Tous les ingrédients de la haine de classe journalistique s'y trouvent en effet réunis de manière suspecte, ce qui ne signifie pas pour autant non plus qu'Eric Woerth and Co soient blancs comme neige.
Cela dit, si Eric Woerth n'est pas blanc comme neige et qu'il est mis en examen, je ne cache pas que je n'aurai aucune peine pour lui. Ce serait en somme une nouvelle version de l'arroseur arrosé.
Je n'ai pas apprécié les attaques immorales [voir notamment mes articles La France qu'on n'aime pas: celle d'Eric Woerth et de Martine Aubry et Les 3'000 sont-ils tous des évadés du fisc piégés par l'inquisition française? ] qu'il a portées contre le secret bancaire, qui fait partie de la souveraineté individuelle et qui permet de préserver la sphère privée contre les abus de l'inquisition étatique.
Cela dit, je suis choqué, au rebours de ce que dit la presse française, que soient étalés publiquement les éléments de la fortune de la famille Bettencourt. Que Madame Liliane Bettencourt ait eu des comptes en Suisse prouve d'ailleurs que la Suisse savait - est-ce encore le cas ? - être une terre d'accueil pour les évadés des enfers fiscaux, au premier rang desquels se trouve la France de Sarkozy, surendettée et en perdition.
Peu de temps après les déclarations fracassantes d'Eric Woerth sur l'utilisation sans vergogne des données bancaires volées par Hervé Falciani à HSBC , André Menuisier publiait dans Le Matin Dimanche , le 19 septembre 2009, un article ici qui, à l'époque, a échappé à ma vigilance. Cet article montre à quel point les électeurs français en Suisse de Nicolas Sarkozy peuvent s'être montrés naïfs. Cet article révélateur est bien évidemment ressorti à la faveur du remue-ménage actuel.
Selon André Menuisier, Eric Woerth, accompagné de Patrick Devedjian, est venu le 23 mars 2007 récolter des fonds, pour l'élection de Nicolas Sarkozy, auprès de riches donateurs potentiels français installés en Suisse. Les deux compères UMP, grâce à l'antenne locale présidée alors par Pierre Condamin Gerbier, avaient mis les petits plats dans les grands pour lever des fonds : réception au Crowne Plaza de Genève ici, puis réunion au Caviar House de la rue du Rhône à Genève ici . La récolte avait été bonne : 7 millions d'euros...
Après les déclarations d'Eric Woerth d'août et septembre 2009, les donateurs de 2007 faisaient grise mine. Ils étaient cocus mais pas contents. Naïvement ils avaient cru que Nicolas Sarkozy ferait une aministie fiscale, qu'il baisserait les impôts, qu'il libérerait l'économie alors qu'il n'était un avatar de plus de la fausse droite, celle qui capte les voix de droite et des libéraux pour mieux faire une politique de gauche, socialiste et confiscatoire.
Un banquier français, opérant dans une banque genevoise, écoeuré par les "techniques peu glorieuses" employées par Eric Woerth, déclarait même :
"Eric Woerth ne cherchait pas alors à savoir [en mars 2007] si les chèques qu'on lui remettait étaient prélevés sur des comptes suisses non déclarés au fisc français."
Francis Richard