Les variations boursières de ces derniers jours montrent une volatilité incompréhensible des marchés : deux jours de hausse puis une baisse, trois jours de hausse puis deux de baisse sans que les fondamentaux n'aient changé durant ces périodes ; plus étrange encore les banques sont attaquées avant de tirer les marchés à la hausse. Alors quoi ? Les spéculateurs sont fous ? Une guerre sans merci a-t-elle lieu dans l'ombre entre les optimistes bulls et les pessimistes bears ?
Bulls et Bears sont pessimistes
En réalité, il n'y a pas de lutte entre les spéculateurs béats et les sceptiques, tous sont pessimistes quant à l'avenir des marchés, et leurs craintes les poussent à mener des stratégies opposées en apparence seulement. Tandis que les uns attendent la lente reprise et ne répondent plus aux publications des indicateurs des derniers mois, les autres adoptent une attitude de pillards, prenant leurs bénéfices dès que le marché grimpe et se faisant, le poussant à retomber. Tout se passe comme si les premiers attendaient pour agir, tant ils sont peu confiants dans les indices présents, alors que les seconds avaient opté pour une spéculation de court terme puisque le long terme ne réserve rien de bon. Finalement, seuls leurs plans diffèrent, leur compréhension et leurs attentes demeurent identiques. Mais alors, ce pessimisme de rigueur (sic !) est-il normal ?
Pas de changement institutionnel
Depuis l'épisode grec, les effets d'annonce et les mesures de sauvetage se sont multipliés mais quid d'une UE unie et concertée sur les réformes de fond à mener dans le futur ? Si la crise grecque a prouvé une chose, c'est bien que les Etats Membres n'ont pas le même vision du rôle de l'Union et qu'il est donc impossible de s'entendre sur les directions à suivre pour l'Europe. Pourtant, il faudra agir parce que le cadre institutionnel européen demeure incomplet : plus de dirigisme ou plus de laissez-faire ? Relance ou rigueur ? Quelle relance ? Ces questions reflètent l'incapacité de deux cultures politiques et sociales à cohabiter sereinement.
Pire encore, l'économie européenne n'est pas au bout des réformes qu'elle avait pourtant promis de mettre en place comme le rappelle l'économiste Mario Monti dans The Economist : – la productivité dans les services est 30% inférieure à celle des USA car trop « protégées » par les barrières nationales qui réduisent l'incitation à l'effort ; – l'absence de compétition dans les secteurs coûteux aux Etats tel que la Sécurité sociale, rend le problème des déficits plus que préoccupant ; – l'absence d'un marché « digital » qui pourrait offrir une richesse évaluée à 4% du PIB européen ; – la protection sociale des pays méditerranéens qui empêche l'emploi des jeunes entrants sur le marché du travail car faute d'avoir fait leur preuves, ils ne sont pas jugés rentables par les entreprises étant donné le coût du travail ; enfin – le fardeau fiscal de certain pays (France et Allemagne notamment) sur les entreprises et notamment les start-up qui réduit l'incitation à entreprendre et produire.
Voilà les véritables maux de nos économies européennes, et tant qu'ils ne seront pas considérés et pris à bras le corps par nos dirigeants, Bulls & Bears miseront sur le court terme au péril de nos économies….
Une lumière au bout du tunnel
Y a-t-il un espoir ? A en croire le sondage du Pew Research Center, les citoyens européens sont prêts pour les réformes : 73% des Allemands et 67% des Français interrogés estiment qu'ils vivraient mieux dans une économie de libre marché (contre respectivement 65% et 56% en 2007), soit autant si ce n'est plus que nos homologues Américains (68%). Cela veut dire que pour une fois, un homme politique qui voudrait se faire élire pourrait proposer un programme efficace à long terme !
Ne reste plus qu'à espérer que les politiques auront le courage de changer de discours et le savoir-faire pour mettre en place des réformes qui limiteraient leur sentiment de pouvoir mais améliorerait durablement la situation des citoyens…
A lire en complétement : le commentaire du Wolf (Blog à lupus)