Bert Van Marwijk et Vicente Del Bosque ne sont pas les sélectionneurs qui font le plus parler d'eux. Pourtant, ils seront respectivement sur le banc de touche des Pays-Bas et de l'Espagne demain soir au Soccer City Stadium de Johannesburg pour la finale de la Coupe du Monde 2010.
Van Marwijk, discrétion
et autorité, le mélange gagnant
Bert Van Marwijk n'a pas un nom ronflant. Il n'a pas pour lui une grande carrière de joueur (une seule sélection en équipe nationale), ni un grand parcours d'entraîneur (Feyenoord, où il a gagné la Coupe de l'UEFA en 2002, et Borussia Dortmund notamment). Sa nomination à la tête des Pays-Bas après l'échec de Marco van Basten à l'Euro 2008 a donc surpris. Très discret et calme en surface, il n'en reste pas moins autoritaire et respecté. Il ne fait pas de disctinction entre les titulaires et les remplaçants et fait primer le collectif sur l'individu. Gérer les egos sans créer de conflit, tel est son crédo. Fini la si célèbre arrogance hollandaise. Son principal fait d'arme réside justement dans le fait d'avoir réussi à faire de Van der Vaart un remplaçant de luxe, séparant ainsi le fameux quatuor offensif Robben-Sneijder-Van der Vaart-Van Persie, sans que son groupe n'implose. La blessure de Robben, permettant au Madrilène de jouer, a sans doute aidé à éviter une crise interne. Mais dès le retour du milieu du Bayern, Van der Vaart a retrouvé sa place sur le banc, l'acharné et si utile Kuyt lui étant préféré. Enfin, le sélectionneur hollandais a instauré dans son équipe un pragmatisme typiquement allemand. La victoire comme maître mot. Savoir gagner sans bien jouer. Un discours appliqué à la perfection par des Bataves réalistes et efficaces qui ont gagné tous leurs matches depuis le début du Mondial. Encore une victoire et Van Marwijk entrera dans la légende.
Del Bosque, le changement dans la continuité
Vicente Del Bosque a une renommé bien plus importante que son homologue néerlandais. Formé au Real Madrid, il y a vécu une belle carrière de joueur dans les années 1970 et 1980 avant d'y devenir entraîneur avec comme principaux succès deux Ligues des champions (2000-2002) et deux championnats (2001-2003). Tout comme Van Marwijk, il a pris la tête de la Roja en 2008 après le triomphe de l'Euro. Pas facile de succéder au personnage Luis Aragones qui n'a d'ailleurs pas manqué de le critiquer peu après son arrivée. Pourquoi changer une équipe qui gagne ? Pas question pour Del Bosque de renier le jeu offensif mis en place sur le modèle du FC Barcelone. Pas question non plus de se priver de l'épine dorsale championne d'Europe. Quelques simples retouches à noter avec l'émergence de Piqué, Busquets, Jesus Navas ou encore Pedro. Néanmoins, il a dû faire certains choix car, tout comme son congénère hollandais, il possède dans son groupe nombre de joueurs très talentueux et titulaires dans les plus grands clubs européens. En fin psychologue, il a su calmer les egos, faire cohabiter les fortes personnalités et faire régner une certaine osmose malgré la rivalité Real-Barça. Résultat, Cesc Fabregas se retrouve sur le banc, comme en 2008, sans bruit aucun. De retour de blessure et en très petite forme, Fernando Torres a longtemps bénéficié de la confiance d'un sélectionneur proche de ses joueurs qui lui a finalement préféré Pedro en demi-finale. Plus qu'une victoire et Del Bosque aura eu tout bon, du début à la fin.
*Article écrit pour le concours Scoop du Monde