Boulot : un étudiant averti en vaut deux !

Publié le 12 juillet 2010 par Sébastien Michel
Un tiers d'échecs en fin de cycle chez les étudiants salariés... (source cereq). Étudiants en quête d'un emploi, prenez-vous cette giclée d'angoisse et… déstressez ! Dites-vous que ce cerveau mirifique qui vous mena jusqu'aux études supérieures saura bien vous aider à déceler les mauvais plans boulot !
S'il est vrai que certaines entreprises (selon la politique maison ou le management régional) sont connues comme des pourvoyeuses d'emplois "spécial étudiant" plus ou moins valables, le but n'est pas ici d'en faire un listing désobligeant (le bouche à oreille se chargera de vous briefer !) mais plutôt de proposer des pistes de réflexions pré-embauche.

Globalement, le MPB ( mauvais plan boulot !), c'est celui qui va empiéter sur votre Moi Véritable : l'étudiant. Ce qui implique quelques prises en considérations. Dès vos premières recherches, apprenez à trier les opportunités. Les annonces "best of" (parutions régulières) des gratuits devraient vous mettre la puce à l'oreille ! Un trop gros turn over est souvent symptomatique de mauvaises conditions de travail (rythmes infernaux, hiérarchie tyrannique etc…). Quant aux propositions d'activités à domicile (dans les journaux ou sur Internet), bien que fort alléchantes, elles n'en sont pas moins suspectes. Basés sur l'utilisation de votre réseau amical/familial, les premiers résultats vous permettront dans la plupart des cas de rentrer dans votre investissement. Une fois épuisée cette source de "clients", les bénéfices risquent de se faire rares : un système pyramidal pas très honnête assez décrié sur les forums. A fuir si un investissement financier vous est demandé tel l'achat d'un CD méthodologique, d'une page sur le net. De même, les castings à l'issue desquels votre porte-monnaie sera sollicité pour la création d'un book : on ne paie pas pour bosser (pas encore en tout cas !).

Étudiez la situation géographique de l'employeur : un long trajet = plus de fatigue et des frais de transport. Soupesez la charge de travail. Un boulot pénible physiquement implique un temps de récupération important et peut-être évolutif. Huit heures de pots de yaourts à remplir à la chaîne suivies " Des fruits d'or " de Nathalie Sarraute, ça vous dit ?
Gardez à l'esprit que si l'entretien d'embauche est l'occasion pour votre employeur potentiel de vous évaluer, c'est aussi pour vous une opportunité de cerner le poste en question. N'hésitez pas à poser des questions, à demander un descriptif écrit du poste afin de l'étudier à tête reposée avant de recevoir une réponse ou dans le cas d'une prise de position immédiate exigée, vous aménager un temps de réflexion durant la lecture. Écrites ou orales, les activités "annexes" ou "autres" doivent vous être décrites ( vous vous éviterez une augmentation des tâches sans augmentation salariale !).L'évocation d'heures supplémentaires ou de changements d'horaires doit vous amener à réclamer des éclaircissements illico: heures sup payées à quel taux ? Changements de planning prévus à combien de jours ?

Dans la lancée, les horaires ne sont pas à négliger non plus : de nuit, 3/8 une accumulation de fatigue risque de peser sur vos capacités intellectuelles ( gardien de nuit, c'est cool mais vous dormez quand ? En cours ?) Ne présumez pas de vos forces. Vous êtes jeunes certes, mais votre santé est garante de votre réussite. Selon P. Askenazy, économiste et chercheur au CNRS, " Les contraintes organisationnelles, notamment de rythmes et de délais, se généralisent. L'"incertitude au travail", comme le fait de devoir effectuer des tâches non prévues, augmente pour toutes les catégories de salariés, accroissant la charge mentale. Le contrôle par la hiérarchie décline au profit d'un quasi-doublement du contrôle informatique, concernant désormais plus du quart des salariés.
Même si la réduction du temps de travail a limité la fréquence des semaines longues, les temps sont de plus en plus éclatés. Le travail de nuit (surtout des femmes) se développe. Les horaires atypiques ou imprévisibles deviennent la norme, induisant des difficultés pour conjuguer vies privées (dont l'éducation des enfants) et professionnelle ". (source : le Monde).

Enfin, dernier aspect à considérer : votre bien-être psychologique. Un job dont vous ne pouvez vous défaire passé le pas de votre porte peut s'avérer néfaste. Evitez les situations douteuses qui risquent de laisser des séquelles : hôtesse de bar, modèles photo ( petites annonces), animatrice (-teur) rose, attention, glauquissisme ! Penser aux conditions de travail : passer une journée en mini-kilt à distribuer des échantillons peut se révéler éprouvant selon le quartier. De même, endosser un costume de mammouth laineux peut s'avérer désagréable ( inconfort + blagues cruelles du public).D'une manière générale, votre jeunesse vous expose à des abus iniques : harcèlement moral, dévalorisation, paternalisme envahissant. Un temps d'adaptation parfois désagréable est monnaie courante, un mal-être qui s'installe n'est pas acceptable. Vous ne pouvez pas vous le permettre. C'est pourquoi, la prudence conseillerait d'opter dans un premier temps pour un CDD (quitte à le proposer à votre employeur), de mettre à profit votre période d'essai pour évaluer les plus et les moins de ce job et de ne pas hésiter à aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte !
Et si malgré toutes vos précautions, vous ne parveniez pas à éviter le MPB, dites-vous qu'une mauvaise expérience vous apprend beaucoup de choses : ce que vous êtes capable de supporter, jusqu'où, ce que vous voulez et surtout ce que vous ne voulez plus ! Imaginez-vous coincé à vie dans cette entreprise : de quoi potasser avec ferveur ses bouquins, non ?