C’est aujourd’hui que le Haut comité sur la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire (HCTISN) remet son rapport.
Ce Haut comité avait été saisi, en novembre 2009, par Jean-Louis Boorlo et par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, pour faire la lumière sur la gestion des matières et des déchets nucléaires.
Les industriels du nucléaire vont devoir revoir leur communication
Le rapport (consultable en ligne) présente (seulement !) deux avancées majeures : d’abord le taux de recyclage annoncé dans le rapport est loin, très loin de celui habituellement mis en avant dans la communication d’Areva.
Alors que l’industriel communique partout autour d’une énergie recyclable à 96%, le rapport annonce une économie d’uranium liée au recyclage de 12% ! Le collège associatif a même pu établir que sur les dernières années le taux effectif de recyclage se situe entre 3,9 et 1,7% (Voir pages 5 et 6 du document).
Dans la même veine, la communication des industriels autour du « cycle » nucléaire est condamnée dans le rapport, qui fait la preuve que certains déchets ne sont jamais réutilisés et qu’on ne peut donc pas parler de « cycle fermé ».
« Ces deux exemples prouvent qu’en France le nucléaire ne survit pas à la transparence« , déclare Christine Gilloire de France Nature Environnement (FNE) . « Les industriels ne vont plus pouvoir faire croire que le nucléaire est une énergie propre et renouvelable. Et faire reposer l’avenir des déchets accumulés sur une hypothétique génération 4 est parfaitement illusoire. »
Les associations déçues par le contenu du rapport
Alors que la plupart des participants au Haut comité ont montré une bonne volonté franche, les industriels et les exploitants (EDF et Areva) ont exploité une faille méthodologique pour progressivement orienter le rapport à leur avantage.
Ainsi, le bilan est mitigé : le travail a, en majorité, été positif. Les membres du Haut comité ont eu accès à des informations inédites et ont pu faire avancer la transparence là où l’opacité régnait. Mais le problème méthodologique rencontré a malheureusement permis à EDF et Areva de rester flou sur certains sujets ou de modifier le rapport sans aucune validation.
Une partie du collège associatif décide donc de ne pas avaliser le rapport en soulignant que le principe même du Haut comité et sa bonne volonté ne sont pas en cause.
Ils demandent que la diffusion du rapport soit accompagnée d’une note sur leurs points de désaccord, rédigée avec Yves Marignac (WISE-Paris), expert invité du groupe de travail.
Des points de fond pas assez étudiés
Certains sujets évoqués dans le rapport ne sont pas suffisamment traités en profondeur, et notamment la dimension historique : elle n’est pas prise en compte, ce qui apparaît comme une aberration. Le bilan fait du « cycle » nucléaire est incomplet en ne donnant qu’une synthèse approximative des bilans actuels. Cette synthèse ne reflète ni les difficultés rencontrées dans les années passées ni la question de la gestion de l’accumulation de stocks passés.
Pour Pierre Barbey de l’ACRO: « le rapport est incomplet sur certains points et nous sommes en désaccord sur d’autres. Nous ne pouvions cautionner un tel document. Il ne s’agit pas, pour nous, de condamner le HCTISN mais bien de réclamer plus de moyens et plus de temps pour lui assurer un fonctionnement optimal. »
En savoir plus :
Le Rapport du HCTISN (Juillet 2010)
Note des associations : HCTISN : Transparence et gestion du « cycle » du combustible : un travail imparfait et inachevé