Los Teros, l’autre Celeste

Publié le 14 juillet 2010 par Sudrugby
Les récentes performances de la Celeste en Coupe du Monde de football ainsi que l’approche des play off visant à désigner le dernier participant à la Coupe du Monde rugby m’ont poussé à parler de l’Uruguay, une des plus petites nations du rugby qui parvient pourtant à exister et se montrer malgré des moyens extrêmement limités.

Rodrigo Capo Ortega

Ce petit pays de quatre millions d’habitants est considéré comme la seconde nation du rugby sud-américain, devant le Chili, le Paraguay et le Brésil mais bien entendu derrière les intouchables Pumas argentins. Le parcours de qualification des Uruguayens les a conduit à disputer quatre rencontres avant de se retrouver en play offs ce week end. Ils ont tout d’abord remporté le tournoi de la zone Amérique du Sud face au Chili et au Brésil avant de s’incliner en barrage face aux Américains. Entre temps, les Teros ont remporté la première phase du championnat d’Amérique du Sud 2010 avant de s’incliner logiquement en finale face aux Jaguars argentins et ont fait bonne figure face à la France, le Canada et la Russie lors de la Churchill Cup disputée aux Etats Unis. Mieux classés auprès de l’IRB que leurs adversaires kazakhs, ils n’ont qu’à remporter cette rencontre jouée au Estadio Charrua de Montevideo pour pouvoir affronter le vainqueur de Roumanie/Tunisie lors d’une confrontation aller retour pour composter leur billet pour la Nouvelle Zélande. Ce serait alors la troisième participation de l’Uruguay en phase finale de coupe du monde après 1999 et 2003, où ils remportèrent à chaque fois un match, respectivement face à l’Espagne puis la Géorgie. Leur seul autre fait de gloire est une victoire lors du championnat d’Amérique du Sud de rugby 1981… l’année où l’Argentine n’y a pas participé!

Ivo Dugonjic

Si certains joueurs sont bien connus en France comme Rodrigo Capo Ortega le castrais, Nicolas Brignoni de Libourne (il quitte Oyonnax) voire Pablo Lemoine, ancien pilier du Stade Français aujourd’hui portant les couleurs de Valence d’Agen, la majorité d’entre eux évolue au pays dans un des nombreux clubs de Montevideo. Ne possédant qu’un statut amateur, ces joueurs doivent bien souvent cumuler leur activité professionnelle ou universitaire avec les entrainements ce qui aboutit parfois à certaines tensions. Au mois de mars dernier, un conflit a éclaté entre la fédération et sept joueurs ayant refusé leurs sélections pour les raisons citées ci-dessus, la majorité faisant partie du Carrasco Polo, le plus prestigieux club du pays. La fédération s’est temporairement vigoureusement opposée aux clubs en interdisant les joueurs de participer au championnat avant de faire machine arrière. Si l’incendie n’est pas encore complètement éteint, des leaders comme Juan Campomar ou des espoirs comme Juan Diego Ormaechea étant toujours absents, les tensions se sont calmées entre les clubs et la fédération, à l’exception de Carrasco dont les joueurs n’ont pas été appelés pour ces phases finales. Cette situation est handicapante pour los Teros qui ne bénéficieront pas de leurs joueurs cadres pour affronter les Kazakhs. Il est cependant fort probable qu’une solution soit trouvée pour la finale aller retour qui se jouera les 6 et 13 novembre.

Pablo Lemoine

Le rugby uruguayen est donc, comme son proche voisin argentin, très ancré dans la tradition amateur et le nom de certains clubs ne laisse que peu de mystère quant à leur origine. Les plus célèbres, le Carrasco Polo Club, le Montevideo Cricket Club ou le Old Christians Club sont de traditions anglo-saxonnes en proposant à leurs membres la pratique de sports plus « nobles » comme le polo, le hockey sur gazon, le cricket et bien sur le rugby. Champagnat, Trebol, La Olla, Los Cuervos, Circulo, les Old Boys et le fameux Pucaru Stade Gaulois (aka PSG) complètent ce championnat uruguayen basé à Montevideo. Les autres équipes n’étant pas basées dans la capitale forment la Liga del Interior (Country). Il existe également un tournoi de rugby à VII prestigieux basé dans la station balnéaire de Punta del Este et qui fût un temps intégré au IRB Sevens World Series. Ce tournoi est une des vitrines mondiales du rugby uruguayen. J’espère voir les Teros se qualifier pour la prochaine coupe du monde mais ils auront fort affaire face aux roumains. J’espère également que dans ce cas de figure, on parlera plus de leur parcours que de cette sombre histoire de cannibalisme du vol 571 de l’Air Force uruguayenne. Le futur semble prometteur pour les Uruguayens, les Teritos, l’équipe des moins de 20 ans, ayant terminé cinquième de l’IRB Junior Trophy joué en Russie cette année. Quelques Liens: Site officiel de la fédération Site d’infos sur le rugby Uruguayen Profil des Teros