Si sa date (29 décembre 1937, 1938 ?) et son lieu de naissance restent mystérieux, on s’accorde tout du moins sur la nationalité de son père…irlandais.Enfant, elle touche à tout les arts…piano, peinture, danse…adolescente elle multiplie les rôles dans les pièces de théâtre. Remarquée par un ponte de la (britannique) Rank Organisation, on lui propose un contrat pour devenir « actrice ». Après quelques succinctes apparitions (Les 39 marches,…) la Rank revend son contrat à (l’Américaine) la Fox sans qu’il ne se passe quoi que se soit…Dépitée, elle retourne en Europe, où c’est finalement l’Italien, futur maître du genre, Mario Bava qui lui propose d’endosser un double rôle dans un chef d’œuvre qui fera date, Le masque du démon (1962). Magnifié par la pureté de son noir et blanc, ce film est hanté par le charisme et la sensualité de Barbara. Son aura fait d’elle instantanément une icône. Jean-André Fieschi la décrivait comme un mélange entre « la fée griffue des dessins de Chas Addams et la Véra du conte de Villiers » et Jean-Claude Romer comparait ses yeux à l’art de Chirico. Son regard magnétique, auréolé d’une chevelure d’ébène et d’une peau d’albâtre, va alors ensorceler l’âge d’or du gothique italien (1960-1966).
Entre une adaptation de La chambre des tortures d’après Edgar Poe (1961), deux Freda L’effroyable secret du Dr. Hichcock (1962) et Lo Spettro (son titre commercial français se résume à Le spectre du professeur Hichcock, 1962) et le vénéneux Danse macabre de Margheriti (1963), les sujets tournent autour de la mort, de la sorcellerie, du complot, de l’adultère, de la nécrophilie… brûlants !
1965, année faste et charnelle où passion(s) et sadisme(s) semblent souvent indissociables, comme c’est le cas dans le cauchemardesque La sorcière sanglante (le titre original était d’une subtile beauté I Lunghi Capelli della Morte), l’inquiétant Un ange pour Satan, et le morbide Les amants d’Outre Tombe.
Maîtresse absolue du genre, Barbara apparaît encore dans une poignée de films aux scénarios troubles comme La soeur de Satan (1967). Sa carrière s’éteint à l’aube des années 70, même si on peut encore la contempler dans quelques pellicules « modernes » comme Cinq femmes à abattre (1974) de Jonathan Demme, Frissons de Cronenberg (1975), Piranhas de Joe Dante (1979) ou le curieux Le silence qui tue de Denny Harris (1979).
En marge, Barbara a souvent tenté d’autres expériences de genres (souvenons nous d’un Lautner, Le monocle rit jaune, 1964), mais elle se plait souvent à répéter que son plus grand souvenir reste son (court) rôle dans le 8 ½ de Fellini (1968). Son (triste) reniement du genre, qui a fait d’elle une reine, sème le doute sur une fin de carrière sans doute agitée par un souvenir de frustration. Dommage. Ange déchue, mais à jamais notre ange noir du cinéma…
Patrice Very