Le 11 juillet, c’est le jour de la fête nationale en Flandre. Oui, je dis bien, la fête nationale car la Flandre est devenue au fil du temps un Etat-nation (non encore proclamé au monde entier) comme l’a si bien rappelé Jules Gheude dans une tribune publiée il y a quelques jours dans le quotidien Le Monde.
C’est aussi et surtout une fête très politique célébrée avec ferveur et engagement par tout son aréopage et pas n’importe où : dans la salle gothique de l’hôtel de ville de Bruxelles. Un comble pour les francophones de ce pays mais un symbole pour la Flandre. Le ministre-président de Vlaanderen – Kris Peeters, CD&V - ne vient-il pas de réaffirmer que « nous ne lâcherons jamais Brussel » ?
Un message politique sans équivoque
Le message politique est clair en ce temps de négociations pour la constitution d’un gouvernement fédéral : aboutir coûte que coûte à une réforme ‘copernicienne’ de l’Etat Belgium au profit d’une Flandre autonome et créer une Constitution flamande (!).
Le concept de réforme ‘copernicienne’ du modèle belge (‘Octopus’) avait été adopté en 2008 par le parlement flamand mais était resté sans suite. Il prône une réforme profonde qui donnerait aux entités fédérées toutes les compétences qui ne relèvent pas directement de l’Etat, un gouvernement fédéral qui viendrait en soutien de la politique flamande et, last but not least, un renforcement du lien avec Brussel en promotionnant ses atouts avec ceux de la Flandre.
On notera aussi la ferme volonté de créer une Constitution flamande, une idée émise en 2005 par une commission spécialement constituée pour la cause mais laissée dans les cartons. Maintenant le fruit est mûr. Prémices d’une Flandre indépendante.
Et la constitution d’un gouvernement fédéral dans tout ça ?
Le séparatiste républicain Bart De Wever, président de la NV-A et grand vainqueur du scrutin en Flandre, a remis son rapport et son tablier au roi qui l’avait investi d’une mission d’information, une manie bien belge destinée à calmer le jeu politique. Le bougre n’a pas voulu trop se mouiller et ses conclusions ne concluent rien de bien nouveau. Alors, le roi a chargé Elio Di Rupo, président du PS et grand vainqueur du scrutin en Wallonie, d’une mission de « pré-formation » (sic) d’un gouvernement fédéral. Une mesure d’attente supplémentaire pour ne pas faire trop de bruit pendant la présidence flamando-belge de l’UE.
Après le pré-formateur viendra certainement un démineur, puis un faciliteur, puis un nouvel informateur, puis… Face à une Flandre qui marche vers son destin, constituer un gouvernement fédéral qui ne cocufiera pas tout à fait les francophones de Belgique relève de l’exploit. Quand arrêtera-t-on cet acharnement thérapeutique ?