En tant qu’auteur, j’ai souvent dit que les jeux vidéo parviendront à prouver qu’ils sont une nouvelle forme d’art quand ils seront capables de tirer des larmes aux joueurs, et pour une fois, pas à cause des difficultés à installer tel plug-in ou telle carte nécessaire au lancement du jeu ! Souvent les gens me rétorquent que leur préoccupation première en jouant aux jeux vidéo n’est pas de trouver le même type d’émotion qu’ils ressentent devant tel film ou à la lecture de tel roman. Pourtant, ceux qui, comme mon fils, y ont goûté une fois, risquent de ne plus voir les choses de la même façon. Ils tenteront sans doute de retrouver ce bonheur à travers d’autres jeux. On m’objecte que la richesse et la subtilité de la grammaire cinématographique ou du cinéma sont plus aptes à véhiculer de véritables émotions. A ces objections, je fais souvent observer que nous n’en sommes qu’au tout début. Qui aurait cru, en visionnant l’Arrivée d'un train en gare de la Ciotat ou devant l’Arroseur arrosé des frères Lumière, qu’il serait possible, quelques décennies plus tard, que des salles entières aient les larmes aux yeux devant les films de Chaplin ?
Illustration : Le Kid, de Charlie Chaplin, 1921.