On attend le prochain Christopher Nolan comme le Messie sur la planète cinéma, après l’énorme réussite (artistique et financière) de The Dark Knight. Décidé à ne pas enchaîner des épisodes sur la Chauve Souris, le voici livrant un film surprise, aux bandes annonces mystérieuses, annonçant un film choc, un casting béton et une esthétique ultra-moderne.
Et c’est un fait, Nolan a désormais un style ultra-puissant, ultra-soigné, et les moyens de donner libre court à son imaginaire. Et Inception n’a rien de commun avec le reste des blockbusters vus ces dernières années. Réitérant la surprise d’un Matrix (un film entre science fiction et philosophie, idéal et rêve…), Inception se pose comme un grand film au scénario intelligent, portant ses idées dans une histoire à plusieurs niveaux, au casting à la douzaine, dans des séquences réellement impressionnantes démontrant s’il en est besoin le talent de Christopher Nolan et de son équipe. Certes, Nolan se révèle plus en meneur de troupe qu’en créateur artistique, mais un film ne se fait pas tout seul, et il a l’intelligence de très bien s’entourer. Di Caprio a depuis quelques années pris l’habitude de s’imposer comme le rôle moteur de ses films, et ici on respire un peu avec des seconds rôles qui ne sont pas oubliés, et chacun a du y mettre du sien (physiquement s’entend), que ce soit Ellen Page, Tom Hardy ou Joseph Gordon-Levitt parmi d’autres.
Inception, c’est donc l’histoire d’un homme, un Extracteur de rêves, spécialisé pour plonger dans les méandres des songes d’une personne pour voler un secret, un détail de vie que l’esprit ne défend plus une fois le sommeil atteint. Pour cela, il a son équipe, avec chacun des spécialités, notamment de camoufler leurs visites au cours des rêves. Nous découvrons leurs activités au cours d’un vol particulièrement stratégique, qui découle sur un défi : insérer une idée plutôt que de l’extraire, chez un individu de première importance. Mais leur plongée dans ce cerveau va les mener plus loin que prévu, et notamment laisser espérer à Cobb (Di Caprio) la possibilité de retrouver sa famille… Le film ne fait pas de détails, et fonce droit au but, laissant peu de temps pour souffler. Nolan et ses co-scénaristes ne perdent rien en route, regroupant chaque idée égrainée pour au final tout faire converger vers des thématiques simples : une mission, un but, une équipe.
Avec tout ça, Inception est clairement le film de l’été, puissant, intelligent, charmeur a bien des égards. Toutefois, loin de la noirceur d’un Chevalier Capé, Nolan se perd quelque peu dans une romance perdue, les motivations du héros restant fixé sur son ex-femme et ses enfants, et lorsqu’on part en plongée dans les rêves des autres, il ne faut que peu de temps pour voir revenir ses propres hantises… Le récit qui fonce vers l’avant, ponctué de nombreux rebondissements et d’un fun incroyable, est lourdement chargé par un background (la famille..) qui n’aurait du être que suggéré et devient le principal problème du film. Et au lieu d’utiliser cela pour complexifier le récit, les auteurs foncent vers l’ambiance guimauve d’un héros triste et tourmenté, au milieu de scènes d’action parfaitement maitrisées constituant une grande toile dont chaque pièce vient s’ajouter aux précédentes. On aurait aimé plus de tenue pour l’auteur de films bien moins romantiques. A croire que Nolan souhaitait vraiment une sorte d’happy end malgré tout…
Inception, c’est un peu la dernière pièce d’un grand puzzle où ont précédemment été placées Matrix, EXistenZ ou Dark City. Bien plus hollywoodien dans le style, le film de Nolan se distingue cependant par une maturité sans commune mesure, dans la droite ligne de son Dark Knight, et laisse espérer pour la suite une longue lignée de grands films, sans forcément autant s’enfoncer dans le romantisme exacerbé.