En cette Année internationale de la Biodiversité, décrétée par l'ONU alors que tous les clignotants sont au rouge, les 25 installations présentées en cinq lieux différents par "Naturel Brut" traitent d'un même thème: les services offerts par la nature. Accompagnées chaque fois d'une brève introduction aux menaces qui les guettent.
Espèces invasives, OGM, surconsommation et déchets en excès, Antarctique et dérèglement climatique, mystérieuse disparition des abeilles, chaque artiste illustre un thème à sa guise et le WWF rédige en pied une notice du naufrage annoncé: une espèce sur quatre menacées chez les mammifères, une sur trois chez les poissons ou les amphibiens, alors que notre survie, à commencer par l'alimentation et les médicaments, dépend de la nature.
Ainsi, une cascade de corbeilles en osier - "Goulu", de Rodolphe Huguet - qui s'échappe de trois platanes bicentenaires, dans le Parc des Buttes-Chaumont, figure une énorme colonne de vide-ordures: l'occasion de rappeler qu'en 40 ans, la quantité de déchets en France a été multipliée par deux (24 millions de tonnes/an) et surtout que "99% des ressources prélevées dans la nature deviennent des déchets en moins de 42 jours".
Les vingt-cinq artistes ont été sélectionnés par le collectif COAL, qui défend l'art engagé en faveur du développement durable.
"Tous les artistes présentés sont nés dans les années 70, ils ont grandi alors que le développement durable devenait un enjeu", explique la commissaire de l'exposition, Lauranne Germond.
Outre les Buttes-Chaumont, où sont présentées neuf installations, le Jardin de Bagatelle dans le bois de Boulogne en propose sept dont de petits paysages bizarres et fantastiques ("Micromégas", de Hugues Reip), le Square du Temple, dans le quartier du Marais (3è arr.) quatre autres - parmi lesquelles des "Logements sociaux pour les moineaux" en forme de tours d'immeuble.
D'autres viendront en fin d'été: place de la Bourse à partir du 10 septembre sur la pollinisation des abeilles ("La Bourse ou la Vie"), le long du Canal Saint-Martin ("La Ruche"), ainsi qu'un suivi multimédia - sur smartphone - d'un couple de renards du bois de Vincennes équipé de balise GPS...
Les installations resteront en place jusqu'en octobre, sauf si le temps qu'il fait ou les visiteurs leur infligent d'indignes outrages. Toutes les visites sont gratuites sauf celle de Bagatelle (5 euros l'entrée des jardins).
Pour un programme complet de l'exposition, y compris les promenades guidées: www.naturel-brut.fr