Dans sa maison de tôle sur Veronica lane à Bay City au Michigan, Amy vit avec Denise et Babette et est hantée par une Histoire troublante et nauséabonde qui lui incombe des journées et nuits infernales. Issue d'une famille juive persécutée par les nazis à Auschwitz, la vie d'Amy vacille entre réminiscences traumatisantes et tentatives de suicide. Chaque nuit, Amy scrute le ciel mauvâtre de Bay City et implore sa miséricorde. Pour l'héroïne du roman essayiste de Catherine Mavrikakis, le ciel est une sorte de drap qui, ayant imbibé en lui les événements farouches du passé, enveloppe les êtres humains dans un cocon sphérique connu sous le nom d'existence. Bien qu'elle soit née dans les années soixante, quinze ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le passé meurtrier persiste toujours dans l'âme d'Amy. Chaque nuit, elle espère que le ciel formera quelque embrasure pour laisser les mauvais souvenirs s'échapper à jamais. Mais le ciel se montre indifférent à l'endroit des maux des humains. Ainsi, Amy bafoue toute théorie religieuse selon laquelle le ciel est sensé venir en aide aux hommes et se contente d'apprivoiser une souffrance torride qui implante dans son esprit des pensées suicidaires.
Catherine Mavrikakis, avec Le Ciel de Bay City, a remporté le Grand Prix du livre de Montréal, le Prix littéraire des collégiens, ainsi que le Prix des libraires du Québec. Son dernier roman puise, selon moi, son franc succès dans son récit essayiste à narration intercalée qui constitue à la fois une aspiration et une répulsion envers la mort au coeur d'une philosophie nihiliste où la mort et la destruction sont des solutions aux peines récalcitrantes.