Vendredi 9 Juillet, Librairie Dialogues à Brest. Dans cet endroit familier, une silhouette qui ne l'est pas moins pour qui sacrifie chaque soir, à 20h10, au rituel Mistralien de "Plus belle la vie". Thomas Marci est resté à Marseille, dans le quartier fictif du Mistral. Laurent Kérusoré est là, lui, pour parler de son livre, "A pleine vie". Dans lequel il parle quand même de la série.
Serial Zappeur l'a interviewé pour vous :
Serial Zappeur : Dans quelle optique avez-vous écrit ce livre, "A pleine vie" ?
Laurent Kérusoré : Aucune optique d'édition, en tout cas. L'été dernier, alors que j'étais en vacances de Plus belle la vie, j'ai décidé de me couper les cheveux et de me raser la barbe, pensant être tranquille. Lorsque je suis allé nager, en 5 minutes, 5, 6, 15, 20 bateaux sont arrivés pour me photographier. Mon ami m'a alors dit qu'il fallait que je fasse quelque chose de cette popularité. La seule chose dont j'avais envie, c'était d'écrire un livre. Comme je suis quelqu'un qui vit très vite, j'ai souvent besoin de poser les choses sur le papier. J'ai donc écrit, mon compagnon est tombé sur le manuscrit, l'a envoyé à un ami qui l'a fait lire aux éditions Vilo qui ont proposé de m'éditer. Au début je ne voulais pas.
SZ : Finalement vous en êtes content ?
LK : On m'a dit, Laurent, cela peut être une belle expérience, ce qui est vrai. Les ventes démarrent très bien, je n'ai pas à me plaindre.
SZ : Quand on lit ce livre, malgré votre histoire, votre enfance, il y a un fil directeur qui est l'optimisme et l'espoir...
LK : Pour moi, le verre sera toujours à moitié plein. Il ne sera jamais à moitié vide. C'est plus fort que moi, d'ailleurs cela agace beaucoup de gens, mais effectivement, j'ai un naturel très positif.
J'avais aussi cette intention car je trouve que les adolescents aujourd'hui ont cette tendance à beaucoup se plaindre, à ne pas voir les choses, ne pas voir les choses en eux en tout cas. On a tous des trésors en nous. C'était peu-être aussi pour les encourager et leur montrer qu'on peut partir de très très bas, sans arriver très haut, mais au moins arriver à ce que l'on cherche tous, c'est-à-dire à être un minimum heureux. Je n'ai pas de recette mais je suis sûr d'une chose, c'est que le bonheur est beaucoup plus facile que le malheur.
SZ : On sent ce message d'optimisme. D'ailleurs, vous êtes un symbole, à travers ce personnage de Thomas Marci. Cela ne vous pèse pas de temps en temps, d'être un symbole ?
LK : Non, ça ne me pèse pas. C'est quelque chose qui est très positif à porter. Effectivement, ce personnage dans Plus belle la vie est presque devenu une marque de fabrique, c'est très étrange. Mais je le vis bien.
Je ne pensais pas que ce personnage allait susciter autant de passions.
SZ : C'est aussi un des premiers personnages gay à ne pas être une caricature. C'était important pour vous ?
LK : Oui, c'était un contrat moral que j'avais avec la production. Il était pour moi hors de question d'en faire une caricature ou alors, ce qu'on fait voir chez certains homosexuels, et qui n'est pas non plus une généralité, par exemple certains homosexuels du Marais qui se sont ghettoisés et qui n'arrivent plus à voir le monde extérieur. Pour moi, ça c'est non. C'est dans le mélange qu'on s'enrichit.
SZ : On l'a vu d'ailleurs récemment dans l'opposition de votre personnage, Thomas, à l'un de ses anciens amis, Diego, qui représente un peu toute cette tendance...
LK : Exactement. D'ailleurs, l'intrigue a été bizarrement très bien perçue par le public. Je pensais que cela allait faire un tollé en disant "qu'est-ce que ce type vient faire ici" mais comme c'est un personnage (NDLR : Diego) un peu haut en couleurs, il a plu au public. J'ai quand même tiré la sonnette d'alarme en disant "n'allons pas trop vers ça..."
SZ : N'est-ce pas finalement une manière de renforcer l'aspect "banal" du couple Florian-Thomas qui est un des plus stables de la série ?
LK : Oui, pour l'instant (rires)... Pour l'instant...
SZ : Etes-vous satisfait de l'évolution de votre personnage, comment vous souhaiteriez le voir évoluer si vous aviez la main ?
LK : C'est quelque chose que je ne souhaite pas, avoir la main. Je pense que chacun a son métier, il y a des auteurs qui font les choses très bien puisqu'on entame la septième saison de cette série. Chacun son boulot, je leur fais confiance. Maintenant, si j'avais des idées à leur soumettre, je voudrais que Thomas devienne un peu moins gentil, pour essayer de jouer un peu autre chose.
SZ : Pour en revenir à votre livre, vous dites au début que vous l'avez écrit, aussi, pour que Thomas redevienne Laurent. C'est important pour vous de sortir de ce personnage ?
LK : Oui, parce que partout où je vais on m'appelle Thomas. On ne m'appelle pas Laurent. Je ne suis pas Thomas, je suis Laurent, qui joue le personnage de Thomas. Sans être agressif, car je sais que certains camarades le vivent mal, je préférais le dire en douceur, dans des écrits. Ce que je dis est assez honnete, je dis voilà, c'est vrai que Laurent ne pourrait pas écrire si Thomas n'existait pas mais j'explique gentiment que je ne suis pas ce personnage.
SZ : Justement, Laurent, vous avez des projets en dehors de PBLV ? Vous avez écrit une pièce ?
LK : Oui, mais je n'ai absolument pas le temps de démarcher pour la monter. Cette pièce, c'est encore une fois l'histoire d'un enfant qui cherche sa mère. Sa mère va refuser.
C'est une histoire que j'aurais aimé vivre, j'ai écrit ce que j'aurais aimé si j'avais eu à la rencontrer (NDLR : sa mère biologique), si j'avais pu... du la rencontrer, parce que je ne veux pas.
SZ : Vous dites manquer de temps. Certains comédiens prennent des pauses, vous n'avez jamais eu envie d'un long break pour monter cette pièce ?
LK : J'ai fait des petites pauses mais bizarrement, je suis un personnage qui n'a pas le droit. Quand je ne suis pas là, la production reçoit beaucoup de courriers. J'ai réussi à faire une pièce, une tournée (NDLR : avec Nicolas Herman) mais cela a été épuisant puisque je continuais le tournage la journée, le soir, une voiture, un avion, un train m'emmenait dans une autre ville et je rentrais dans la nuit pour tourner le lendemain matin. Cela a été une expérience très enrichissante mais épuisante. La vie de couple, de famille, voir des amis, ça devient compliqué. Là, je suis en vacances à partir de lundi soir, et je vais tout débrancher.
SZ : En dehors de cette pièce que vous avez écrite, vous recevez des propositions ?
LK : Non, aucune. Nous sommes en France, en France, on met les gens dans des cartons. Je ne fais pas confiance aux professionnels pour me donner un rôle. Je me fais avant tout confiance pour leur prouver que je suis capable d'autre chose. Mais je ne me fais pas d'illusions.
SZ : Pourtant vous avez montré à travers cette série que vous êtes capable de jouer beaucoup de choses ?
LK : Oui, mais les gens de mon métier sont des artistes, nous on est des populaires. Cela ne leur plait pas.
SZ : Il y a un dédain ? Est-ce lié au succès ?
LK : Oui, de la part des professionnels, oui. D'une part parce que cela marche et parce que cela les gène qu'autant de simplicité marche. Moi je leur dirai qu'ils n'ont absolument rien compris à ce qu'il se passait dans le monde aujourd'hui. Qu'ils continuent à faire mousser leur cerveau, je ne trouve pas ça si intéressant que ça. Après effectivement, chaque chose a sa place, moi je ne critique pas certains auteurs ou metteurs en scène mais quand je vois certains téléfilms ou certaines pièces, je préfère passer 26 minutes devant un feuilleton silmple qui réunit la famille.
Propos recueillis par Maud Soulat pour Serial Zappeur
"A pleine vie", de Laurent Kérusoré, aux éditions Vilo, 15 euros, en vente dans votre Librairie Dialogues