J'ai un côté rock et un côté jazz. J'aime beaucoup quand les deux côtés fusionnent. Nguyen Le est un musicien de jazz français aux univers éclectiques et riches. Puisant dans la tradition vietnamienne ou maghrebine, il développe depuis longtemps (j'ignore s'il est célèbre ?) le concept d'une musique plurielle, métisse.
Sa rencontre décalée dans le temps avec l'immense Jimi Hendrix a été l'occasion d'un enrichissement commun. Hendrix apporte une partition in fire au jeune (encore un peu...) guitariste et Nguyen Le et ses musiciens l'interprètent, en respectant l'obligation de jouissance paroxystique due à l'héritage du grand fornicateur gaucher, MAIS en renvoyant celle-ci dans la sphère musicale, exorcisant le côté sombre d'Hendrix : on a le plaisir, on a la jouissance, mais à la fin on est pas obligé d'être mort.
La vidéo n'est pas terrible, mais elle traduit bien ce qui me plait ici, l'absence totale de charisme du guitariste - magnifique musicien par ailleurs, mais piètre héros romantique, comparé au flamboyant Jimi) en est le garant : on peut conserver d'Hendrix la musique, débarrassée de tout pathos hallucinogèno-mortifère qui glace sa légende dans l'abstraction d'un enfer pétrifié.
Une autre version jazzée de Purple haze, par un guitariste parfois impressionnant et absolument agent-double (le rock et le jazz l'habillent avec autant d'élégance), Larry Coryel, dans un Tribute to Jimi Hendrix: