La vie d’Aiko change le soir où sa famille se fait massacrer par une « chimère », un monstre affreux. Par miracle, elle en réchappe et se réveille à l’hopital. Mais elle s’aperçoit que son bras gauche n’est pas le sien, même si elle ne sait pas pourquoi. Dans le même temps, une chimère débarque à l’hopital et commence à massacrer tout le monde, tout en se dirigeant vers Aiko. Alors que la jeune fille est sur le point de se faire tuer, son bras réagit et tue le monstre.
Variante s’inscrit dans un registre que j’aime beaucoup, mêlant le glauque à la réflexion avec beaucoup de maitrise.
L’histoire commence fort avec un petit massacre, juste pour dire se mettre en bouche. Non content de nous offrir une bonne dose d’hémoglobine et de chairs en lambeaux, le mangaka enchaine sur la souffrance intérieure de l’héroine qui se retrouve munie d’un bras gauche monstrueux. Dès lors, le gore est en suspend pour se consacrer uniquement à la psychologie. Cette partie reste la meilleure par sa justesse et sa dureté morale. Il est des histoires du mêmes genres qui ne laissent qu’un gout amer en bouche, ce qui n’est pas le cas de Variante. Alors que la pauvre Aiko essaie de comprendre le pourquoi de sa situation, le destin frappe une nouvelle fois en détruisant tout ce qui fait d’elle une être humaine (par exemple, le massacre de sa meilleure amie sous ses yeux alors qu’elle acceptait enfin son état). Alors que le scénario reste dans cette configuration pendant 3 tomes, la fin apporte un nouveau souffle en réinjectant une dose mesurée d’action (et donc du sang) pour clôturer en force le manga.
Vu le peu de tomes, il fallait des protagonistes forts pour porter l’attention de l’auteur jusqu’au bout. Aiko réussit parfaitement ce travail car elle reste attachante tout au long du scénario, perdue par tout ce qui lui arrive, notamment à cause de son bras qui lui insuffle l’idée de devenir un montre. Elle n’est pas seule puisque l’inspecteur Sudo cherche à l’aider par tous les moyens, pour « acheter » sa rédemption. Il est comme tous les personnages, il cache une part obscure en lui dont certains essaient de se débarrasser et d’autres pas du tout. Il voit en Aiko le meilleur moyen d’exorciser ses démons, même si la jeune fille lui inspire plus de peur que de compassion (du moins au début). Très vite, il va comprendre la difficulté de sa situation et surtout, la douleur que peut éprouver Aiko. Il lui faut du temps pour s’en rendre compte mais sera finalement une aide indispensable pour conserver l’humanité de la jeune fille. Il y a peu de personnages secondaires mais chacun d’eux est un obstacle ou un soutien pour les 2 héros. En tout cas, ils ont tous un passé chargé d’événements douloureux qui explique leurs présent.
Ca déchire de partout !!
Le dessin est un peu raide, avec des traits durs, surtout pour les personnages qui ne sont pas très esthétiques. Par contre, le coté monstrueux est bien respecté car les chimères sont vraiment horribles. C’est un peu mon reproche d’ailleurs puisque ces choses ne ressemblent à rien alors que les décors sont réussis par la précision dont ils font preuves.
Un bon manga en 4 petits tomes qui n’est pas qu’une succession de sang et d’action. Aiko est un personnage attachant qui lutte comme elle peut contre ceux qui l’ont rendu comme ca et parfois contre elle-même. Qui a dit que des mangas gores ne pouvaient pas être intéressant?