A mon sens, les choses sont assez clairs : ce tome 3 de la saga des 7 soleils est une étape, une “simple” mais terriblement longue transition. Déjà, l’auteur se permet de nous claquer 10 pages de “points sur l’histoire” en début de roman. Mais quelle drôle d’idée ! Pensait-il avoir déjà noyé son lectorat ? Ou, au vu de la complexité de sa saga, a-t-il imaginé que nous ne soyons pas capables de nous souvenirs des grandes lignes des intriques. Ce qui n’est pas du luxe, par contre, ce sont les 10 dernières pages qui sont constituées d’un lexique où l’on retrouvera avec “bonheur” le listing impressionnant de tous les acteurs de cette saga.
Ami lecteur et visiteur de ce blog, ne soupire pas tout de suite : je sais que tu te doutes que je vais encore démonter cet opus. Oui, en effet, je vais encore râler, pester contre Kevin J Anderson et ce “Tempêtes sur l’horizon”, troisième tome de la “saga des sept soleils”. La question te viendra toute naturellement : pourquoi s’entête-t-il ?
1/ en bon Breton, je suis têtu !
2/ parce qu’au fond, il y a du bon : je le maintiens, créer une saga de cette taille témoigne de la qualité de l’imagination de l’auteur, de sa rigueur à rendre le tout cohérent et dénote surtout de l’envie de raconter une histoire énorme.
Ceci dit, Kevin Anderson souffre peut-être de l’analogie avec ses travaux antérieurs. En effet, quand on a écrit dans des univers aussi énormes et charismatiques que sont “Dune” et “Star Wars”, ne lui est-il pas difficile de s’extirper de là ? De créer son monde et d’être connu pour lui plutôt que pour ses collaborations passées ? Sérieusement, je me pose la question. Les similitudes sont nombreuses et j’en veux pour preuve cette trop grosse parallèle dans l’intrigue “ildiranne” :
Rusa’h, frère du nouvel Imperator Jora’h, se lance dans une rébellion. Pour attirer à lui des ildirans et les englober dans un nouveau réseau du Thisme (lien télépathique de sa race), le félon va user… d’une drogue, le shiing, qui a pour effet de bloquer le lien initial, éclaircir l’esprit, etc etc. N’y aurait-il pas là un côté “épices” de Dune ? Et puis ce retour tonitruant de Jess en tant que “plus qu’humain” ? Comme un fameux “tyran” transformé en ver de sables ? Hum.. bon, j’admets qu’à force, il y a peut-être de ma part une forme de procès d’intention, surtout lorsque l’on a conscience de ce que cet auteur a déjà fait sur la saga “Dune”. Dernier point et j’arrêterai là : l’ordre “66″. Non, non, je n’ai pas oublié, c’est du Star Wars : ce fameux code qui va soudain retourner les clones contre les jedis au profit de futur Empire. Si je vous disais que l’auteur nous annonce que les robots Klikss (y compris les Compers soldats tout neuf) disposent d’un sous-programme de ce tonneau là ? alors ?
Revenons à cet épisode donc.
D’un côté la menace des robots Klikiss empire et prend des proportions telles que l’on se demande bien comment la Hanse va s’en sortir. Force est de constater que le Président, aux abois face à la menace hydrogues, prend des dispositions rapides sans réellement se poser des questions de fond. A l’image de ce nouveau front qu’il ouvre contre les Vagabonds histoire d’offrir aux humains des victoires salvatrices pour le moral.
Le moral qui aurait sans doute pu être améliorer grâce aux transportails : malheureusement, créer de nouvelles colonies humaines sur les planètes abandonnées par les klikiss n’est pas de tout repos. Plus loin, les Vagabonds se recroquevillent sous les assauts des FTD (Force terrienne) et Théroc, patrie des Arbremondes, soignent ses plaies.
Les élémentales sont à l’oeuvre : hydrogues contre faeros (et des étoiles sont éteintes), wentals qui ressuscitent, verdanis qui tentent de survivre. Les dirigeants de toutes les factions font feu de tout bois pour trouver des solutions, combattre les complots, mener la guerre ou, plus simplement, à l’image de Peter et Estarra, pour rester en vie. Les humains comme, à une moindre mesure, les ildirans ressemblent à de simples pions : à part quelques effets de bord et leur présence parfois importunes, ils ne semblent pas peser bien lourds dans ce conflit stellaires et millénaires.
Comme tu le vois, ami lecteur, ce ne sont pas les éléments qui manquent. Mais à force de créer de nouveaux points de vue et de les alterner parfois très (trop) rapidement, l’auteur génère de la frustration. Et à la fin de ce troisième, malgré de bonnes choses et un peu d’action, j’ai eu l’impression qu’il ne s’était quasi rien passé, si ce n’est une nouvelle ventilation des personnages et des intrigues. Comme une transition, donc, avant d’aborder la suite.
Je reprocherai une fois encore à l’auteur, de laisser de côté des éléments importants dans sa réflexion : comment en temps de guerre peut-on ouvrir des planètes aux colons sans les “sur-défendre” ? Pourquoi s’attaquer en premier aux Vagabonds qui n’ont que l’Ekti à leur apporter alors qu’à côté de ça Théroc, ses prêtres Verts et le thélien apparaissent comme stratégiquement une cible bien plus évidente ? Il n’aurait pas été difficile pour le peu scrupuleux Président de la Hanse, Wenceslas, de prendre cette option. On aurait vite compris le gain pour la Hanse en terme de communication. Quant à la “résurrection” de Beneto… je vous laisse en juger !
Bref, un peu les mêmes critiques que contre “une forêt d’étoiles” mais avec des frustrations encore plus grandes !
Espérons que le 4 prenne de la vitesse et qu’au lieu de se perdre autour de personnage secondaire, l’auteur insuffle une dimension plus épique dans les négociations ou combats qui vont immanquablement avoir lieu entre les différents parties.
Je fais un crochet par “Gears of Wars : Aspho Fields” de Karen Traviss (tiens tiens, encore une auteure “star wars” !!) et je vous raconte ça.