L’Espagne a remporté le tournoi mais pas seulement. La Roja a fait ce que personne n’attendait d’elle depuis les 8èmes de finale. Une performance rare que celle de gagner en ayant été capable d’adapter son style.
94ème minute d’Espagne-Suisse : la Roja perd, pour les statisticiens, toutes chances de gagner la coupe du monde. Au-delà des chiffres, le jeu n’est pas au rendez-vous, Fernando Torres entré à la mi-temps n’a déjà pas été lui-même, Casillas a été bien timide sur le but helvète et le jeu a semblé très horizontale.
Moins d’un mois plus tard, Del Bosque a osé des changements qui ont porté leurs fruits. 1er d’entre eux : la patience. Les espagnols qui avaient un peu perdu leur calme pour ce match d’ouverture ont ensuite appris à attendre pour étouffer leurs adversaires. Les matchs contre le Portugal, le Paraguay , l’Allemagne et la Hollande ont été gagnés en fin de partie.
Deuxième option payante : offrir les clefs à Villa. L’ancien de Valence est une immense star en Espagne où on respecte sa fidélité à son club (il a quand même 28 ans) et où on adore son jeu à risques, sa frappe de balle et sa technique impeccable. Oui, Villa est une vedette mais pas de quoi sortir Torres. Et pourtant, Del Bosque à osé et à gagner. Torres qui ne représentait seulement la 3ème et dernière solution de rechange pour la finale. Un symbole.
Dernier choix, blinder ! C’est étonnant mais l’Espagne a gagné grâce à sa défense. Les ibères n’ont pas pris un seul but depuis la fin du 1er tour. Casillas a sorti le pénalty de Cardozo et gagné son duel contre Arjen Robben hier soir mais c’est à peu près tout. Signe que le milieu de terrain a serré les lignes, que la possession de balle a été plus forte encore et que les défenseurs ont repris le dessus notamment Sergio Ramos, incroyable de puissance tout le mondial.
Alors, la Roja, comme toutes les équipes championnes du monde a eu de la chance. Elle aurait pu prendre l’avion dès les quarts de finale si Cardozo avait marqué ou si l’arbitre avait validé le but de Neslon Valdes. Mais depuis deux ans l’Espagne enchante le football par sa volonté de prendre le ballon et de jouer. Et dans ce tournoi bien terne, c’est largement assez.
Lech Makaay