L'été, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais la première chose à faire c'est s'informer auprès de bison futé. Sinon vous risquez de vous retrouvez en gare sncf, gare bondée, queue de plusieurs mètres aux guichets, bornes automatiques prises d'assaut et, du coup, complètement détraquées. Vous retrouvant tapotant fébrilement sur l'écran tactile qui ne reconnait plus vos doigts, désespérant de lui faire comprendre que non, vous ne voulez pas aller à Limoges, ni à Lille, ni à Luçon. L'horloge qui chronomètre votre empoignade violente avec la borne et celle-ci qui crache enfin votre précieux billet, que vous dépêchez de composter avant le départ dans… dans 4 minutes précisément, quai 11. Encore faut-il patienter dans la file des composteurs-de-billet et espérer arriver à l'heure devant la bonne vieille micheline, style années 60, relookée par Castelbajac et clim' en option. Arrivée sur le quai, piétinée par des valises vagabondes et de gros sacs débordant et un bon 30° degrés pour vous accompagner, plus que 2 mètres de file d'attente pour monter dans le wagon.
Ahhh… Ca sent bon les vacances ! chic, parée avec nos nu-pieds et le petit tee-shirt blanc, déjà le maillot de bain d'enfilé pour piquer direct un plongeon dans la piscine. Mauvais idée le maillot… Il a fallu se faufiler entre deux allemands en Birkenstock et une grande, très grande famille qui est partie avec sa penderie vu le nombre de bagages. Oui, évidemment vous n'avez pas eu le temps de réserver votre place. Premier objectif trouver un siège. Ce qui paraît d'emblée une cause perdue car le train ressemble à un champ de bataille désorganisé. Les sacs qui s'empilent un peu partout, on pousse dans le compartiment, on essaie d'étendre ses jambes, on déballe son jambon-beurre, paf, un magazine qui vole et les enfants qui hurlent par cette chaleur.
Les cateiners souffrent de la moiteur tropicale et vous empêche de démarrer à l'heure, oui et bien, nous aussi on souffre. Car dans la wagon se n'est pas 30°-au-soleil-de-l'été, c'est plutôt 50°en-pleine -forêt-amazonienne, entourée de bras qui s'agitent, odeurs étonnantes qui fouettent le nez par vague et une envie capricieuse de vous hydrater abondamment, mais surtout pas surtout pas d'arrêt aux toilettes du train, là-bas c'est Beyrouth-sur-rail. Tant pis on attendra.
Et les petits cadeaux alimentaires un jour de grand départ, mieux vaut éviter. A oublier le nougat tendre qu'on avait acheté chez l'apiculteur, surtout quand vous l'aviez mis dans le meme sac plastique que cet excellent munster en direct du fromager. Là, c'est plutôt soupe de fromage mielleux dont l'odeur indescriptible semble fortement incommoder votre voisine de strapontin.
Oui, le haut maillot attaché derrière le cou, c'était décidément une très, très mauvaise idée. La ficelle creuse toujours plus son sillon au fur et à mesure que les secousses de la Micheline vous rapproche dangereusement de votre voisine de strapontin. Avec la sueur des 50° sans clim, ça vous cisaille la peau et vous pensez juste à y mettre un sac de glaçons quand vous serez enfin arrivé.
Enfin, si vous parvenez à destination… Justement les cateiners sont en surchauffe à cause de la chaleur et l'arrêt-de-quelques-minutes-en-rase-campagne-sans-espoir-de-pouvoir-ouvrir-les-portes semble se transformer en bonne demi-heure. Votre voisine de strapontin, un bon soixante-dix ans et des fesses qui occupent beaucoup plus de place que les vôtres, va bientôt faire une syncope ou une crise cardiaque dans l'hystérie collective.
A la clim' dans les Micheline, il s'agirait d'y penser quand même…