Sarko nous l’a annoncé hier : après les retraites, la prochaine réforme concernera la dépendance. Louable ambition sociale ou clientélisme bien compris ?
La présidence Sarko, c’est comme une telenovela colombienne, il faut toujours qu’il s’y passe quelque chose. Dans les telenovelas, on parle d’amour, d’argent, de ruptures et de retrouvailles. Chez Sarko, ce sont les réformes qui rythment les épisodes.
Ainsi, fidèle à son habitude, Sarko de nous apprendre hier que la prochaine réforme après celle des retraites – si Eric Woerth arrive à se relever de l’affaire qui porte maintenant son nom – sera celle de la dépendance (l’annonce avait déjà été faite à Brie-Comte Robert mais n’avait intéressé personne à l’époque). Et Sarko d’endosser son air compatissant en nous faisant part que seulement 20% des français en situation de dépendance pouvaient financer les dépenses que cette situation imposait.
Intention louable en soi. Et qui donnerait raison à Giscard d’Estaing dont on se souvient du désormais célèbre : « La gauche n’a pas le monopole du cœur. ».
Mais au moment où nos retraites font crouler le système – et que la réforme proposée ne réduit que partiellement le problème – où le déficit de l’assurance-maladie explose, et où l’état de nos finances publiques nous rapproche de plus en plus d’une crise à la grecque, l’Etat a-t-il vraiment les moyens de financer ce coût, que l’on imagine astronomique et exponentiel avec les années ? Rien n’est moins sûr.
N’y aurait-il pas une autre motivation que le progrès social, moins avouable celle-ci ?
A qui va bénéficier en premier cette réforme ? Aux plus de 60 ans, catégorie chez lesquels Nicolas Sarkozy a réalisé ses plus hauts scores à l’élection présidentielle de 2007 (61% des votes pour les 60-69 ans, 68% pour les plus de 70 ans contre 53% au niveau national). Cette catégorie de la population représente donc un des socles les plus importants de voix pour Nicolas Sarkozy. Qu’il a déjà épargnée lors de la réforme sur les retraites, où il a été décidé de ne pas la mettre à contribution pour le financement des retraites.
Ceci jette un fort doute sur les vraies motivations de ladite réforme : désir d’avancée sociale ou n-ième mesure clientéliste ?
Si l’on veut se convaincre que le gouvernement est bien dans une logique clientéliste, il n’y a qu’à regarder ses priorités, illustrées par ses dernières réformes : la sûreté (le fondamental de Nicolas Sarkozy, et toujours un bon moyen de rattraper des voix FN), les agriculteurs (traditionnellement acquis à la droite, mais chez lesquels la cote de Nicolas Sarkozy s’est lamentablement effondrée depuis 2007), les médecins (encore une population acquise à la droite), les restaurateurs / hôteliers à qui Nicolas Sarkozy a offert la TVA à 5,5% – mesure jugée par la Cour des Comptes « coûteuse dans un contexte extrêmement difficile » pour les finances publiques, et dont 61% des français souhaitent la suppression.
Autant de cadeaux et d’attentions à des clientèles sensibles pour la droite à l’approche de 2012. Auxquels la réforme de la dépendance viendra s’ajouter.
Alors, Monsieur Sarkozy, mettre en œuvre cette mesure, n’est-ce pas là un prix à payer excessif pour votre réélection en 2012 ?