Les tribunaux britanniques avaient successivement débouté les deux hommes, un Camerounais identifié comme "T" et un Iranien par "J", estimant qu'ils pouvaient éviter toute maltraitance dans leur pays d'origine en dissimulant leur orientation sexuelle.
Le gay camerounais avait fui son pays après avoir été tabassé par une bande alors qu’il embrassait publiquement un autre homme, dans un contexte où l'homophobie est attisée par les chefs religieux et où la presse pratique le outing à outrance.
Le tribunal avait tout de même reconnu, compte tenu des récentes exécutions, que le gay iranien courrait un risque réel s’il devait retourner dans son pays.
Pourtant, l’avis juridique statuait que ces deux hommes devaient retourner dans leur pays et y être "discrets" par rapport à leur orientation sexuelle.
La fin tragique de la jeune allemande, morte dans le camp de concentration de Bergen-Belsen, invite à réfléchir sur les dangers que représente le durcissement des politiques d'asile en Europe pour les populations fragilisées.
Elle nous incite également à questionner le mépris affiché par certaines autorités par rapport à la capacité des individus à se réaliser pleinement.
Au niveau européen, l'établissement d'une liste de pays réputés sûrs, dans laquelle figurent toutefois plusieurs États condamnant l'homosexualité, contribue à négliger ce type de discrimination et à justifier le renvoi de personnes dont l'intégrité physique et morale se trouve véritablement menacée.
Ces affaires rappellent d’autres tristes cas, comme celui d’un mexicain débouté par le Canada parce qu’il n'était pas assez efféminé.
Comme si le péril dont des homosexuels peuvent faire l’objet dans des pays où ces pratiques sont pénalisées se résumait à une question de discrétion.
Saisis sur la recevabilité d'un tel argument, les cinq juges de la Cour suprême britannique ont estimé à l'unanimité qu'il était contraire à la Convention de l'ONU sur le statut des réfugiés.
Cette convention stipule que les membres de certaines communautés ont le droit d'asile dans les pays signataires du texte s'ils peuvent établir qu'ils risquent d'être persécutés dans leur pays.
Soulignant qu'au moment de la rédaction de la Convention la persécution des homosexuels dans certains pays n'était pas considérée comme un problème car leurs dirigeants en niaient l'existence, Lord Hope a déclaré "Plus récemment, attisé par une doctrine religieuse mal avisée mais vigoureuse, la situation a changé dramatiquement".
Il a notamment évoqué "l'interprétation ultra-conservatrice de la loi islamique qui prévaut en Iran" ou encore "l'enseignement homophobe endémique que des Églises évangéliques de droite diffusent à travers la majorité de pays d'Afrique sub-saharienne".
Elle a ajouté "A partir d'aujourd'hui, les décisions en matière d'asile seront examinées en vertu des nouvelles règles et le jugement nous fournit une base légale immédiate pour revoir nos directives en ce qui concerne les demandes basées sur la sexualité".
Ces nouvelles directives de la Cour suprême britannique sont beaucoup plus ancrées dans la réalité de la vie des homosexuels dans les pays répressifs.
Il y a des formes d'oppression qui sont tout aussi effectives et destructrices que de se faire emprisonner et exécuter.
En effet dans beaucoup de pays, les gays sont obligés de vivre une vie hétérosexuelle par peur d'être exclus de la société, poursuivis et emprisonnés.
Être forcé de dissimuler son orientation sexuelle est déjà une discrimination, puisque la personne se censure dans son identité et sa nature profonde.
Seigneur, fais que les gays persécutés trouvent l’asile et la paix.