New York City 1965.
Cinq heures du matin.
Dans une chambre d'hôtel. "Sur le côté droit d'un lit poisseux"
Réveil de Al Seriani: Il a la gueule de bois. Il se dispute violemment avec la P... à ses côtés. Il se lève, regarde un long moment par la fenêtre et se dit que "C'est beau une ville la nuit"
Al aimait la nuit car c'était la seule chose qu'il craignait. S'il avait le malheur de devoir s'endormir une fois la ville engloutie par les ténèbres, il s'arrangeait toujours pour être ivre mort de manière à ne pas se réveiller avant le lever du soleil. Les ténèbres à jeun le terrorisaient
Coup de T°. C'est David Golberg, Dave, son coéquipier, en stage, tout jeune, tout nouveau, tout pur, l'unique personne à aimer Al le grincheux!
Le gamin avait le don de le faire marrer. Surtout quand il utilisait ce langage de films noirs qui ne collait pas du tout avec son allure frêle de jeune premier. On aurait dit un de ces petits cons de Brooklyn qui se prennent pour Al Capone parce qu'ils portent des chaussures vernies et savent jurer en italien.
Un mort les attend ... Et ce ne sera pas joli à voir!
L'aventure qui suit est des plus violentes, les crimes sont horribles et vont crescendo dans l'horreur! Tout un pan de l'histoire la plus noire du siècle dernier revient comme un cauchemar. C'est bien écrit, à l'américaine a-t-on dit, le rythme est rapide: pas le temps de souffler, on est pris dans l'engrenage, on soupçonne tout le monde et on se trompe constamment, bref un vrai bon polar!
Mais le meilleur c'est quand même le duo classique de l'ange blond et du diable sordide formé par les deux policiers. L'intrigue les touche de manière de plus en plus personnelle. C'est dense, c'est mordant, c'est haletant, c'est un policier réussi. Peut-on parler de thriller?
Et comme je suppose, à lire la préface de l'éditeur, que ce ne sera sans doute pas le seul emploi de ce policier, je précise encore son portait ( Le vrai titre d'ailleurs semble être : "Une enquête d'Alan Seriani" puisque "Sang pour sang" est le titre d'une nouvelle collection initiée par ce roman-ci)
Penser de lui qu'il était un paumé le fit marrer. Plutôt un homme sans but, quelqu'un qui avait baissé les bras, qui ne cherchait plus un quoi et comment, et qui se laissait voguer au rythme des années sans chercher à se défendre. Un type qui refusait de trop penser et s'efforçait de parer aux jours puis aux mois qui s'abattaient violemment sur lui.
Sang pour sang, une enquête d'Alan Seriani par Gipsy Paladini
(Polar/Transit, octobre 2009, 330 pages) Merci à Géraldine pour ce livre voyageur