Si je vous dis Olivier Vrancken, cela vous rappelle quelquechose ? J’espère bien, car souvenez-vous, nous vous avions parlé de lui il y a quelques mois, et notamment de sa faculté à exceller à la fois sur les créations « handmade », un brin tripées et son côté corporate affirmé, plus minimaliste.
Cumulant les gros clients à un travail ultra-personnel où il nous dévoile sa vision de l’Humain avec un grand H, Olivier n’est encore qu’au prémisse d’une carrière artistique qu’on pressent prolifique ! Un monsieur à suivre de près donc, que nous sommes allés dénicher dans sa campagne hollandaise…
Rencontre,
Salut Olivier, pour commencer, quelle heure est-il et où es-tu alors que tu réponds à notre interview ?
Je suis chez moi à Breda au Pays-Bas et il est 1h30 du matin.
Peux-tu rapidement nous parler de ton parcours ?
Et bien je suis sorti de l’académie en 1995 où j’étudiais le graphisme et l’illustration. J’ai ensuite pratiqué la peinture durant une année avant de me lancer dans une carrière de graphiste free-lance. Un statut avec ses hauts et ses bas que j’ai d’ailleurs gardé jusqu’à aujourd’hui… il faut dire que la route est bien souvent semée d’embûches !
J’ai ensuite déménagé vers la Hollande où j’ai rencontré ce type super doué en webdesign avec qui j’ai formé une petite agence de design appelée « Strafwerk ». Depuis je n’ai jamais vraiment arrêté de gribouiller, même si le besoin de m’y plonger véritablement s’est vraiment fait sentir à partir de 2009, époque où mes premiers travaux ont vu le jour !
Quelle est ta manière de travailler, as-tu un processus particulier lorsque tu te lances sur une nouvelle illus ?!
Juste l’instinct… Je pars simplement avec une idée vague, un ressenti, une image, une phrase et me laisse guider à partir de là !
Il semble que tu te diriges de plus en plus vers un travail handmade, une overdose du numérique ?!
C’est vrai que l’on peut dire ça… J’ai aussi l’impression de pouvoir m’exprimer davantage au travers de mon travail « handmade » qui me procure également plus de satisfaction.
Ton travail sur ordinateur est minimal, pur alors que sur papier il est plus fouilli et détaillé, comment expliques-tu cela ?
Mon travail sur l’outil informatique s’axe plus sur le côté « com’», plus efficace lorsque celui-ci reste propre et pure. Tandis que l’approche dans mes artworks est plus débridé, plus personnel.
Tes illustrations représentent souvent d’étranges humainoïdes évoluant dans des paysages imaginaires où se mélangent formes géométriques, symboles et patterns… Vu que je suis un poil curieux, que dirais-tu d’en choisir deux et de les analyser pour nous en apprendre un peu plus ?!
Ok je vais tenter. Je choisis donc « Cradle » et « Rise ».
Dans les deux œuvres, on peut ressentir une certaine solitude chez les personnages. Un peu comme s’ils étaient pris au piège dans leur propre monde, physique et mental.
«Cradle» s’axe plus sur les éléments de protection tandis que « Rise » vise le côté introspectif – le «Moi». Entourés d’éléments surnaturels et de symboles reflétant leur monde intérieur ainsi que les connections avec leur subconscient. Le tout interconnecté et divisé au travers de lignes et de patterns colorés qui tranchent avec le reste.
Puis-je également te demander pourquoi tu peins chacun de tes personnages en noir ?
Bonne question ! Même si j’avoue ne m’être jamais profondément penché sur celle-ci ! Ca s’est fait naturellement j’imagine, et au final, je trouve que le contraste que cela crée avec les patterns plutôt complexes est intéressant !
Parle-nous de l’illustration que tu as faite spécialement pour nous sur le thème Jekyll et Hyde ?
Dans cette illustration, j’ai représenté le morphing entre Jekyll et Mister Hyde. Un monstre invisible en pleine folie meurtrière dans Victoria Brittain.
Cette transition étant la métaphore de la résistance et/ou de la reddition envers le côté obscur.
Tu as pas mal travaillé avec le milieu de la musique. Je pense notamment à ta collaboration avec la Red Bull Music Academy. Quelle place la musique occupe-t-elle dans ta vie ?
La 3ème place !
D’ailleurs, peux-tu me donner un petit Top 5 des tracks qui tournent en boucle dans ton baladeur en ce moment ?!
Alors si on peut y inclure les albums :
De Puta Madre – Technik Stonic
Roots Manuva – Awfully deep
Burial – Burial
Hatcha & Youngsta – Dubstep Allstars Vol6.
Black Sabbath – Black Sabbath
As-tu toi-même déjà pratiqué la musique, joué d’un instrument ou même mixé ?!
J’ai joué de la basse dans un groupe de métal hardcore pendant plusieurs années vers 1990.
Passons maintenant à l’interview spéciale croyance (tu peux développer quand tu le souhaites) :
Crois-tu au papier ?! Oui
Crois-tu à l’évolution ? Oui, même si je pense qu’elle ne représente qu’une infime partie d’une grosse image.
Crois-tu en la monarchie ? Non, pouvoir au peuple !
Crois-tu en la culture DIY ? Oui, parce que personne le fera pour toi !
Crois-tu en l’internet ? Oui, même s’il est curieux de voir où tout cela nous mène !
Crois-tu aux reptiles ? ???
Crois-tu au New World Order ? Non, je pense que les gens ont encore assez de bon sens pour éviter ce genre de « dérive » !
Crois-tu en l’excès ? Non, l’excès ne marche pas ! Juste regarde autour de toi – le monde en ait déjà trop plein !
Crois-tu en la musique électronique ? Oui, j’en suis un gros fan – il y a d’ailleurs beaucoup de bonnes sorties en ce moment !
Crois-tu en Baphomet ? Il y a des années de ça j’écoutais un groupe appelé Baphomet.
Crois-tu aux galeries ? Certaines
Crois- tu au porno en 3D ? haha
Crois-tu aux pyramides dans le graphisme ? Oui
Crois-tu aux drogues ? Oui d’une certaine manière. Regarde l’Ayahuasca ou les champis…
Crois-tu en l’ambition ? Oui, c’est l’essence qui vous permet d’avancer !
Crois-tu au futur ? Oui, il est entre nos mains !
Quel est ton pire et à l’inverse ton meilleur souvenir lorsque tu te penches sur ta carrière ?
Le pire : Les clients qui te payent biiien trop tard ou qui tout simplement ne veulent pas payer… Ils se reconnaîtront !
Le meilleur : L’autosatisfaction de voir son travail fini !
Comment décrirais-tu ton univers en un mot ? Chaotique
Comment définirais-tu la société actuelle en un mot ? Absurde
Comment définirais-tu le milieu de l’art en un mot ? Désastre
Et enfin je te laisse le dernier mot pour la fin ?
Merci beaucoup pour cette interview.
Question bonus : Quelle question aurais-tu aimé que l’on te pose ? ( et sa réponse )
Hmmm… je ne sais pas vraiment, j’imagine que je n’ai pas vraiment la fibre du mec qui pose les questions !
Olivier Vrancken Flickr
Olivier Vrancken Website
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble