zisman et son bandoneon: 'Mist Call' un tango symphonique, aussi proche de Ravel que d' Astor Piazzolla.
Second convive, la trompette de Bert Joris: 'Musette de Chambre' , toujours aussi élégant, Bert ajoutant une touche noire et chaude à cette danse de salon mondain.
'Slow Snow' composé par Stefan.
Buenos- Aires rencontrant Chet Baker, en pensant à la valse des flocons de neige de Tchaikovski.
Retour au dernier album 'Strings Attached':'Passepied', l'ambitieuse plage ouvrant le CD.
Un piano majestueux sur background de violons courtois, la guitare place quelques banderilles et le piano met le cap sur La Havane. Nouveau mariage réussi entre les éléments classiques et les envolées jazzy.
'August Blues' Profitons du mois de juillet pour écouter ce mellow tone, dominé par la trompette langoureuse de Bert Joris.
Un dernier latin jazz rythmé mettra fin à ce concert agréable.
Un petit reproche: un certain manque de punch et un côté mainstream, pas l'idéal pour une écoute attentive dans un parc.
Le clou du festival: Roy Hargrove Quintet!

"...flamboyant trumpet player Roy Hargrove knows how to start a party…” De Standaard!
Non seulement il sait comment la commencer, mais elle dure de la 1ère à la dernière seconde, près de 90' de jazz du plus haut niveau, un public subjugué par le talent et la générosité du quintet.
Tous, sans exception, des génies: Roy et sa suprême trompette ( et ne crois pas qu'il se la pète, ses potes ont eu droit à plus de soli que lui)- Justin Robinson au sax alto -l'élégant Jonathan Batiste au piano- Ameen Salem à la double bass et Montez Coleman aux drums!
'I'm not so sure' de Cedar Walton, pour ouvrir les débats et, en moins de deux, un duel sax/ trompette juteux. Le son de Roy est d'une pureté inaltérée, du Miles Davis de la plus grande époque.
Un old- school tune épicé, imparable.
Donald Byrd 'Low Life', du hard-bop à l'assise rythmique époustouflante.
La tension monte d'un cran dans le parc, les sièges sont délaissés, Bruxelles se masse aux pieds de la scène et gigote en mesure.
'Starmaker' a mellow one, une ballade souveraine. Le sax pleurnicheur de Mr Robinson arrache des larmes à ma jolie voisine. Milou , prévenant, lui refile un des mouchoirs, reçus lors de sa communion solennelle.
'After the Morning' accumulation de soli divers et brillants,... there is plenty to admire in this quintet... (on cite allaboutjazz.com).
'In a sentimental mood' la ballade nocturne de Duke Ellington, un jeu aristocratique de Mr Batiste, raide comme un piquet face à ses touches, mais quel doigté charnel.
Le jazz around midnight type:'Rouge', une nouvelle romance .
'You're my everything' annonce la setlist.
Du méchant latino groove: une rythmique d'enfer, un numéro géant au piano et a joint blowing session pour mettre le feu. Bruxelles, en folie, bat la mesure et hurle de joie.
Pas le temps d'éterniser nos applaudissements, le quintet attaque 'Strasbourg/St Denis' , une mélodie saccadée aux accents samba/funk.
Un petit Monk ' Nothing Serious' et présentation de l'équipe.
Ecoute, écoute, gueule Milou, bien sûr qu'il a reconnu ' Bring it on home' de Sam Cooke.
Un soul/funk brûlant.
C'est plus un parc bruxellois à minuit, c'est El Morocco à Harlem: everybody on the dancefloor!


Ovation immense et en bis , le sobre 'Soulful Melody'. La complainte semble mourir à petit feu, lorsque les blacks amorcent un changement de tempo, le King de la trompette quitte le podium pour donner une sérénade dans l'arène, à la grande joie de l'assistance ébahie.
Il rejoint ses potes , one by one, ils quittent la scène en nous laissant Jonathan Batiste, qui nous balancera, en solo, un dernier swing ravageur.

Dans les cieux brillent les étoiles, d'autres stars attendent la limousine devant les ramener à l'hôtel. En passant, Justin Robinson me refile une setlist illisible.
Here you are, man!