Le numéro de juin 2010 de [dBD] titrait sur la Seconde Guerre mondiale. Le magazine luxueux vendu 8,90 € n’en oublie pas les expositions, les collectors, les intégrales et les sorties du mois, et surtout les interviews et ses critiques.
A l’heure où la France célébrait le moment héroïque de l’appel du Général de Gaulle, la bande dessinée s’est emparée de ce thème depuis quelques années. Henri Filippini revient justement sur l’évolution du traitement de cette période depuis 1944 (Quand la bête s’éveillait d’Edmond-François Calva) jusqu’à nos jours. Il relève l’évolution du traitement avec l’influence des résistants dans la presse communiste Vaillant ou dans le Coq Hardi. Suit « le temps des combattants » dans les années 60 et 70 plus portés par les combats militaires héroïques sur terre et dans les airs. Parallèlement s’est forgé « le temps de la réflexion » avec une orientation plus didactique à l’image de la Seconde Guerre mondiale en BD de Pierre Dupuis. L’auteur met encore en avant deux époques : « le temps des victimes » qui aborde clairement la shoah puis plus récemment « le temps de l’occupation ». Enfin, il remarque que les auteurs se servent aujourd’hui de cette époque comme décor de fictions originales. Sur ce même thème, le mensuel reçoit Olivier Merle, scénariste de Tranquille Courage paru chez Bamboo, collection Grand Angle.
Les autres invités sont François Boucq auteur de la couverture très colorée, Eric Corbeyran qui a adapté le spectacle d’arts martiaux le Souffle du Vent chez 12 bis, Pascal Rabaté dont les Petits Ruisseaux ont été adaptés au cinéma. C’est aussi l’occasion de découvrir l’atelier KCS créé par Olivier et Stéphane Jouvray et leurs épouses il y a dix ans à côté de la Gare de Lyon-Part Dieu. Les colonnes continuent de s’ouvrir à Richard Marazano et Chris Lamquet, auteurs d’Eco Warriors. Dans le volet critique, se découvre Baranko qui vient de signer un album noir et blanc sur l’Egypte ancienne, les Princesses égyptiennes aux Humanoïdes associés. Christian Binet répond à 8 question sur son nouvel album Haut de Gamme., l’un des albums les mieux côtés du mois. Justement, parmi la soixantaine de chroniques, la rédaction a aimé J’ai pas tué de Gaulle de Hetz (Gallimard), le T.3 de Long John Silver de Mathieu Lauffray et Xavier Dorison (Dargaud) et Tahya El-Djazaïr d’A.Dan et Laurent Galandon (Bamboo, collection Grand Angle), son podium du mois, mais aussi les albums la Corde de Frank Giroud et Mariane Duvivier (Dupuis), les Cahiers ukrainiens d’Igort (Futuropolis), Moi, Dragon de Juan Gimenez (Le Lombard), Belleville Story de Malherbe et Vincent Perriot (Dargaud). Enfin pour la nostalgie Henri Filippini revient sur Arthur le Fantôme tandis que Patrick Weber se demande si Bob et Bobette, ces stars flamandes, ne sont pas plus célèbres que Mickey.
Pour finir, Henri Filippini pousse son coup de gueule sur l’évolution du marché de la BD avec toujours plus d’albums dont au moins une centaine qui n’aurait jamais dû être édité. Et d’en rechercher quelques explications.