Mathieu Amalric a l’une des carrières les plus intéressantes du cinéma hexagonal de ces dernières années, et le voir revenir comme réalisateur nous rappelle que l’homme n’est pas seulement acteur. Et c’est un grand bonheur de le retrouver réalisateur.
Voici donc une histoire de glamour, de danse, d’exotisme, et de cabaret. Amalric incarne un producteur français, exilé, revenant en terre de France avec un spectacle peu commun, et des danseuses hors normes. Une troupe de New Burlesque en provenance direct des États-Unis pour quelques dates au pays de l’amour. Et ces danseuses portent haut les couleurs de leur show! Dans cette tournée de province, entre hôtels de petites villes et errances désertiques, voilà une troupe de danseuses qui se retrouvent bien loin des lumières de Paris pour leurs rêves de France, et ex-initié de cette vie parisienne qui y revient par la petite porte. Se mettant lui-même dans la peau de ce pariât du monde artistique, Amalric y apporte toute la fragilité et l’ambiguïté qu’il sait donner à ce genre de rôle.
Et toute la magie du film tient finalement à l’honnêteté de la démarche initié par Mathieu Amalric, mettant en scène des créatures de spectacle jouant leurs propres rôles, dépassant la réalité pour apporter à la fiction une émotion sur écran, autour d’un mécène qu’est Amalric, tour à tour amant, protecteur ou père. Dans ce fratras de couleurs et de froufrous, le film se révèle un spectacle à part entière, entre inspirations du Nouveau Continent et aspiration de l’Ancien. Se terminant finalement sur ces personnages, loin de tout autre problème, Tournée se révèle très humain et célèbre avant tout le spectacle, et les personnes qui sont derrière, tout en émotions. Un vrai grand film, bien tenu pour son réalisateur justement célébré à Cannes, pour une vraie joie de vivre devant l’écran. A revoir très vite donc.