Belles, Bêtes et Symboles (3).
Profil au Paon, Edgar Maxence, 1896.
On sait qu’Edgar Maxence, en tout bon peintre symboliste qu’il était, se passionnait pour les figures mythologiques, les scènes médiévales et la “matière de Bretagne”. Faut-il donc voir dans ce portrait au paon un hommage à Junon ?
En effet, la déesse du mariage et de la fécondité, soeur et épouse de Zeus, a mis sur son animal attitré les yeux de son fidèle Argus, tué alors qu’il était en mission (surveiller Io).
Ou bien faut-il voir dans ce portrait de femme la représentation de la résurrection, symbole chrétien de l’animal ?
Dernière hypothèse, s’accordant bien à la misogynie de l’époque, doit-on interpréter ce tableau comme une critique de la vanité féminine ? Le paon étant, depuis des siècles, associé à l’orgueil néfaste de l’homme (au sens large). Le titre lui-même, Profil au Paon, semble faire peu de cas du sujet féminin. Les yeux des plumes et le paon en arrière plan attirent les nôtres (de yeux) et sont d’un bleu plus dense que celui de la jeune femme.
Je n’en sais fichtre rien. Toujours est-il que cette belle au grand menton, cette harmonie automnale de bruns-roux forestiers et de bleus soutenus me séduit et me fait me pâmer ; pour un peu, je paonnerais même.