Japon du Xe siècle, un coupeur de bambou trouve un bébé d'une beauté radieuse dans une tige de bambou. Il l'adopte et l'élève comme sa propre fille. D'une splendeur à faire pâlir les plus belles, la jeune femme est courtisée par de nombreux prétendants et se fait appeler Kaguyahime Lumière qui resplendit dans la nuit. Des aristocrates curieux de la jeune fille troublent la paix du village, entrainant des rixes avec les villageois. L'empereur alerté par cette flambée de violence demande à faire venir Kaguyahime dans son palais. Subjugué, il lui demande de rester mais elle refuse, expliquant qu'elle vient de la lune et qu'elle y retournera à la prochaine pleine lune. L'empereur lui interdit de partir, mais il ne pourra rien faire, quand la lune levée, elle disparait dans la nuit...
C'est à partir de ce conte populaire japonais que le compositeur japonais Maki Ishii compose une partition destinée à la danse. Jouée pour la première fois à l'opéra de Berlin en 1985, sa première version chorégraphique fut présentée à Tokyo par Yoshihisa Endo. Mais c'est en 1988 que le chorégraphe néerlandais Jiri Kylian en donna la version la plus célèbre. Présentée pour la première fois en 1991 à l'Opéra de Paris, le public fut comme frappé de stupeur par l'étourdissant impact émotionnel et la splendeur absolue de ce ballet, considéré désormais comme un chef d'oeuvre de la danse du XXe siècle, au même titre que le Sacre du Printemps de Béjart.
C'est ce chef d'oeuvre de la danse contemporaine que l'Opéra de Paris permet de redécouvrir sur la scène de Bastille. Aux sons de la musique traditionnelle japonaise et des imposants tambours du groupe Kodo, les danseurs s'élancent pour une danse alternant moments de lente féérie et fureur endiablée. Alice Renavand en Kaguyahime toute de retenue est absolument magistrale. La mise en scène est stupéfiante de modernité, la forêt de bambou est représentée par des cordes en suspension dans le temps, le sol s'élève comme suspendu par le temps, la lune se révèle éblouissant le spectateur de son aura. Toutes les scènes sont à couper le souffle, notamment la bataille aux sons terrifiants des tambours japonais ou la scène magistrale où l'empereur s'empare de Kaguyahime dans un drap d'or.
Kaguyahime est sans conteste un chef d'oeuvre à ne rater sous aucun prétexte (jusqu'au 15 juillet à l'Opéra Bastille)...