The Wrestler, un film de Darren Aronofsky, 2009
Golden Globes 2009 du meilleur acteur (Mickey Rourke) et de la meilleure chanson originale
Lion d'or à Venise, 2008
Tout le monde parlait de ce film à sa sortie car il s'agissait du grand retour de Mickey Rourke au cinéma, qui avait disparu de la circulation depuis pas mal d'années, mais qui aura marqué les esprits dans 9 semaines et demi...
Sérieusement, il m'avait plus impressionnée dans Angel Heart, réalisé par Alan Parker. Film sombre et inquiétant à souhait...
The Wrestler raconte l'histoire de Randy, un lutteur qui a connu son heure de gloire dans les années 80. Il continue à se battre dans des sous-sols d'église, personnalisant le bon gars (chacun joue un rôle dans les matches de lutte), pendant que dans sa vie privée, il a plutôt tout laissé tomber... Boulot sous-payé, relations très mitigées avec sa fille qu'il a plus ou moins abandonnée quelques années auparavant, tentative de séduction d'une danseuse / strip-teaseuse qui ne doit pas sortir avec ses clients. Mais après un match un peu intense, il fait une crise cardiaque dans le vestiaire et doit subir un pontage. Sa carrière de lutteur est finie. Malgré tout, il veut combattre une dernière fois contre son adversaire d'alors, pour un match-revanche-vingt-ans-plus-tard...
The Wrestler est un film de rédemption comme l'Amérique sait en produire. Son scénario est relativement mince et la psychologie des personnages très stéréotypée.
Tout est malheureusement prévisible dans l'histoire de la déchéance de cet homme. L'histoire avec sa fille commence brusquement (ils se rabibochent bien vite) pour se terminer tout aussi rapidement dans les larmes. Le père absent qui regrette et veut se rapprocher de sa fille est encore une fois tellement classique et ne m'a pas attendrie.
Le plus troublant dans ce film finalement, c'est le retour de Mickey Rourke, qui est tellement lui-même transformé, physiquement parlant, que l'on se dit qu'il a dû en manger, des coups, dans la vie (il fut d'ailleurs lui-même boxeur).
Les scènes de lutte, nombreuses et assez écœurantes, montrent jusqu'où ces hommes sont prêts à aller pour offrir le plus beau spectacle, et se faire aimer du public. Ça frôle parfois le sado-masochisme (quel plaisir de se rouler dans du fil de fer barbelé, de s'entailler le front avec une lame de rasoir cachée dans son poignet, ou encore mieux ! Se planter des dizaines d'agrafes dans le corps...), mais j'imagine que c'est réaliste, et l'on voit aussi à quel point le public est excité à la vue de ces agressions et de ces luttes violentes.
Ce film m'a fait souffrir, en réalité : j'avais mal pour lui, l'impression de faire une crise cardiaque à sa place, de prendre les coups pour lui. Cela pourrait être bien, car signe d'une identification à ce personnage, mais il s'agissait d'un malaise, une tension sourde et continue qui m'était fort désagréable. Il se retrouve tellement amoché parfois que ça m'a interpellée : comment peut-on en arriver là ?
Mis à part ces quelques réflexion qui me laissent très ambivalente sur ce film, je n'ai rien trouvé d'original à cette histoire et à la réalisation que Darren Aronofsky en a faite, lui qui nous avait pourtant donné deux films-chocs et originaux : π et Requiem For a Dream
Quelques aspects du film ont cependant été bien approfondis : la reconstitution de cet univers dur dans lequel vit le héros du film, les détails évoquant les années de gloire de Randy Ram (le générique du début), la description des différents milieux évoqués dans le film (le milieu du strip-tease, les petits boulots au supermarché du coin, celui de la lutte avec ses gros combattants au cœur énorme), le drapeau américain planté un peu partout, la musique Heavy Metal des années 80-90 que Randy écoute tout le temps et qui accompagne les matches de lutte... Tous ces détails donnent un film extrêmement bien campé dans son époque (ou hors de son époque devrais-je écrire) et dans son milieu (populaire).
Avec The Wrestler, Darren Aronofsky (avec son scénariste Robert D. Siegel) a redonné ses lettres de noblesse à Mickey Rourke, mais n'a pas grossi sa filmographie d'un chef-d'œuvre...
Un article dans le journal Le Monde
Et une critique fort élogieuse dans Panorama Cinéma
En écrivant ceci, j'écoute Jeanne Cherhal, Charade (2010, Barclay)