Après le Grand-Palais, au tour de la Base sous marine de montrer le projet vidéo de Yann Arthus-Bertrand «6 milliards d’autres».
Et cette fois, l’accès à l’exposition est libre. «Je suis obsédé par la gratuité de l’art», avoue le documentariste, venu présenter son travail jeudi dernier à Bordeaux. Lancée en 2003, cette collection de témoignages a nécessité un an de tests et émanent de 78 pays. En 50 langues, 6 reporters ont ainsi posé 40 questions sur la vie, la religion, l’amour... condensées en 4000 heures de rush. «Nous avons donné la parole à des gens qui ne l’ont jamais eu. C’est peut-être utopique mais j’ai l’impression que cette exposition rend meilleur. Sans oublier qu’elle fonctionne encore mieux à la Base. C’est un endroit d’habitude dénué d’humanisme», constate le reporter, connu pour ses clichés de la Terre vue du ciel. Avec sa fondation Goodplanet (dont Alain Juppé est vice-président), il livre ici près de 500 interviews visibles pour la plupart dans des containers, ( 11 au total) adaptés au lieu historique de Bacalan. «L’idée repose sur le fait que l’on a tous quelque chose à dire et que tout le monde est intéressant. En moyenne, les visiteurs d’un musée restent 1h30 sur une exposition. Sur «6 milliards», on atteignait 3h», s’enthousiasme le photographe.
Bonus bordelais
Les onze heures d’entretiens sont divisées en plusieurs thématiques. «Famille» dévoile les traditions de mariages forcés ou l’influence des parents sur leurs enfants. «Epreuves», «Premiers souvenirs» et «bonheur» précèdent «Sens de la vie» alors que des témoignages poignants de migrants s’enchaînent dans «Différences». Il y racontent leur traversée du désert. Il est aussi question de témoignages sur le génocide du Rwanda où la peur de la vengeance ressort et le pardon s’avère compliqué. «La nature de l’homme fait qu’on veut donner une bonne image de soi même dans des pays en guerre», soutient Yann Arthus-Bertrand. Par rapport à l’exposition parisienne, la version bordelaise comprend des témoignages de personnes souffrant du changement climatique, un projet réalisé pour le sommet de Copenhague l’an passé. Le making-of souligne l’intensité du montage, de la traduction et la difficulté de trouver les interviewés. En complément, une installation audiovisuelle en forme de yourte est exposée au CHU Pellegrin. Après Bordeaux, elle sera montrée à Marseille, Bruxelles et Rome car ce sont selon l’auteur des thèmes «unviersels et éternels». Yann Arthus-Bertand oeuvre actuellement sur un autre projet vidéo sur les enfants dans le monde. «Nous n’avons pas interrogé d’adolescents pour cette exposition car on voulait des gens qui avaient du vécu. C’est peut-être une erreur». Une erreur humaine donc.•
Carine Caussieu
Jusqu’au 26 septembre à la Base sous marine, entrée libre de 14h à 19h sauf lundi et jours fériés