Valli : poème "Soleil couchant"

Elle marche droit vers le soleil
Comme une flèche que rien n'arrête
Car seul son instinct en éveil
Semble la guider sur la crête
La mort aussi puissante soit-elle
Ne saurait entraver son pas
Recherche vaine et bien réelle
De son enfant dans son trépas
Refrain :
Pourquoi le sort frappe-t-il encore
Les démunis, les innocents ?
A l'heure où les nations déplorent
La guerre, la misère et le sang
Combien de vies, combien de larmes
Faudra-t-il verser en souffrance
Pour que brûle à nouveau la flamme
De la chance et de l'espérance ?
Quand ce matin dans le brouillard
Vers ses ennemis s'est jeté
Il était déjà bien trop tard
Pour fustiger sa destinée
Sous les obus il est parti
Mort pour son pays, sa patrie
Lui qui ne choyait que la vie
Fou de sa famille, sa fratrie
Elle marche droit vers le soleil
La tête haute, le regard fier
Elle ne peut croire en son réveil
Et doit accepter son calvaire
Quand tout à coup elle surprend
Un jeune soldat du camp adverse
Tout devient grave et dérangeant
La vengeance est seule maîtresse
Elle marche droit vers le soleil
Sa main enfouie sous son veston
Pour en tirer l'arme vermeille
Crime, justice ou bien pardon
Trébuche, tombe puis ressuscite
Et c'est dans un dernier sursaut
Qu'elle vise son coeur, se décapite
Pour enfin trouver le repos
Elle marchait droit vers le soleil
Dénouement tragique et amère
Une femme, un fils sans pareil
Confrontés tous deux à la guerre
Seule persiste la certitude
Que tous les regrets sont permis
Et qu'enfin pris de lassitude
Sonne le glas de l'infamie