C’est aujourd’hui que je commence à faire part des témoignages reçus suite à la petite enquête que j’ai lancée il y a peu. Je voulais au départ faire un article, un seul mais … les témoignages récoltés m’ont donné l’envie d’aller visiter les lieux qu’ils me décrivaient et que je ne connaissais pas. Aujourd’hui, c’est avec une petite chapelle charmante que la « saga » - si je puis me permettre de pompeusement l’appeler ainsi – va débuter.
Sylvaine, exilée en milieu urbain depuis 30 ans, jardinier de métier, actuellement acheteur horticole et originaire de Masseube, nous parle de la Chapelle de Theux :
« [Là-bas], la vue sur les côteaux gersois et la chaîne des Pyrénées est panoramique, et en été, lorsque la chaleur est intenable ailleurs, ici le vieux chêne qui monte la garde depuis quelques siècles, apporte le calme, la fraîcheur et la quiétude nécessaires au repos. Bon d'accord, c'est prévu pour le repos éternel des morts... mais bon, ce lieu est exceptionnel, j'y vais à chacun de mes séjours à Masseube. »
C’est samedi après-midi, en revenant de Tarbes par les petites routes de campagne, qu’à quelques centaines de mètres de Saint-Elix-Theux, j’ai aperçu un panneau indiquant la Chapelle de Theux sur la droite. Comme j’avais reçu le témoignage deux jours auparavant et que ma curiosité était exacerbée, je n’ai pas hésité une seconde à faire un détour même si je mourrai de chaud dans ma petite 205 et que j’avais une folle envie de rentrer et plonger dans la piscine.
J’ai donc découvert La Chapelle de Theux, sur une colline perchée, abritée par un large chêne verdoyant, au milieu d’un décor campagnard fait d’or et de lumière.
La position géographique de la chapelle permet d’avoir un splendide panorama qui mène bien au-delà des contrées gersoises. Certains pensent que la chapelle a été bâtie sur une ancienne motte féodale, d’autres pensent que ce fût sur un enclos ecclésial. Il n’en reste pas moins que c’est à environ 300 m d’altitude que l’édifice s’impose, aussi modeste soit-il, et affronte les vallons et plaines jusqu’aux impressionnantes Pyrénées. C’est une certitude, quand le temps le permet, on les voit, ces belles montagnes ! Pas de chance pour moi ce samedi après-midi, on n’en voyait qu’une infime ombre discrète. Mais ça n’enlevait rien au charme des lieux, ça donnait juste envie de revenir un jour où les cimes seraient bien visibles.
La date exacte de construction de cette chapelle est floue. J’ai eu beau trouver quelques éléments de documentation, aucune ne donne une date certaine. Seules les années gravées à même dans les murs font penser, avec évidemment son style architectural roman, qu’elle daterait du XVI è siècle.
Cette chapelle a deux saints patrons. Oui deux. Elle était à la base dédiée à Saint-Pierre qu’on retrouve sur le tableau de l’autel. Elle est devenu ensuite le lieu de pèlerinage des « estropiés » qui venaient quémander l’aide de Saint-Eutrope censé guérir des malheurs (« Eutrope » signifie « qui va vers ce qui est bien »), d’où cette double appellation « Chapelle Saint-Pierre de Theux » et « Chapelle Saint-Eutrope de Theux ».
J’ai été très surprise de pouvoir pousser la porte sans l’ombre d’une difficulté. Chaque fois que je veux entrer dans ce genre d’édifice, la porte et ses verrous résistent. J’ai donc pu découvrir l’intérieur et sa fraicheur. J’ai particulièrement adoré ce vieux sol de pavés rouges usés par le temps, irrégulièrement posés.
Le clocher-mur de la chapelle n’a plus qu’une seule cloche. A l’origine il en avait 2 mais on raconte qu’en 1814, la cloche manquante aurait été volée par « les anglais ». Chapelle victime de larcins, une vierge de la pitié aurait également été subtilisée par d’autres voleurs. Pour rajouter un peu de légende, on dit que l’un des deux cloches repoussait l’orage…
Qui en venant là ne remarquerait pas le grand chêne massif, qui semble faire corps avec la chapelle ? Un arbre magnifique qui a même été classés comme étant l’un des plus beaux arbres de France. Avec ses 8m30 de haut , il a dépassé trois siècles et est depuis très longtemps soigné et protégé notamment par une loi de 1874 qui promet punition à celui qui oserait le détériorer !
Voilà donc un lieu agréable, calme, sublime, avec un paysage à couper le souffle, où , que l’on soit ou pas croyant, on a envie de revenir de temps en temps pour son charme, son panorama à 360 degrés et trouver un peu de quiétude. Merci donc à Sylvaine pour ce témoignage, grâce à elle, j’ai fait une découverte passionnante !