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"La Mezquita, aujourd'hui, c'est la cathédrale de Cordoba. Originalement, sur ce site, il y a d'abord eu une basilique visigoth. Lors de la conquête des Maures, la basilique a été expropriée et détruite pour faire place à une mosquée, dont la construction remonte à l'an 784. Après 200 ans d'agrandissement et d'existence, la Mezquita était devenue le monument islamique le plus important de tout l'occident. Il s'agissait aussi à l'époque, avec ses 850 colonnes, de la plus grande mosquée au monde.
Puis, en 1236, Ferdinand III reconquiert Cordoba au nom de la chrétienté et procède donc à la purification de la mosquée - i.e. chaque pierre est "convertie" en une piece d'un lieu consacré au Christ. On procède donc à la conversion religieuse, et l'édifice devient alors une cathédrale malgré son architecture arabe. Bien sur, au fil des ans, la célébration de la liturgie chrétienne dans une forêt de colonnes qu'était la mosquée, et l'absence de chapelles et d'iconographie catholique ont amené les responsables à entamer des travaux de modification à l'édifice.
Ainsi, malgré la polémique, en 1523, on entreprit de construire une "véritable" cathédrale baroque au centre même de l'immense mosquée. Le tout a pris 200 ans à terminer, et aujourd'hui, le style est un mélange de gothique et de renaissance. Mais c'est le contraste de cet édifice dans l'édifice, ces icônes chrétiennes dans une mosquée, les crucifix sous les arches arabes, les chapelles sous les nefs et minarets, qui font de la Mezquita un édifice unique au monde.
Jamais de ma vie je n'avais vu un mélange pareil.
Après les travaux (pendant?), le roi Charles V aurait dit "vous avez gâché une chose unique pour en faire un lieu commun", parlant de la cathédrale baroque au centre... Il avait tort. Loin d'être un lieu commun, cette cathédrale de Cordoba est unique en son genre. On aura beau me dire que c'est une cathédrale chrétienne, l'environnement dans laquelle elle se trouve, le monument à l'intérieur de laquelle elle se dresse, est si fortement opposé à l'iconographie chrétienne habituelle que le contraste fascine encore longtemps après notre sortie de la Mezquita."
- Journal de voyage, août 2006.
De passage à Cordoba pour une toute autre affaire, je n'ai pas pu résister à retourner dans la Mezquita, tant la visite de 2006 m'avait impressionné. Même si je l'avais déjà vu, j'ai, une fois de plus, trouver le lieu absolument renversant.
Comme je ne suis pas réellement en séjour de voyage et visite en ce moment, j'ai donc l'opportunité de revenir sur la Mezquita, avec quelques photos pour appuyer les impressions qui précèdent.
Dans le secteur aménagé par Abd Al-Rahman II et modifié lors de la conversion chrétienne, on note des influences diverses de l'endroit; arches islamiques, vitraux chrétiens, armoiries espagnoles...
Tronçon en perspective d'une série d'arches qui datent du dernier agrandissement musulman (sous Al Mansour). On note les diverses configurations des arches, à tympans multiples.
Est-ce une mosquée ou une cathédrale? Quelques détails de l'église baroque apparaissent à travers les arches islamiques.
Une "Dernière Cène" unique au monde?
Le Mirhab, un espace sacré duquel l'imam dirige la prière, le seul espace de ce genre présent dans une église catholique.
On serait porté à croire que ce crucifix (au fond) est un des plus étrangement entouré de la chrétienté. Ça lui donne une étrange beauté.
Dans le secteur datant de l'agrandissement réalisé sous Al-Hakam II, on peut voir que l'effet bicolore des arcs est dû à l'alternance de pierres et de briques.
Est-ce une cathédrale ou une mosquée? Ici, dans le transept, à l'entrée du choeur de l'église, on peut toujours voir les arches de la mosquée.
Vue en perspective d'arches et de colonnes. J'ai estimé à près de 700 le nombre de colonnes restantes dans la Mezquita, malgré la construction de la basilique au centre. (Cette dernière a beau être d'une taille respectable, elle n'occupe même pas 10% de la superficie totale de l'édifice.)
Voici ce qui est probablement le Christ en croix dans le plus étrange décor au monde. On a beau savoir que l'on se trouve (officiellement) dans une cathédrale chrétienne - et toute l'iconographie et la décoration (sculptures, peintures, chapelles) vont dans ce sens, mais l'immensité et la grandeur architecturale de l'édifice original demeure ce qui frappe le visiteur.
Une forêt de colonnes et d'arches, avec un élément divergent ici et là, comme ici, avec ce vitrail perdu, tout en haut à droite.
C'était l'Esprit Vagabond, à la Mezquita de Cordoba (ou la Cathédrale de Cordoue, plus officiellement, puisque "mezquita" signifie mosquée, en espagnol).