Engrenages, c’est la première série de l’ère moderne de Canal+. C’est aussi à ce jour la mieux écrite, la plus palpitante, et celle qui a atteint sa troisième saison en première. La qualité étant encore au rendez vous, on espère voir cela continuer.
Engrenages a flirté avec toutes les enquêtes possibles, des banlieues enflammées au tueur maniaque. En troisième année (même si la série n’est pas diffusé chaque année), nous voici en prise avec le tueur en série et la machination politique. Et tout cela se retrouve lié dans une intrigue à plusieurs niveaux, de multiples rebondissements, une interprétation impeccable et une atmosphère particulièrement noire. Le fait est que la série ne s’encombre pas de détails, et expose tous les détails de ses histoires, des cadavres mutilés jusqu’aux cheminements juridiques les plus insolubles. Et on est conquis, tant l’ensemble est maîtrisé.
Évidemment, tout ceci ne serait pas parfait si les personnages principaux ne traversaient pas une forte crise d’identité. En reprenant le mode d’ouverture de la première saison (un cadavre mutilé, en plein air, filmé sans œillères), Engrenages déroule le tapis pour une remise en cause profonde. La capitaine Laure Berthaud, plongée dans son travail, ignore sa vie privée pour cette affaire de serial killer et doit rattraper les erreurs de son équipe. Pierre Clément est de plus en plus isolé comme procureur, et songe à sa reconversion, tout en étant accusé de pédophilie. Le juge Roban de son côté, doit jongler entre la machine administrative, les pressions politiques et hiérarchiques, le décès de sa mère et le retour d’un vieil amour pas si facile à reconquérir. Un méli mélo politico-criminel qui mène la vie dure à l’ensemble du casting, et s’en chercher forcément plus loin (on parle aussi de réseau de prostitution), la série créé une tension pour chacun des protagonistes, tous reliés les uns aux autres de différentes façons, et nous ouvre les portes pour un jeu d’échec grandeur réelle. Brillant.
Il y a largement de quoi remplir 12 épisodes, et Engrenages bénéficie de scripts intelligents, offrant une nouvelle fois une saison savoureuse, vraiment sombre et défaitiste, et maîtrisée de bout en bout. Autour de trois personnages principaux, la série offre de réelles parties à une douzaine d’acteurs tout aussi talentueux que motivés dans cette grande production, qui n’hésite pas à en rajouter côté effets spéciaux et noirceur. Finalement, Engrenages conserve sa première place dans la case série de Canal+ (en terme de qualité), et a inspiré de nombreuses autres productions. Avec sa collection, la chaîne cryptée a vraiment compris comment laissé la liberté à ses créateurs, et c’est désormais avec une grande curiosité que l’on attend la saison 4 d’Engrenages, et les autres aussi…