Il avait commencé par poser lui même une question, sur Facebook. Vendredi 9 juillet, à 18h39, Nicolas Sarkozy demandait aux internautes de lui faire part
«des sujets qui vous intéressent». La dernière fois qu'il avait utilisé Facebook, c'était pour encourager Raymond Domenech... Cette fois-ci, environ 2 800 messages, la plupart très
critiques (de l'appel à la démission aux questionnements de l'affaire Bettencourt), étaient venus remplir la zone de commentaires pendant le weekend. Mais lundi soir, sagement assis devant David
Pujadas, le Monarque n'avait pas envie de parler du Sarkogate. Il parla donc des «calomnies» qui affecteraient Eric Woerth, s'est défendu d'avoir touché des enveloppes d'espèces, a
fustigé les «officines» qui oeuvreraient en sous main pour l'attaquer.
Lundi soir, Sarkozy était tendu, parano, satisfait, récupérateur, et en recherche d'excuses.
Baliser le terrain
Lundi soir, Nicolas Sarkozy voulait «reprendre la main», dixit le Figaro. C'est dire s'il l'avait perdue. Sarkozy ne fut bon
que pour la conquête du pouvoir. Depuis mai 2007, l'homme s'est révélé inefficace, brouillon, piètre manager de son propre gouvernement. La récente annonce qu'il ne remanierait qu'en octobre pour
sanctionner quelques sous-ministres pris la main dans le pot de confiture fut le coup de grâce.
Pour l'intervention de lundi, il fallait donc baliser le terrain, nettoyer la place autant que faire se peut. Jeudi dernier, Claude Guéant était déjà à la manoeuvre : à croire certains témoignages de journalistes, c'est lui qui a livré coup sur coup des extraits tronqués
du premier procès-verbal de l'interrogatoire de l'ex-comptable de Bettencourt à quelques journaux, puis une déclaration officielle selon laquelle l'Elysée était enfin blanchie. Ainsi, Gérard
Davet, journaliste au Monde, confiait à Arrêt sur Images que «On n'a eu aucun mal à obtenir des extraits du PV, les
sources n'ont jamais été aussi nombreuses et faciles d'accès. Mais il a été beaucoup plus compliqué d'en obtenir l'intégralité.»
Le même journaliste reconnaît qu'il a publié dans la foulée ces informations tronquées, mais, qu'ayant des soupçons, il a tenté d'en savoir plus avant de découvrir que les extraits du PV
d'interrogatoire étaient suffisamment tronqués pour biaiser les conclusions... «C'est une stratégie élyséenne très précise de communication.» La phrase est lâchée. Cette lucidité
surprend : Gérard Davet est un habitué des sources gouvernementales. En décembre 2008, il avait été
le premier journaliste à sortir, sur le site du Monde, que le domicile de Julien Dray était perquisitionné. Quelques minutes avant que la perquisition ne débute... cette fois-ci, le voici
reconnaître la manipulation, sans toutefois en tenir compte dans ses propres écrits puisque le Monde fut l'un des premiers journaux, avec le Figaro, à relayer la thèse élyséenne sur les
soit-disantes rétractations de l'ex-comptable de Bettencourt...
Pendant le weekend, le rapport du directeur de l'Inspection Générale des Finances était venu partiellement corroborer la thèse présidentielle: aucune trace écrite ne prouvait
l'intervention d'Eric Woerth pour empêcher un éventuel contrôle fiscal de Mme Bettencourt. Plus surprenant, on apprenait dans le même rapport que l'ancien ministre du Budget disposait bien d'une
cellule fiscale au sein de son cabinet pour éplucher des situations fiscales individuelles, et que cette dernière avait vu passer plus de 6000 dossiers en deux années, dont... celui de Banier et
Bettencourt.
Eric Woerth, de son côté, s'était dit soulagé à la lecture de ce rapport. Dimanche, il souhaitait être entendu par la justice. la Justice ? Celle-ci n'est pas saisie. Pour l'instant, un
procureur, par ailleurs officiellement proche de Nicolas Sarkozy, conduit seul des enquêtes préliminaires. La Garde des Sceaux Michèle Alliot-Marie a d'ailleurs précisé que les enquêtes
en cours ne concernent pas Eric Woerth. Au moins, nous sommes fixés... Lundi, Eric Woerth a également lâché un sacré aveu : il réfléchit à démissionner de ses fonctions de trésorier de l'UMP. Rien que ça.
Cette clarification était demandée, à gauche comme à droite (Juppé, Lagarde) depuis le lancement de l'affaire Bettencourt à la mi-juin.
Autre précaution, le report de la publication d'un rapport de la Cour des Comptes sur le train de vie de l'Elysée. Didier Migaud, président de l'institution, avait convié la
presse pour samedi 10 juillet. Puis, surprise, la Cour des Comptes reporta la conférence de presse à jeudi 15 juillet. Laissons Nicolas tranquille...
Sarkozy tendu et parano
Lundi soir, à 20h15, le journal de France 2 se termine sur quelques images de liesse en Espagne, après la victoire du pays en finale de Coupe du Monde de football, la veille en Afrique du Sud.
Nicolas Sarkozy apparaît, face à David Pujadas, dans le jardin du Palais de l'Elysée. On dirait Versailles, le décor est solennel, donc pompeux. Les mains sont croisées et serrées, les pieds
aussi. Les cheveux du Monarque ont été laissés grisonnants. Les deux hommes sont dans le jardin de l'Elysée, sur une petite table marron. On devine un bois précieux, ou du marbre sombre. Les
fauteuils sont assortis, avec un dossier et des appuis-coudes blancs.
David Pujadas énumère les sujets à venir, mais débute par «l'affaire qui a occupé la scène politique» ces dernières semaines, le scandale Bettencourt, ou plutôt le Sarkogate. Le sujet
occupe une quinzaine de minutes sur l'heure d'interview. Sarkozy répond à Pujadas, qui lui demande si Eric Woerth sera à même de conduire la réforme des retraites après cette polémique, s'il a
toujours toute la confiance du Monarque ou bien quitter le gouvernement. «Oui, oui, Eric Woerth est un homme honnête, c'est un homme compétent, c'est un homme qui a toute ma confiance.»
répond Sarkozy.
La voix est presque cassée, preuve que la tension est extrême chez le Monarque. Les mains sont toujours serrées, très serrées...Les pieds sont toujours croisés, très croisés. Le teint est
blafard. mais Sarkozy répond. Sur l'affaire Bettencourt, il a défendu son collaborateur-bouclier Eric Woerth. Un ministre reste ministre tant qu'il n'est pas mis en examen, et tant qu'il n'est
pas convaincu d'avoir commis une erreur caractérisée, avait déjà confié un conseiller présidentiel au Figaro. Lundi soir, Sarkozy n'a pas dit autre chose. Mieux,
il cite le fameux rapport de l'IGF. Sauf que ce n'est pas n'IGF qui l'a réalisé, mais son directeur, avec trois adjoints. Mais Sarkozy ne répond pas là-dessus. Il reste «sérieux» et
rappelle que Woerth est «un homme profondément honnête qui vient de subir la calomnie pendant 3 semaines.» Eric, fameux bouclier.
Contre les «officines» dans l'affaire Bettencourt
Nicolas 1er insiste donc sur le «rapport extrêmement fouillé de l'inspection des finances», qui prouverait que «jamais, a aucun moment, ni d'aucune facon, Eric Woerth n'est intervenu
dans les affaires fiscales de Mme Bettencourt». Il n'y a donc aucune raison de s'en séparer, conclut le Monarque. Extrêmement fouillé le rapport ? Douze pages, hors annexe. Dix jours
d'enquêtes sur d'éventuels traces écrites d'une intervention de Woerth, aucune procédure contradictoire. Rien ne s'apparente à une enquête indépendante. Mais Sarkozy dénonce la perte de temps, et
cite les vrais sujets (chômage, crise, retraites, etc). Il n'y aura pas d'autres enquêtes que celle du directeur de l'IGF sur l'éventuel conflit d'intérêt d'Eric Woerth, prévient-il. A Pujadas
qui insiste, quand même : «cette question de conflit d'intérêt, je l'ai entendu.» N'a-t-il pas conscience de l'effet désastreux de ce genre de formule. Sarkozy paraît «hors
sol». Il annonce : «je demanderai à une commission représentant toutes les familles politiques d'y réfléchir.» Mais le Monarque s'y attendait. Il livre un peu de parano : «Quand
vous mettez en oeuvre des réformes, (...) la réponse, c'est bien souvent la calomnie.» Et il ajoute : «On l'a connu, il y a trois mois, ma femme et moi avons subi les pires
calomnies.» Il cite Clearstream. Il se défend: «On me décrit comme quelqu'un qui depuis 20 ans irait chez Mme Bettencourt chercher des enveloppes.»
Il prend l'air ahuri, indigné, fait mine de s'étonner: m'enfin ! Il n'avait pourtant qu'une annonce à faire, une seule, qu'il n'a pas faite : demander l'ouverture d'une instruction judiciaire
indépendante et autoriser la création d'une commission d'enquête parlementaire. Mais non, il ne faut pas exagérer. Pujadas insiste, et rappelle les témoignages recueillis ces dernières semaines
sur un financement politique illégale. Sarkozy, offusqué, se fait menaçant :
Sarkozy : «Monsieur Pujadas, est-ce qu'ils parlent de moi, ces gens ?»
Pujadas : «Non, Ils n'ont pas parlé de vous.»
Sarkozy : «Bon»
Le Monarque rappelle le témoignage du majordome des Bettencourt qui assura n'avoir vu Sarkozy venir dîner
ou déjeuner chez les Bettencourt que deux fois, «peut être trois», en 17 ans. N'y avait-il qu'aux repas que le couple Bettencourt remettait des enveloppes ? «Je crois que
chacun doit revenir à la raison.» Pas lui ? Il parle de ces «témoignages s'effondrent les uns après les autres.» C'était un complot. Sarkozy se lâche :
«Derrière les commentateurs, il y a des officines.»
Pujadas mentionne ensuite la probable démission d'Eric Woerth de ses fonctions de trésorier de l'UMP. Coup de
théâtre, Sarkozy récupère le coup : c'est lui qui l'aurait conseillé. Mais, prévient-il, «Je ne suis pas en charge du fonctionnement de l'UMP.» On croit rêver.
Le journaliste enchaîne ensuite sur les abus de privilèges des ministres de Sarkofrance, et la promesse d'une République irréprochable. d'une phrase, Sarkozy enterre Alain
Joyandet : «d'abord, deux ministres ont commis des indélicatesses. Je le leur ai dit. Ils ont en ont immédiatement tiré les conséquences.» Sarko ment. Joyandet, dans son Doubs natal, a
du balancer son verre dans l'écran de télévision. La République irréprochable ? Jamais l'Elysée n'aurait été contrôlé par la Cour des Comptes. Sarkozy s'attribue l'entrée de la Cour des Comptes
dans ceux de l'Elysée. C'est faux. Il s'attribue une démarche de ... Philippe Séguin. Autre exemple, il cite la nomination d'un député de l'opposition à la présidence de la Commission des
Finances de l'Assemblée Nationale. Il oublie l'avion à 180 millions d'euros, les cadeaux, yachts et lieux de vacances, envolée des frais de la présidence depuis qu'il occupe le Palais de
l'Elysée. Il oublie tout, ou presque.
«Mais vous comprenez le désarroi... » s'étonne Pujadas. «C'est vrai, il y avait dans notre pays des mauvaises habitudes.» s'excuse Sarkozy. Il n'a pas eu le temps de tout
réformer en à peine 3 ans de mandat... Et le financement des campagnes politiques ? Pujadas ne cite pas le Karachigate... Le Monarque énumère : «Clarté», «transparence» et
«honnêteté dans les procédures». Il demande
L'Elysée et Matignon sont concernés par la réduction des effectifs des cabinets...
Le journaliste s'enquiert d'un éventuel remaniement gouvernemental. Il n'aura lieu qu'en octobre. Sarkozy s'indigne presque : «Monsieur Pujadas, je suis président de la République, je suis
chef de l'Etat, un pays de 65 millions d'habitants» et de dénoncer « la valse des ministres et des ministères » qui serait «ridicule.»
Sarkozy ne comprend rien.
Scoop réchauffé, Sarko annonce qu'après les retraites, il s'attaquera à la dépendance dans le dernier tiers de son quinquennat. Sa nouvelle et dernière grande réforme.
Retraites, la fausse concertation continue
Sur les retraites, Sarkozy dénonce deux erreurs «insensées» : la retraite à 60 ans et les 35 heures. Il ressasse. «J'ai été élu pour traiter ce problème, pas pour le regarder»
explique-t-il en citant que 10% des pensions sont financées aujourd'hui par la dette. Pujadas mentionne l'injustice de la réforme. Sarkozy répond: «parlons des injustices»; et il cite
que le défaut de financement est la première des injustices... Quelles sont les alternatives ? Sarkozy se veut pédago. Il s'est détendu. l'affaire Bettencourt est derrière lui. Le voici qui
s'abrite derrière la mondialisation, et s'exclame : «le monde est un village». Sarkozy manque de mentir : Pujadas lui rappelle que les entreprises et hauts revenus ne contribuent que
pour 4 milliards d'euros. Le journaliste a potassé. Sarkozy botte en touche. Nouveau mensonge : il s'abrite derrière des exemples étrangers. Il oublie que la réforme conjugue durée d'activité
record en Europe ET recul de l'âge de retraite.
Sarkozy ne revient pas sur les 44 ans de cotisations nécessaires pour les carrières longues. Il répète les arguments d'Eric Woerth. Depuis le 16 juin, rien n'a changé. Il célèbre ses dispositions
relatives à la pénibilité : ça n'existait pas avant ! «Nous créons un droit nouveau.» M'enfin !
A quarante-huit heures de son propre départ en vacances, il précise que «tout l'été, on va travailler» pour améliorer le projet. Mais il rappelle les deux points sur lesquels il ne
reviendra pas : «les 62 ans, nous n'y toucherons pas.» Pareil pour l'équilibre des cotisations public/privé. Il faut le comprendre. «c'est difficile».
Sarkozy, lundi soir, voulait se faire plaindre.
Les manifestations de septembre ne changeront rien au projet. Mais il «respecte les manifestants». Ils sont prévenus... «je fais ça parce que c'est l'idée que je me fais de mon
devoir de chef d'Etat.» Il faut le comprendre, ce n'est pas de sa faute.
«Je sais qu'il y a de la souffrance»
Autre sujet, la crise. Quelle est donc la politique économique du gouvernement ? s'interroge Pujadas.
Sarkozy énumère ses excuses : crise économique, crise agricole, crise financière, crise de l'euro. Ici encore, ce n'est pas sa faute, il faut le comprendre... «Là, on a été servi.» On
oublierait presque que son paquet fiscal de l'été 2007 a aggravé la situation, en défiscalisant les heures supplémentaires et dégradant avant l'heure les comptes publics au point que certains à
l'UMP songent déjà à le détricoter.
Sur la réduction des déficits, où trouve-t-on les économies ? Sarkozy mentionne immédiatement la réduction du nombre des fonctionnaires. Pujadas se trompe, en parlant de 1,5
milliards d'euros d'économies. Le vrai chiffre est 800 millions d'euros. Sarkozy ne répond pas sur le fond de la question. Il promet de maintenir les exonérations de cotisations sociales pour les
services à la personne. Il ne faut pas trop exaspérer les classes moyennes. Sur le reste, il ne précise rien.Mais il répète qu'il n'augmentera pas les impôts :
Pujadas se lance ensuite sur le bouclier fiscal, et cite l'exemple de Liliane Bettencourt et ses 30 millions d'euros de remboursement obtenus l'an dernier. Sarkozy lève un sourcil. Il croyait
s'en être sorti : «Monsieur Pujadas, vous êtes un journaliste trop sérieux pour vous laisser aller à des formules pareilles.» Et il précise, en martelant ses propos : «de
tous les pays du monde, la France est celui qui taxe le plus ses plus riches.» Pujadas s'interroge: «à cause de l'ISF ?» Le cri du coeur du Monarque est éloquent, il
s'étrangle presque : «A cause de tout !»
Mensonges, quand tu nous tiens
Le bouclier fiscal, objet de polémique depuis des mois que la crise frappe le pays, demeurera. Sarkozy répète son mensonge fameux,
qui buzze depuis bien longtemps boutade sur le Web : «En 1997, les socialistes
allemands ont supprimé l'impôt sur la fortune en Allemagne». C'est faux, et archi-faux.
Autre exemple, tout aussi faux : «en 2008, les socialistes espagnols ont supprimé l'impôt sur la fortune en Espagne.» Il omet de préciser que certaines régions espagnoles l'avaient déjà
supprimées, quand José Luis Zapatero fit cette promesse en décembre 2007. Il oublie surtout de rappeler que Zapatero a fait machine arrière, en mars dernier, pour cause de crise économique !
«J'ai refusé de supprimer l'impôt sur la fortune !». Sarkozy s'emporte presque. Et à propos de Liliane Bettencourt, «Elle paye plusieurs millions d'euros d'impôts par mois. (...) On
est dans un monde nouveau, Monsieur Pujadas.» Le taux d'imposition de Mme
Bettencourt est estimé à 20%. Pas plus.
Nicolas Sarkozy est troublé par ces polémiques sur l'argent-roi : «Mais qu'est ce que c'est depuis quelques semaines que cette détestation de l'argent ?» Il ajoute : «C'est un
rapport malsain.» Pujadas lui demande s'il n'a pas de problème avec l'argent. Sarkozy s'indigne calmement. «En 35 ans, jamais on ne m'a accusé de quoique que ce soit de
sérieux.» Il ajoute «ne pas être un homme d'argent», sinon il «n'aurait pas choisi une carrière dans la politique.» Avocat peut-être ? Ou époux de chanteuse-mannequin milliardaire ?
Et le Karachigate?
Place à l'Europe, à la future organisation du G20 par la France. Nicolas Sarkozy a de grandes ambitions. Pujadas s'inquiète de la désunion franco-allemande. Sarkozy explique qu'il a du apprendre à connaître Angela Merkel, qu'il ne faut pas en vouloir à
l'Allemagne, qu'il «adore» l'Allemagne, qu'il ne faut pas lui reprocher d'avoir traîné les pieds face à la crise grecque. Il lâche même cette curieuse formule, une vraie bourde
diplomatique:
«On ne va pas faire payer à l'Allemagne le nazisme jusqu'à la fin des temps.»
Sur la sécurité, Pujadas critique l'inefficacité des lois contre les violences aux personnes.
Le Monarque prend quelques exemples, anecdotiques et à côté du vrai sujet, celui des agressions contre les personnes. Il ne réalise même pas. Il mentionne d'abord sa visite nocturne, cachée et
discrète en Seine-Saint-Denis («la sécurité en Seine Saint Denis, ça ne dérapera plus»). Il parle ensuite d'un futur projet de loi contre les mineurs-casseurs en milieu nocturne. Kessako
? Il voudrait que les parents viennent réparer les dommages de leur progéniture... Troisième exemple, la suppression des allocations familiales. Quatrième exemple, Sarkozy annonce la création de
20 établissements scolaires «à encadrement renforcé» pour y placer les élèves violents, et ce dès la rentrée prochaine.
Sur la nomination des patrons de l'audiovisuel public, Pujadas s'interroge sur le malaise né du soupçon d'interventionisme présidentiel. La réponse est incroyable, émanant d'un président qui n'a
cessé, pendant toute l'interview , de s'afficher moderne: «La République irréprochable, c'est la transparence.» Puis: «ce n'est pas mon choix seulement. (...) J'ai beaucoup
consulté.» Il ose même expliqué que les commissions culturelles de l'Assemblée et du Sénat pourront s'opposer à ce «choix du gouvernement». Choix du gouvernement ? Sarkozy n'assume
plus.
Avant de conclure, David Pujadas demande au président français s'il a des preuves de vie de ses deux confrères journalistes retenus otages depuis plus de 6 mois en Afghanistan : «Nous ferons tout
pour les sortir de la situation où ils se sont mis.» Notez la formule : «la situation où ils se sont mis.» S'ils sont détenus, c'est peu leur faute, non ?
Enfin, l'heure s'achève. Pujadas lance une dernière question : pourquoi avoir reçu Thierry Henri le jour des manifestations contre la réforme des retraites ? «Parce que je suis un passionné
de football.» C'est aussi simple que ça. Une simple manifestation narcissique. j'aime le foot, Thierry Henry est un grand joueur, donc je le reçois. On reste bouche bée. L'espace de quelques
minutes, Sarkozy devient patron de la Fédération Française de Football, et explique que grâce à lui, les joueurs n'ont eu aucune prime, et la direction de la FFF a été renouvelée.
Pour conclure, Sarkozy refuse de dévoiler officiellement ses intentions pour 2012: Il a du boulot, la France, ses réformes. Il n'a pas la tête à ça. Président, c'est une épreuve. «Il n'y en a
qu'un qui n'a pas le droit d'avoir des ambitions présidentielles actuellement. C'est moi. Car les Français veulent du résultat, du concret de l'action. Tout mon énergie et là.»
Lundi soir, Sarkozy fut tour à tour indigné, tendu, et hors sol. Tout le monde se doute qu'un président a du boulot. Seul Sarkozy semble le découvrir.
Sarkofrance
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Désintox : les contre-vérités de Nicolas Sarkozy
«les 30 millions d'euros reversés à Mme Bettencourt c'est le salaire annuel de 500 chercheurs» : Bertrand Monthubert
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