Retour sur sons d'une nuit bleue

Publié le 13 juillet 2010 par Desartsonnants

NUIT BLEUE

RETOURS EN SONS ET LUMIERES

ARC ET SENANS

Le10 juillet 2010

Ce fut, au départ une nuit noire, grondante et tempêtueuse, avant que le ciel ne redevienne... bleu comme la nuit éponyme - au grand soulagement des organisateurs et public avides d'espaces sonores extérieurs (dont moi...)
Ce fut, une série de frustrations, de choix cornéliens au travers les espaces d'installations, de concerts, de performances, les grandes œuvres du répertoire acousmatique, les émergences de défricheurs sonores, les mamori sound projects, les parcours sonores, points d'écoute radiophoniques (ACR , Phonurgia Nova)...

A quand le don d'ubiquité auriculaire ?
Ce fut un merveilleux spectacle aussi visuel que sonore, celui de l'espace de la Saline parsemé de lumignons pointillistes, de pelouses en jardins, en trames fragiles et frémissantes.  Simple, et bigrement efficace. Concernant la scénographie, un petit bémol tout à fait personnel pour "l'emballage" de l'Acousmonium de la berne 1, vraiment kitch ces socles en bonbons acidulés, pour moi en tout cas qui préfère et de loin l'anonymat des enceintes dans la demi-pénombre; mais là, c'est affaire de goûts.
Ce fut un plein de rencontres et de retrouvailles - Rencontre avec Baudouin Oosterlinck dont je suivais depuis longtemps, via son site, le superbe travail d'objets d'écoute pour transformer et "agrandir" le potentiel de nos oreilles. Et je ne fus pas déçu, si ce n'est de ne pas avoir eu le temps de faire un entretien avec ce personnage haut en couleurs (sonores), prolixe et infatigable démonstrateurs d'écoutes multiples.
Ce fut une succession de balades sonores où à chaque fois, au gré de contes embarqués, de sons GPS nous proposant des rencontres surprenantes, plus vraies que nature, des casques modifiant sensiblement la perception de l'espace, dans les superbes jardins des salines, le rêve s'installait.
Ce fut une série de haltes radiophoniques dans des points d'écoute intimistes, guérites où pergolas poétiquement nichées dans des oasis de verdure et d'eau, où les sons imprégnaient la magie de cette nuit déambulatoire.
Ce fut une longue marche, beaucoup de pas, une nuit essentiellement extérieure (pour moi), une fatigue bien remplie de traces sonores.
Ce fut une alternance des répits et de conversations dans un bar où l'on pouvait discuter calmement au son d'une excellente programmation électro minimaliste.
Ce fut aussi quelques replis où, allongé dans des hamacs, je me laissais parfois glisser dans une demi-somnolence (voire plus), immergé au sein de nappes sonores sans cesse en mouvement. Mention spéciale aux interprètes pour la diffusion de ce marathon sonore.
FOCAL

Autoportrait au schizophone 2006 - Site Documents d'artistes

Ce fut aussi un entretien fort sympathique avec Pierre-Laurent Cassière que j'avais déjà rencontré lors de la très belle exposition No(t) Music au fort du Bruissin à Francheville. Il y présentait deux œuvres qui m'avaient beaucoup plu, "Vents Tendus" et "Mimnémésis".
Nous avions ainsi commencer à discuter alors sur ses travaux, ses recherches autour de l'espace urbain, architectural et ses dispositifs sonores, objets ou installations.
Car Pierre-Laurent est un artiste qui aime donner à entendre l'espace environnant, par exemple par le biais de casque-interfaces, les Permutophones qui inversent à l'écoute la droite et la gauche, et les Schizophones qui accentuent l'écoute latérale et gomment ainsi la perception de l'avant et de l'arrière. Il s'agit là de désorienteurs, pièges à écoute qui nous mettent l'oreille de travers pour mieux en saisir les subtilités.
De l'infime poussière de son jusqu'à la vibration spectaculaire, Pierre-Laurent nous entraîne dans le micro comme dans le macro sonore. Notre rencontre à micro ouvert s'effectua donc au chœur de cette belle Nuit Bleue.
Un entretien fort sympathique, vers 3 heures du matin, sur un banc au milieu du magnifique espace de la Saline Royale où sons et lumières étaient à la fête cette nuit là.

RETOUR

Ce fut un petit déjeuner sympathique sous un beau et déjà chaud soleil dominical, suivit d'un rituel étrange et tonique, façon quasi All Blacks auquel me convièrent les principaux protagonistes de cette nuit mais dont je tairais ici le secret pour ne pas tout dévoiler...

Ce fut enfin une agréable sieste matinale à l'ombre des chataigners, avant de regagner la ville brûlante, encore tout imprégnée des lumières et des sons de cet incroyable lieu... en attendant la prochaine édition.

En attendant, merci à toute l'équipe d'Elektrophonie.