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L'objet de la discorde.

Publié le 12 juillet 2010 par Reenco

On dit que dans un couple, on doit tout se dire. Pas de secret entre nous.

On se raconte les rencontres dans la rue, les histoires de famille, les potins du travail, le meilleur score à un jeu vidéo, les chagrins, les succès ou encore le dernier passage aux toilettes.

Non mais c'est vrai, c'est quand même plus apaisant de rien se cacher.

Et pourtant, depuis quelques jours, j'ai un secret. Et zéro remord. Parce que si j'en parlais, ça chierait des bulles.

L'objet de l'éventuelle discorde, c'est cette merveilleuse -à mon goût paire d'espadrilles dégotée à moins de 10€ chez Auchan.


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On s'y sent comme dans des pantoufles, c'est doux, confortable, et pourtant ces grosses choses fragiles que sont mes pieds peuvent y respirer. C'est compensé, pour atténuer ma petitesse naturelle. Et ce tissu à motifs, il me rappelle à la fois la campagne dont je suis issue mais où personne n'oserait porter ça et les années 50-70 que je n'ai pas vécues mais dont je suis nostalgique. Puis, 9,90€ quoi. C'est forcément un type qui s'est dit "il faut commercialiser des espadrilles à fleurs vieillotes et à prix réduit parce que je sais qu'une fille du 77 en veut, faisons-lui plaisir".

En gros, je les ai vues sur leur étagère dans le magasin, je suis tombée amoureuse au premier coup d'oeil et depuis, ma passion pour elles est toujours intacte.

Dans mon couple, on se dit tout, mais on est loin d'avoir les mêmes goûts. Notamment vestimentaires. Surtout vestimentaires.

Et dans mon couple, on est deux emmerdeurs. Surtout moi.

Je suis capable de faire une crise d'une heure avant de sortir pour qu'il ne mette pas ses maillots de basket ou ses baskets de basket (les Jordan ignobles à 170€ dont il prend plus soin que de lui-même). Parfois je gagne. Parfois je perds. Mais dans tous les cas je râle jusqu'au bout.

Lui, il a un peu plus de diplomatie. Soit il ne dit rien mais je vois à son regard que ce que je porte ne lui plait pas -et je m'en fous, soit il sort discrètement un truc du genre "Je préfère ton autre veste".

Mais avec mes espadrilles, je sais que tout peut changer. Ca, ça ne passera pas.

Ca ne passera tellement pas que je me suis déjà joué la scène mot pour mot, geste pour geste, sans l'avoir vécue. Si il les découvre, je peux leur dire adieu. Et ce ne serait que justice, vu tout ce qu'il ne porte plus parce que madame moi-même l'exige.

Alors mes espadrilles et moi, on est devenues complices. On se planque, on ne sort que s'il n'est pas avec nous, on se sépare dès qu'on rentre à la maison pour mieux se retrouver plus tard. On commence à devenir douées en planque, d'ailleurs. Ca va peut-être nous saouler assez vite, mais après tout, l'été c'est court. 

Puis si vraiment il faut un jour que je lui dévoile ce secret, je commencerai par lui avouer que parfois, quand il bosse, je passe des heures à lire sur le net les résumés des épisodes des Feux de l'Amour jusqu'en 2012.

Après ça, le coup des espadrilles, ça passera comme papa dans maman.


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