L'article qui suit est ma réponse à l'article de Fabien Deglise sur le décrochage scolaire, paru dans Le Devoir le mercredi 5 août 2009 et publié en ligne à l'adresse suivante :http://www.ledevoir.com/2009/08/05/261686.html
La science-fiction, une solution au décrochage scolaire? Oui et non. Ce genre littéraire est caractérisé par une participation de la science à un récit imaginaire romanesque. L'intervention de la science éveille chez le lecteur un sentiment d'anticipation, et lui brosse le portrait d'un univers prédominé par une croyance en un progrès cumulatif. Dans les romans de Asimov, par exemple, l'histoire se concentre autour d'un thème précis(les robots, entre autres) qui évolue positivement au fil du récit. La situation finale d'un récit de science-fiction est ainsi semblable à une percée scientifique qui a été le fruit, dans le cas d'un laboratoire de recherche, d'expériences. Pour le roman de science-fiction, ces expériences prennent la forme de péripéties, chaque nouvelle péripétie renfermant une conséquence de plus grande envergure que celle qui l'a précédée. Les faits faisant appel à la science constituent donc le fil narratif de l'histoire. La science-fiction porte d'ailleurs bien son nom car, de un, il s'agit d'un récit imaginaire, et de deux, parce que ce type de récit témoigne des réflexions sur la science auxquelles s'est adonné l'auteur. La science-fiction, en tant que genre littéraire, est tout aussi pertinente à lire que le théâtre, le roman policier, ou le conte philosophique.
En ce qui a trait à la science-fiction dans la lutte contre le décrochage scolaire, ce genre de littérature devrait, à mon avis, éviter de se targuer d'être en mesure de remettre les élèves décrocheurs sur pieds. Comme nous l'avons vu ci-haut, un récit de science-fiction est le résultat d'une réflexion scientifique déjà prémâchée par l'auteur, le récit en soi n'étant que la crème du gâteau.
En revanche, la littérature dite classique que les professeurs donnent habituellement à lire aux élèves(ex : Phèdre, Candide, Les Misérables, l'Odyssée, les fables de La Fontaine...), se démarque du genre de la science-fiction, par, justement, un progrès RELATIF, qui se distingue par une réflexion autour des grands enjeux humains universels et intemporels(adultère, amour, tolérance, courage, morale, vie, existence, justice...). La science-fiction, quant à elle, recherche davantage une réflexion PROSPECTIVE sur l'avenir de la condition humaine. Or, le rôle premier de l'école secondaire est d'inculquer aux élèves la culture de base, celle qui rend les jeunes aptes à comprendre leurs valeurs dans le moment présent, dans le ici et maintenant.
N'oublions toutefois pas que la science-fiction propose elle aussi un questionnement autour des valeurs humaines. Mais celui-ci est beaucoup plus discret et moins évident à saisir, surtout pour les élèves en difficulté.
Les oeuvres classiques sont une porte ouverte sur les grandes questions humaines alors que la science-fiction est un portail qui exige une clef d'audace.