Sans mĂŞme s’attarder sur le profil de Pflimlin (qui connaĂŽt dĂŠjĂ France TĂŠlĂŠvisions pour avoir dirigĂŠ France 3 par le passĂŠ), il s’agit de comprendre comment l’exĂŠcutif voulant se façonner un service public de l’audiovisuel sur mesure s’est profondĂŠment trompĂŠ, attisant autour de lui toutes les craintes, mĂŠfiances et amalgames d’une sociĂŠtĂŠ sous pression. RĂŠmi Pflimlin ou comment opter pour celui que l’on n’a pas choisi.
Car l’information ĂŠtait sortie depuis de longs mois dans la presse selon laquelle le jeune loup de Lagardère et d’Europe 1, Alexandre Bompard ĂŠtait plus que pressenti pour prendre la direction de France TĂŠlĂŠvisions. Jeune cadre dynamique, Ă la rĂŠussite certaine Ă Canal + par le passĂŠ puis actuellement Ă Europe 1, son profil corroborait complètement avec les envies pressantes d’un bouleversement profond au cĹ“ur de France TĂŠlĂŠvisions (amorcĂŠ par la rĂŠforme de l’audiovisuel et la suppression partielle de la publicitĂŠ).
NĂŠanmoins, l’exĂŠcutif ayant les coudĂŠes franches pour mettre en action son plan s’est fait rattrapĂŠ par le contexte. Car comme dans tout bon produit de communication un texte n’est pas grand chose sans son contexte. Vouloir introniser Bompard, c’ĂŠtait un plan ambitieux pour le groupe public qui allait très certainement s’en trouver fortement modifiĂŠ. Etre dĂŠsignĂŠ par l’exĂŠcutif, ĂŞtre connu comme ĂŠtant proche du pouvoir dans un contexte oĂš les privilĂŠgiĂŠs de l’Etat ont mauvaise presse (cf. Woerth / Bettencourt), cela ne pouvait manifestement pas ĂŞtre la solution idoine. De fait, mettre en scène RĂŠmi Pflimlin, c’est braquer les projecteurs sur un inconnu du grand public, qui vĂŠhicule avec lui une image lisse qui sera, pour une part, attĂŠnuer les inquiĂŠtudes lĂŠgitimes liĂŠes Ă son mode de nomination. Par ailleurs, ce choix a ĂŠtĂŠ majoritairement bien accueilli par la classe politique (le choix de l’homme et non son mode de dĂŠsignation).
Mais la question demeure. Pourquoi s’ĂŞtre fabriquĂŠ un “jouet” sur mesure avec l’audiovisuel public alors que l’on est mĂŞme pas capable de pouvoir en profiter pleinement ? Pourquoi avoir dĂŠpensĂŠ tant d’ĂŠnergie pour un mode de dĂŠsignation qui attise la colère de tous ceux qui se soucient de la libertĂŠ de la presse et des mĂŠdias ?
La probabilitĂŠ du boomerang est avancĂŠe par certains. En tous ĂŠtats de cause, cette situation au delĂ de l’aspect purement rocambolesque (attente interminable avant la dĂŠsignation) montre bien comment l’exĂŠcutif voue une adoration aveuglante envers le système mĂŠdiatique lequel par son apparence tentaculaire, s’infiltre dans toutes les sphères de la sociĂŠtĂŠ et se trouve donc soumis Ă toutes les turbulences contemporaines. L’exĂŠcutif a brisĂŠ une partie de son nouveau “joujou“, il lui reste maintenant Ă grandir, comprendre comment ce jouet fonctionne au mieux et le reconstruire patiemment. Mais que voulez-vous certains enfants sont si impatients…
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