Dans les temps troublés que nous traversons, alors que les valeurs qui fondent notre démocratie et le « vivre ensemble » sont chahutées chaque jour un peu plus, nos concitoyens sont particulièrement attentifs aux excès qui portent atteinte au deuxième de ces quatre principes de notre République : l’égalité. Lorsque les difficultés de la vie quotidienne se font de plus en plus oppressantes pour les moins fortunés, que la précarité s’accroît, que l’inquiétude de l’avenir gagne de plus en plus de familles, le spectacle de certaines inégalités devient insupportable.
Chacun sait bien qu’il n’est pas question d’aligner tous les revenus au nom d’un quelconque égalitarisme, qui n’a jamais existé et qui n’existera jamais. Par contre, l’affichage très ostentatoire de certaines richesses et de privilèges « légaux » a de quoi scandaliser. Ceux qui gouvernent la France aujourd’hui devraient se souvenir que, dans l’Histoire, la prise de conscience d’inégalités devenues insupportables a souvent été à l’origine de colères populaires, aux conséquences parfois violentes.
Je ne m’appesantirai pas sur les turpitudes de l’affaire Bettencourt- Woerth, tant celle-ci souligne de façon évidente et caricaturale ces inégalités. Je me contenterai de prendre un exemple particulièrement parlant, au moment où le gouvernement dit vouloir « raboter » les niches fiscales…dont je rappelle qu’il s’agit d’avantages fiscaux concernant 468 domaines, qui font perdre à l’Etat 75 milliards d’euros. On se doute bien que ces avantages profitent aux plus riches, qui, chacun le sait, sont moins nombreux que les autres! Mais peu de gens savent que 931 d’entre eux se partagent à ce titre 5,3 milliards d’euros, alors que 10 millions de contribuables profitent de 557 millions d’euros* !!
Ces chiffres énormes montrent en tout cas que l’argent que le Premier ministre recherche, au nom de la rigueur, existe. N’aurait-il pas pu le prendre de ce côté là, plutôt que d’avoir choisi de désorganiser un peu plus les services publics et de couper dans les aides sociales et les subventions, comme il vient de l’annoncer ?
Je rêve, c’est vrai, j’avais oublié : il est de droite, il a un électorat et des catégories sociales à satisfaire. Attention quand même, car une partie de cet électorat risque de participer à la colère populaire.
Paul Quilles pour son blog