En espérant que la file de commentaires nous épargnera les réflexes pavloviens, les truismes habituels qui font taper sur le cyclisme – et que sur le cyclisme.
Un peu d’histoire.
Les épreuves cyclistes d’antan étant titanesques (ce n’est pas Rama Yade qui a inventé l’expression les forçats de la route mais le grand Albert Londres), l’habitude de “prendre des tisanes” (ce qui n’était pas illégal) a commencé très tôt. Ça allait de l’alcool fort à la cocaïne en passant par des cocktails composés en partie de strychnine (!!) avant que les coureurs – comme bien d’autres sportifs - ne passent aux amphétamines.
Les amphèts ne donnent pas de forces supplémentaires. Elles diminuent la douleur, elles réduisent la sensation de fatigue, de faim, de soif. Bref elles permettent de repousser les limites, parfois tellement qu’on en meurt. Toutes ces sensations (faim, soif, douleur, fatigue) sont des signaux d’alarme que dame nature a prévus pour nous avertir.
On ne citera pas de nom parce qu’il ne faut jamais accuser sans preuve, mais de curieux décès de sportifs – et pas que des cyclistes, loin de là : en ce domaine le football ou l’athlétisme sont fort bien représenté – sont dus à ces autotransfusions. Parce qu’un tel “geste médical” pratiqué avec des poches conservées dans des glacières domestiques dans un environnement “chambre d’hôtel”, pour provoquer des chocs anaphylactiques ou des septicémies foudroyantes…
Quelques réflexions, en vrac.
Quand les performances augmentent et que les records tombent en athlétisme et en natation et ce dans des conditions surréalistes, c’est “le progrès humain”. En vélo, c’est “la preuve que ce sont tous des dopés” alors que les progrès en matériel ont été gigantesques ces vingt dernières années. (je me suis toujours demandé si l’arrêt brutal de la carrière de Manaudoun’était pas du au fait qu’elle ne voulait pas devenir une camée).
Les cyclistes professionnels sont les seuls à devoir signaler leur présence partout dans le monde, pour subir des contrôles inopinés 365j sur 365 sans préavis, pour compléter le “passeport sanguin”. (Les autres sportifs, rarement contrôlés, ne le sont que dans les stades)
Une dernière remarque, sur le cyclisme français. Nous avons la chance d’avoir une AFLD intraitable sur la lutte anti dopage, très en avance sur les autres pays. Peut être est-ce pour cela que les performances de nos pioupious sont en deçà ? (paramètres parmi d’autres ; parce que logistique et méthodes d’entraînement comme exigences des directeurs sportifs entrent aussi en ligne de compte) A noter qu’au fur et à mesure que l’UCI est contrainte de faire son job de façon moins laxiste, ils deviennent meilleurs, comparés aux autres.
Bêta bloquants (anti hypertenseurs) pour diminuer le rythme cardiaque.
Antidépresseurs (laroxyl) pour diminuer les tremblements (tir, arc, et… pétanque)
Ventoline, pour mieux respirer en dilatant les bronches.
Diurétiques… qui ne dopent pas directement mais qui masquent certains produits.
Conclusion : Le citoyen lambda a le droit de condamner le dopage. Mais dans la mesure où il se rue sur les tranquillisants dès qu’il est un peu stressé, sur les coupe-faim pour maigrir au lieu de se bouger le cul, sur le café quand il baille (au lieu de se coucher plus tôt), sur le red bull, l’alcool, le tabac, voire le “petit joint pour déstresser“, “le rail de coke pour tenir” (chez les bobos cadres, ça le fait bien), etc., est-il en position morale pour jouer les Fouquier-Tinville?
********************
L’ancien du jour – Roger Pingeon
Un fantastique baroudeur, capable de tenir un peloton à distance respectueuse dans des échappées solitaires grandioses. Hélas, mental fragile qui a limité son palmarès (très belle victoire au Tour 2007 gagné en équipe nationale – un court retour – grâce à une fantastique échappée qui l’a mené à Jambes avec 5 minutes d’avance sur le peloton, et grâce au dévouement sans faille de Poulidor qui l’a attendu dans Galibier quand il a été attaqué par Jimenez et Gimondi.
benjamin (textes et illustrations)