Renard bleu - Yves Beauchemin

Par Venise19 @VeniseLandry
Pourquoi avoir tendu la main vers ce Renard bleu ? Il est possible que vous vous posiez la question puisque, rarement, je lis du roman jeunesse et surtout de cette consistance : 376 pages. C’est particulier, tout au long de ma lecture, je me suis demandé : à cette longueur, est-ce pour les adultes ? Ce n’est qu’une fois la couverture refermée que j’ai lu un article faisant allusion au défi lancé à Yves Beauchemin, ce routier des histoires à longue haleine, d'aborder un roman jeunesse autrement que par la brièveté.
Disons-le, j’ai tout d’abord éprouvé de la difficulté à prendre à cœur l’histoire du jeune renard qui fait tout, y compris l’impossible, pour sauver ses parents tombés dans un coma par le mauvais sort jeté par la sorcière Eulalie Laloux. Je me suis bien sûr demandé pourquoi, puisqu’il m’est déjà arrivé d’embarquer dans la vie d’animaux qui parlent, les prenant pour des êtres humains quand on me les présente comme tels. Mais cette fois, le bon vivant et doux ours Gustave, l’orgueilleux canard athlète (mon personnage préféré), et le courageux Renard bleu, au poil si joli (compliment donné à profusion) ne m’ont jamais fait oublier leur état animal puisqu’on nous le rappelle sans cesse par la surprise des humains qui les côtoient. Prend aussi une part active à cette histoire, une famille fantôme et un squelette. À chaque apparition visible de ces « invisibles », la réaction en est une assurée de surprise syncopée.
Avant même la première ligne, on présente des personnages par un dessin et une mini-bio, c’est amusant, par contre, il m’en est resté un désir de continuer à les « voir ». Comme le roman a de l’action et est très visuel, il serait avantageux de le présenter en dessin animé, et je me demande même s’il n’a pas été écrit avec cet espoir ! En tout cas, les dessins des personnages ont assiégé mon cinéma intérieur.
Cette histoire erre dans un entre-deux ; entre l’humain et l’animal, entre le naturel et le surnaturel, entre l’éveil et le sommeil, entre la terre et l’eau, et nous amène même visiter les épaves du Titanic, ce que j’ai bien aimé. C’est bien mené et l’originalité se situe surtout au niveau des personnages (j’ai aimé l’âme valeureuse du chat que j’ai admiré encore plus que le Renard Bleu), par contre le défi de la longueur est plus ou moins relevé. C’est le genre d’histoire prévisible, entre des bons et des méchants et plus encore, vu que la sauce est étirée, on a le temps de voir venir. Plus condensée, elle aurait pris de l’élan, à mon avis. Mais suis-je la lectrice cible, malgré mon esprit enfantin qui s’est allumé à quelques reprises ? J’ai éprouvé de petits coups de cœur, mais en dent de scie. Lecture légère et distrayante, idéale pour s’aérer les méninges en y laissant passer un peu de fraicheur.