"Les plans de rigueur adoptés par tous les pays européens ne vont pas seulement être douloureux, ils sont aussi économiquement très risqués. Cette austérité généralisée risque de tuer dans l'oeuf la timide reprise de l'économie européenne en pesant sur une demande interne"...
"Combinée à une reprise rapide hors d'Europe la chute de l'Euro apporte certes une bouffée d'oxygène , mais il est douteux que cela suffise"...
"Il faudrait une réelle coordination des politiques économiques dans la zone euro et plus seulement une police des déficits publics"...
CE QUE L'ON PEUT EN RETENIR :
"En Europe, l'heure est partout à la rigueur,"
"Acculés par les marchés financiers les pays du sud de la zone euro ont pris des engagements très ambitieux (la Grèce doit économiser 35 milliards d'euros, l'Espagne, 65 milliards en 3 ans... le Portugal va ramener son déficit de 9,4% du PIB à 4,6% dès 2011, l'Italie a prévu une cure de 26 milliard d'euros d'ici 2012)...
La nouveauté de ces dernières semaines, c'est que les pays qui n'avaient pas connu de vague d'endettement privé ou public manifestement excessif avant la crise, adoptent eux aussi, des politiques budgétaires restrictives...
A commencer par l'Allemagne... qui veut économiser 81 milliards d'euros sur 4 ans, les Pays-Bas qui souhaitent ramener le déficit public néerlandais à zéro d'ici 2015, et la France avec la déclaration de
François Fillon qui a confirmé vouloir réduire le déficit de 8% du PIB aujourd'hui à 3% en 2013...
C'est donc un ajustement budgétaire sans précédent qui se dessine à l'échelle de toute l'Union Européenne... Irréaliste ?
Sans doute, mais surtout risqué et probablement contre-productif. car à trop vouloir réduire les déficits dans un contexte de reprise balbutiante, l'Europe risque de replonger dans la récession...
... La monnaie unique a perdu 15% de sa valeur depuis le début de l'année, une bonne nouvelle pour les exportations européennes... et la reprise observée (à confirmer cependant) dans le reste du monde semble solide... au point que certains économistes, voient dans les exportations, un relais de croissance suffisant pour compenser les effets des politiques d'austérité sur la demande intérieure européenne..
Ce scénario optimiste mérite toutefois d'être nuancé... la Zone euro reste un espace économique très fermé... et la volatilité des marchés des changes ne permet guère de tabler sur le maintien de l'euro à des niveaux bas...
Par ailleurs, la dépréciation de l'euro ne bénéficie pas à tous les pays de la même manière... (l'Allemagne en profite cinq fois plus que la Grèce et trois fois plus que l'Espagne)...
Si la reprise économique se confirme dans le reste du monde, cela va pousser de nouveau le cours des matières premières à la hausse... pénalisant particulièrement l'économie européenne qui n'en produit presque plus...
Pour éviter d'aller dans le mur, la zone euro ne peut se passer d'une demande soutenue... Les pays vont maintenant devoir se serrer durablement la ceinture pour faire face au surendettement contracté avant la crise...
Dans un tel contexte, il faudrait que d'autres pays, qui, comme l'Allemagne, mais aussi les Pays Bas, l'Autriche et les pays scandinaves, dégagent des excédents extérieurs ; soutiennent activement leur demande intérieure...
Pour parvenir à une gestion macroéconomique de la zone euro, il faudrait se doter de règles de gouvernance économique plus intelligente que la simple police des déficits publics prévue actuellement par le pacte de stabilité et de croissance...
Or, dans le contexte actuel de défiance et de repli national, personne ne semble prêt à accepter des abandons de souveraineté supplémentaires au profit de l'union...
Du coup, les débats sur la gouvernance économique de la zone euro, risquent de se limiter au seul renforcement de la polices des déficits publics, bien que celle-ci ait déjà fait la preuve de son inefficacité"...
SOURCE : Alternatives Economiques