Je suis d'accord avec vous, Monsieur le Président : les journalistes sont des fascistes. Je pense d'ailleurs que vous n'avez pas été assez loin. Ces gratte-papier, fouille-merde, scribouillards, sont en fait des nazis. Sauf ceux du Figaro, bien entendu. Comment oser jeter aux chiens un honnête homme comme Eric Woerth, comment oser dénoncer des pécadilles telles que quelques cigares payés sur une cassette publique, un travail sérieux sur un rapport complexe réalisé par une femme admirable, des voyages en jet privé d'un homme dévoué à son pays, des appartements de fonction détournés et autres balivernes inventées par des hommes et des femmes habillés en chemises noires et portant sur la manche gauche un brassard marqué du faisceau.
Le fait que la femme d'Eric Woerth ait été employée par Liliane Betencourt, le fait qu'Eric Woerth ait été chargé, en tant que trésorier de l'UMP, de collecter des fonds pour les campagnes électorales, auprès des grosses fortunes, alors même qu'il était chargé de contrôler, en tant que ministre du budget, leurs déclarations fiscales, n'a aucune incidence morale sur l'exercice de sa fonction.
Vous avez dit, Monsieur le Président, que les Français avaient un problème avec l'argent. Vous avez raison. Comme toujours. Les Français -et, humblement, les Réunionnais, Français depuis 1648- ont un problème avec l'argent : ils n'en ont pas. Et, c'est lamentable, d'accord, les états d'âme d'Eric Woerth, quand on ne s'appelle pas Liliane Bettencourt, on s'en fout. Complètement.
François GILLET