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Il est difficile d'aborder Disgrace, de par son contexte d'abord, mais surtout de par la complexité de son propos à la fois réaliste et métaphorique, qui s'applique à tous les niveaux de son récit aux multiples facettes. Disgrace explore le coeur des hommes, de ces hommes - et femmes - qui ont fait le choix de vivre, ou qui depuis toujours vivent, là-bas, en Afrique du Sud, ce pays déchiré par les affrontements d'hier et dont les stigmates demeurent encore vivaces, sous-tendant l'ensemble des relations qui se tissent sur son sol, entre ses protagonistes déchirés en eux-mêmes. Jamais cependant il n'est question de légiférer sur la légitimité des uns ou des autres à revendiquer la terre. Le récit a l'intelligence de se focaliser sur une poignée de vivants qui se débattent à la fois avec leurs démons intérieurs et ceux qui ont terrassé leur pays.
Au final, on a la sensation d'une besoin de repentir, ou d'acceptation, en même temps que l'on perçoit un certain fatalisme, beaucoup de regret, et d'amertume, ainsi qu'un sentiment confus de compréhension face à l'intolérable. Le film donne à ressentir, plus qu'à voir, ne juge rien, livre ce qu'il peut, et apporte un regard inédit sur ce pays encore méconnu, finalement, avec beaucoup de délicatesse, tout en restant dérangeant, sur le fil. Après avoir multiplié les pistes à suivre et dévoilé quelques considérations poignantes, Disgrace s'achève sur un plan à la force évocatrice irrépressible, s'éloignant de ces deux foyers perdus dans les terres et qui figurent, à l'écran, l'ultime parabole sur ce pays aux paradoxes saisissants, comme un aperçu immédiat du futur, encore en devenir.
Disgrace, en tous les cas, ne saurait laisser quiconque indifférent, et continue à hanter d'une manière lancinante longtemps après son visionnage, porté par la musique troublante de Graeme Koehne et Antony Partos.
En bonus, la rencontre avec l'équipe du film est appréciable, éclaire sur certains points, même si l'on peut regretter l'absence de certains membres du catsing, notamment, les comédiens sud-africains. Le making-of est à l'image du film: vu de loin, mais sympathique. Quelques séquences de tournage non commentées et les bandes-annonces complètent l'ensemble. A noter que le film est en VO/VOSTF uniquement.
*1h59 - sud-africain, australien - Steve Jacobs - 2010
*Cast: John Malkovitch, Jessica Haines, Eriq Ebouaney, Antoinette Engel, Paula Arundell...
*Genre: Out of Africa
*Les + : La fluidité du récit, porté par des thèmes forts, une vision délicate et volontairement en retrait, des interprètes charismatiques, des décors naturels sublimes et une musique envoûtante.
*Les - : Le thème principal est rude, dérangeant, pas forcément facile d'accès...
*Lien: Fiche Film Cinétrafic
*Crédits photo: © Bac Films
Disgrace :
Un film de Steve Jacobs avec John Malkovich et Jessica Haines
Distribution : BAC Films
Fiche produit boutique BAC Films
Date de sortie : 15/06/2010