benjamin : J’en ai été le premier surpris, parce que le col de la Madeleine, malgré sa difficulté extrême, fut rarement un “juge de paix” comme le Galibier ou l’Izoard.
Le roi Cadel meurt, mais ne se rend pas !
Dès le départ, surprise avec ce pansement bleu innovant et très impressionnant qui “coinçait” tout l’avant-bras de Cadel Evans. L’échappée du matin se constitue, l’équipe BMC en charge de la défense du maillot impose un tempo, comme il se doit.
Un carton rouge décerné à Cunego pour son comportement odieux et totalement antisportif. Il n’a pas pris un relai dans cette échappée, suçant les roues pendant 180km, espérant ainsi arriver le plus frais et récolter les bénéfices du boulot des autres (venus lui parler à tour de rôle, sans succès). Pire, tricheries manifestes qui auraient mérité une mise hors course : faux “incidents mécaniques”, sur la radio changée deux fois, sur l’oreillette, à chaque fois comme par hasard quand ça grimpait, tranquillement accroché à sa voiture. Mais que font les commissaires ? Je pense qu’aujourd’hui il s’est fait dix “copains” qui auront la rancune tenace. Il y a une justice, il n’a pas gagné au final (nous en reparlerons)
Derrière, la succession de cols fait son effet ravageur même si ça ne se traduit pas concrètement dans la première phase. Jérôme Pineau fait les sprints de sommet (on se demande pourquoi Moreau “la pleureuse”, mesquinement, est allé lui disputer deux points alors qu’il n’a aucune ambition au classement du meilleur grimpeur !) Le gruppetto se constitue dès le premier col et il arrivera avec 40mn de retard (délais d’élimination aujourd’hui : 47 mn)
Col de la Madeleine, le dernier et le pire. Démarrage très sec de Vinokourov pour partir en point d’appui et durcir la course et… Cadel Evans esseulé (ses équipiers étaient “à la planche” craque. Dix mètres, vingt, trente, cinquante… puis très vite une, deux, trois minutes. C’est fini, il a perdu le Tour et même une place sur le podium.
Larmes de Cadel Evans, arrivé huit minutes après les échappés (il leur a quand même repris 2mn30 dans la plaine alors que ceux-ci roulaient à fond !), consolé, soutenu moralement par ses équipiers et son boss qui révèlera que l’équipe a fait une sorte de “poker menteur” : hier il était incapable de rouler pendant toute la sortie de “décrassage” et une radio a révélé un trait de fracture sur le radius consécutive à sa chute de dimanche. Mais “on n’abandonne pas le Tour quand on porte le maillot jaune”. Que répondre à cela ? (il est incertain pour demain : le médecin de l’équipe décidera “souverainement” en fonction des conséquences possibles sur son état de santé et des risques encourus)
Ce cador est profondément attachant et comme chaque année, il avait reçu hier le “prix de la bonne humeur et de la disponibilité” décerné par la presse. Un très brave type, un beau champion, jamais épargné par le sort.
Quel Tour !!
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Très rarement la maladresse ! Essayez donc, par exemple, d’enfiler une protection anti pluie sans tenir le guidon, en grimpant une pente de 10%, comme ils savent tous le faire… Il faut d’ailleurs savoir que si un incident ponctuel peut survenir qui provoque une chute collective, il est rare qu’on en tienne rigueur au responsable. Il faut qu’il ait eu un comportement de voyou (comme Cavendish à maintes reprises) ou qu’il soit franchement maladroit de manière réitérée pour que ça roume ! (les Colombiens étaient détestés, parce qu’ils ne savaient pas rouler en peloton et prenaient gamelle sur gamelle, entraînant d’autres coureurs avec eux). Ce qui ne pardonne pas quand on roule en peloton, c’est la “touchette” sur la roue arrière du coureur précédent. Gamelle assurée.
D’une part, on va plus vite grâce aux progrès des bécanes et à l’état des routes. Ensuite ces vélos sont justement devenus des machins “racés”, très rigides (c’est ça, bien plus que le gain de poids, qui les rend plus efficaces) et qui restituent donc toutes les aspérités de la chaussée. Le guidon saute bien davantage qu’avant.
Les descentes de col sont souvent plus dangereuses… quand elles paraissent faciles pour le profane. Si elles sont rectilignes, même à forte pente, les coureurs les prendront à plus de cent kilomètres à l’heure, sans risque majeur même si c’est impressionnant. Si au contraire on a une succession d’épingles à cheveux très resserrées, ils devront tellement freiner avant de relancer que le risque est également minime. C’est “l’entre les deux” qui est périlleux, surtout avec un virage “normal” qui se referme brutalement : parce qu’en principe on freine AVANT de tourner ; un coup de patin dans le virage, et c’est le décor assuré.
La chute à grande vitesse est souvent plus spectaculaire que dangereuse – sauf si on va “taper” sur un obstacle ou… des barbelés. Les glissières de sécurité en alu coupant sont les ennemies mortelles des deux roues : dans les courbes dangereuses on les remplace parfois par des rondins. A grand vitesse sur route sèche, vous glissez et vous vous “épluchez” (ces brûlures sont néanmoins très douloureuses, et empêchent le coureur de bien dormir puisqu’il se réveille dès qu’il bouge dans son lit : elles contribuent à l’épuiser)
Le dernier mort en course, sur chute : Salvodelli Casartelli. Et on se souvient peut être de la carrière de Roger Rivière, un “monstre” de son temps, très vite interrompue par une terrible chute dans un ravin (colonne vertébrale fracturée)
Les deux meilleurs descendeurs du moment : Hushovd et Cancellara
Pour terminer sur une note amusante : l’année dernière, un coureur a fait un splendide gadin, à 80 km-h, dans le Tourmalet. Il a atterri indemne trente mètres plus bas, sur un alpage et il a fallu une chaine de spectateurs pour l’aider à remonter à quatre pattes. Son vélo, lui, était 50 mètres plus bas encore ! (je ne sais pas si la caravane l’a récupéré)
L’ancien du jour : Roger Rivière
Les multiples sommets de l’étape du jour inspiraient le respect mais on attendait pas une sélection aussi sévère.
Les bouleversements sont maintenant quotidiens dans ce Tour et bientôt même les jours de repos
n’échapperont pas à la surprise. Le duel ébauché entre Shleck et Contador promet une fin de Tour passionnante et des Pyrénées palpitantes. A moins que les choses se rigidifient avant.
Le cru 2010 du Tour de France réconcilie avec la compétition cycliste. C’est déjà un grand bénéfice.
A.Shleck a dit « j’ai un plan » … Sarkozy … Aussi !