J'ai beau ne pas être un amateur de sports en général, et de foot en particulier, j'ai déjà souligné qu'à l'occasion, une manifestation sportive pouvait être intéressante à suivre.
C'était évidemment le cas de la finale de la coupe du monde de la FIFA, puisque l'Espagne était en finale de ce tournoi, et que j'y suis pratiquement depuis le début de la coupe du monde (j'étais déjà ici lors du premier match de la Roja).
J'aurais pu, comme pour les autres matchs, suivre l'affaire en dilettante, sur le site officiel de la FIFA, qui diffusait les informations de toutes les parties en direct (sans images), mais coup donc, vu l'ambiance locale, je me serais privé d'une expérience culturelle intéressante.
Ceci dit, j'ai pu observer pendant cette coupe du monde que les sevillanos ne sont pas des amateurs de sports complètement délirants. J'ai déjà vu pire à Montréal avec le hockey, et j'ai aussi vu pire à Paris quand les Bleus s'étaient classés pour la semi-finale de la coupe du monde de 2006. Plus amusant encore, j'avais vu pire quand les Bleus s'étaient classés pour la finale... et j'étais alors à Barcelone!
Je me suis donc rendu dans le petit resto-bar au coin de la rue près de chez moi, une cerveceria qui s'appelle La Mezquita. J'ai pris ça pour un signe, vu mes récentes visites. En même temps, avouez qu'une brasserie qui s'appelle "la Mosquée", c'est assez particulier...
J'ai donc commandé une grande bière (Cruzcampo), en fût avec une tortilla espanola.
Le match a débuté alors que la cerveceria n'était même pas aux trois quart pleine.
Une heure plus tard, l'ambiance était toute autre. La place s'était remplie, j'en étais à ma troisième Cruzcampo en fût, et une centaine de paires d'yeux étaient rivés sur l'écran diffusant le match de la finale.
Après le temps règlementaire, personne n'en revenait que ça soit toujours 0-0. L'Espagne avait clairement dominé le match, mais avait tout de même accordé deux chances incroyables de marquer à ses adversaires.
Les cartons jaunes avaient été distribués avec générosité par l'arbitre, que chacun dans la cerveceria injuriait à qui mieux mieux dès qu'il prenait une décision contre l'Espagne. Une manifestation sportive bien normale, donc.
Enfin, à quelques minutes à peine de la fin du second 15 minutes de prolongation, c'est le but, tout le monde est debout et hurle de joie (moi inclus, que voulez-vous, c'est contagieux et j'ai trois cervoises dans le système).
La fin du match est sans histoire, l'Espagne remporte la coupe du monde, la brasserie se vide en trois minutes, tout le monde est dans la rue, à fêter l'événement.
Je m'attarde un peu sur la rue Santa-Maria la Blanca et prends quelques photos des fêtards avant de rentrer à ma pension.
En me donnant ma clef, mon aubergiste me fait signe qu'il a frôlé l'infarctus.
Je note que la soirée m'a coûté 10 euros, pourboire inclus. Pour un repas et 3 bières, avec le match, dans une brasserie, c'est difficile à battre.
J'écris donc ces lignes une heure plus tard, les klaxons des véhicules, les trompettes de fêtes et les chansons ("Soy espanol", "Viva espana", etc.) se font encore entendre de ma terrasse en provenance d'un peu partout en ville. Et je commence à entendre des feux d'artifice.
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[Photos: 1. "Brasserie La Mosquée", avant la partie. 2. Écran de la brasserie, une fraction de seconde avant le but vainqueur. 3. Au centre: une fraction de seconde après le but vainqueur. Autour: Quelques minutes après la fin officielle de la partie.].